Age et performance du cerveau
Une anecdote pour commencer
Il existe un lycée Évariste Galois à Sartrouville, un autre à Beaumont sur Oise, un autre à Noisy-le-Grand, un collège du même nom à Meyzieu, Paris, Sarcelles, …
Évariste Galois est un mathématicien français du 19ème siècle, dont le théorème sur l’extension des corps commutatifs a, d’après Wikipédia, donné les prémisses de toute une branche des mathématiques !
Mais une de ses particularités est qu’il est mort en duel, à l’âge de 20 ans seulement. Il illustre ainsi la précocité des chercheurs en mathématiques. Autre preuve : la médaille Fields, considérée comme le Nobel des mathématiques, est attribuée à des chercheurs de moins de 40 ans, quand ceux à qui on attribue un Nobel sont nettement plus vieux.
La messe semble dite : c’est au début de l’âge adulte que le cerveau est le plus performant. D’ailleurs, c’est bien connu, à partir de 25 ans, on ne fait que perdre des neurones !
En réalité, on s’est rendu compte grâce aux neurosciences et aux instrument pointus qu’elles utilisent que ce qui parait acquis était faux : de nouveaux neurones continuent à être générés après 25 ans. Ce qui a permis de continuer à s’interroger avec un regard neuf sur les capacités cognitives et leur évolution avec l’âge.
En 2013, deux psychologues, chercheurs du Massachussets Institute of Technologie ont publié une étude sur le sujet. Elle est en anglais, mais le Figaro et le Temps en ont extrait des informations intéressantes. L’article du Temps détaille pour chaque âge de la vie les idées de l’étude. On peut y lire le paragraphe suivant :
« Nos recherches sur des personnes entre 85 et 100 ans, nous ont permis de constater que la plasticité cognitive, bien qu’un peu réduite, reste intacte jusqu’à la fin de la vie, confirme Matthias Kliegel, responsable du laboratoire du vieillissement cognitif de l’Université de Genève. Même à cet âge, les performances cognitives peuvent être améliorées assez rapidement grâce à un entraînement. On peut donc encore apprendre une nouvelle langue, par exemple, même si cet apprentissage est certainement plