Accoudoirs ou pas d'accoudoirs ?

Accoudoirs ou pas d'accoudoirs ?

C’est une question récurrente dont se pose une grande partie des gens.

À l’instar d’autres domaines, les avis divergent parmi les experts de la branche ergonomique et le professionnel au bureau finit par s’y perdre, ne sachant plus trop à qui se référer.

Accoudoirs ou non ? Nous allons bientôt comprendre si l’utilisation des accoudoirs ne sont qu’un simple élément de confort épisodique ou une nécessité. Pour y répondre, il est impératif de rappeler quelques notions d’anatomie fonctionnelle et de biomécanique humaine. Elles seront utiles pour y voir plus clair.

Cette lecture paraîtra technique pour expliquer un phénomène logique. Mais il me semble parfois important d’aller un peu plus loin dans les explications que de dire bonnement « il faut faire comme ceci sinon tu auras mal ».

Le système musculaire; l’interaction entre les muscles eux-mêmes et le système ostéo-articulaire, étant complexe, je vais essayer de rester succinct et explicite.

ANATOMIE FONCTIONNELLE

Le membre supérieur (MS) est composé de l’omoplate ; le bras ; l’avant-bras et la main. Ces parties anatomiques sont reliées entre elles par des articulations suspendues ou encore dites en distraction, par opposition au membre inférieur (MI) dont ses articulations sont dites portantes.

La différence ?

Une articulation portante est très stable mais subit les contraintes d’effort du poids du corps, arrivant du haut, et les forces de réaction en provenance du sol.

Une articulation suspendue n'est pas soumise aux forces de réaction en provenance du sol. Le poids du membre met à rude épreuve les éléments anatomiques qui le soutienne. À savoir : le système tendino-musculaire ; les ligaments et bien entendu la capsule articulaire qui n’est autre que le manchon qui relie un os à l’autre.

Aucun texte alternatif pour cette image

Je rappelle qu’en dehors des éléments capsulo-ligamentaires de l’épaule, le poids du MS est maintenu par l’activité de différents groupes musculaires qui travaillent conjointement.

Ils sont organisés en un réseau formant une triade, composée par les régions des tronc-MS-nuque/crâne. Nous avons ainsi des muscles qui relient le bras à l’omoplate, l’omoplate à la nuque et au crâne, le crâne et la nuque au tronc et le tronc à l’omoplate et au bras.

Aucun texte alternatif pour cette image

Pour que le système soit en équilibre, les muscles de la triade développent une force égale et opposée (flèche rouge) au poids du MS (flèche noire).

Cette activité musculaire sollicite en permanence les éléments ostéo-articulaire de cette triade, sauf si mis au repos. Il y a une relation mécanique très étroite entre le dos, l’épaule et la nuque. On comprend mieux maintenant les douleurs qui se manifestent régulièrement dans cette région :

  1. les tensions sur le trapèze
  2. les douleurs entre le crâne et la nuque
  3. la fameuse pointe douloureuse vers l’omoplate
Aucun texte alternatif pour cette image

BIOMÉCANIQUE HUMAINE

En dehors de toute pathologie pouvant être diagnostiquée par un médecin, sous-entendu « je n’ai rien »… pour quelles raisons ces douleurs apparaissent-elles ? Pourquoi certaines personnes peuvent rester longtemps assises sans souffrir et moi pas ? Pour cette dernière, il y a bien entendu des prédispositions physiopathologiques fonctionnelles, pouvant être exacerbées par une mauvaise posture.

Mais attention ! Bien que nous ayons la meilleure chaise ergonomique, rester longtemps dans une posture sans bouger, un jour ou l’autre, finira également par mettre en souffrance l’organisme des bien-portants.

Ci-dessous, l’exemple d’une opératrice assise sur une chaise de bureau avec des accoudoirs qu’elle n’utilise pas. Les mains ne sont pas posées sur le bureau. Le MS est donc en suspension complète.

Le schéma des forces est ici simplifié afin qu’il soit facile à comprendre.

Aucun texte alternatif pour cette image

Sur le schéma, F1 correspond à l’effort des muscles extenseurs du poignet pour maintenir la main dans l’axe de l’avant-bras. F2 correspond à l’effort des muscles fléchisseurs du coude, pour maintenir l’avant-bras à l’horizontale, mais aussi à la flexion de l’épaule puisqu'ils participent également à l’élévation du bras (ici décrit par l’avancée du bras en Lb).

Les poids du bras (Pb) ; de l'avant-bras (Pa-v) et de la main (Pm) définissent le poids du MS. Mais en fonction de leurs positions et donc de la longueur du bras de levier (LT), l’effort des muscles de la triade (FR) sera plus ou moins important.

DANS CETTE POSTURE L’OPÉRATRICE MET EN SOUFFRANCE L’ENSEMBLE DES SYSTÈMES DE LA TRIADE

En effet, nous connaissons les principes des bras de levier. Plus le bras de levier (LT) est important et plus l’effort de résistance (FR) pour maintenir l’équilibre du système est important.

Le seul moyen d’éviter la survenue des pathologies liées à cette posture est de limiter considérablement l’effort musculaire (FR) soutenant le MS en suspension.

Comment ?

Certains pensent ou se demandent si l’activité de différents muscles pourraient compenser l’absence d’accoudoirs.

Il est possible de diminuer la tension du muscle trapèze, mais ce serait au détriment d’autres muscles qui finiraient par en souffrir. La contraction simultanée des muscles dorsaux et pectoraux, avec une légère rétropulsion de l’épaule peut alléger son activité. Mais pour obtenir ce soulagement, il faut une co-contraction, maîtrisée et importante, qui ne peut être maintenue longtemps. Tenir cette position pour travailler au bureau est illusoire et fortement désagréable. Si c’était possible, cela ferait longtemps qu’on se passerait d’accoudoirs.

À essayer selon l’image ci-dessous :

Dans l’image, l’exercice est effectué en bilatéral. Faites-le que d’un côté. Placez une main sur le muscle trapèze opposé, vous sentirez la tension du muscle. Pliez le coude à 90°. Serrez assez fort le coude au corps, comme si vous aviez un magazine sous l’aisselle, et tirez légèrement l’épaule en arrière. Ce n’est pas facile, mais vous réussirez à sentir la tombée de la tension du muscle trapèze. Vous comprendrez qu’il n’est pas possible de travailler dans cette posture.

Aucun texte alternatif pour cette image

ACCOUDOIRS

Revenons à notre opératrice. Nous avons compris que l’équilibre est établi par la force des muscles de la triade (FR), qui est égale à la force correspondante au poids du MS (PMS). Poser l’avant-bras sur un accoudoir permet d’établir un nouvel équilibre entre le poids du MS (PMS) et la force contraire provenant de l’accoudoir (FS). Les deux forces s’annulent. L’accoudoir prend ainsi le relais des muscles de la triade qui voient leurs efforts (FR) tomber. Les systèmes ostéo-articulaires et tendino-musculaires de la triade sont ainsi allégés avec des contraintes d’effort à minima. Ce qui permet de rester plus longtemps dans cette posture, avant de ressentir une éventuelle souffrance. 

Aucun texte alternatif pour cette image

À essayer :

Restez assis/e avec un bon appui dorsal et les MS posés sur les accoudoirs. Épaules détendues. Demandez à un/e collègue de poser ses doigts sur vos trapèzes. Ceux-ci sont mous. Ensuite et que d'un côté, décollez à peine l'avant-bras de son accoudoir (ou descendez-l'accoudoir si c'est possible), ce qui simulera une position de travail sans appui. Votre collègue remarquera que le trapèze se contracte instantanément, alors que l’autre reste mou.

Vous pouvez comprendre la fatigue musculaire après quelques heures de travail et que les accoudoirs sont plus que nécessaires pour diminuer ces tensions.

CONCLUSION

o  Le poids du MS demande une activité permanente des muscles de la triade pour le soutenir.

o  Plus le MS est en porte à faux et plus l’effort musculaire de la triade est important.

o  Pour les personnes ayant déjà une souffrance de la triade, elles ne seront qu’amplifiées si le MS reste sans appui.

o  La notion de temps intervient dans la souffrance du complexe de la triade.

 LE SEUL MOYEN DE DIMINUER LES CONTRAINTES D’EFFORTS DE LA TRIADE CONSISTE EN L’UTILISATION DES ACCOUDOIRS

Les explications liées à la souffrance du dos, de l’avant-bras et de la main, ne seront pas exposées ici. Si ces quelques lignes vous ont paru intéressantes, n'hésitez pas à commenter et/ou"liker" l'article. Je comprendrai ainsi la pertinence de ces quelques lignes et c’est avec plaisir que j'expliquerai la survenue des maux, des autres parties du corps, liés à la posture au bureau.

Merci d'avoir pris du temps pour cette lecture

Val

Christophe Surdez

Spécialiste sécurité au travail et protection de la santé Brevet fédéral

4 ans

Une présentation technique qui vaut son pesant d'or. Je pense que chaque personne devrait connaître le matériel de son poste informatisé et réussir à le régler de manière à pouvoir être dans une posture la meilleure possible. Malheureusement, lorsque vous vous approchez d'un tel poste, la majeure partie des employés ne connaissent pas les possibilités de réglages d'une chaise, d'un bureau, de l'emplacement de l'écran et autres... A nous, spécialiste de la protection de la santé, de mettre en place des sensibilisations et faire connaître les positions adaptés de chaque poste administratif ou autre pour le bien être de chaque travailleur devant un poste informatisé. 

Mélusine S.

Je vous aide à créer des espaces de vie et de travail harmonieux et inspirants | Spécialiste du Feng Shui et de la Géobiologie | Formatrice reconnue | Architecte d'intérieur & experte en harmonisation d'espace

4 ans

Quelle belle et claire présentation! En effet, et en toute logique, l’accoudoir bien réglé ( et là en est toute la difficulté pour ceux qui ignorent les réglages idéaux) est un confort essentiel au travail. Surtout lorsque les heures passées devant l’écran sont longues!

Mario Astolfi

Directeur d'État de Siège 🪑 | Expert en aménagement d'espaces | Influenceur de mobilier design.

4 ans

Bravo les accoudoirs malheureusement pour moi sont des éléments rajoutés pour moi alterner assis debout et ensuite lordose et cyphose mouvement du dos en S les spécialistes nous diront qu’il faut une chaise avec une assise et dossier séparé et si vous vous ne retrouvez pas à 90 degré et au delà aucune chance quelques soit sa chaise

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets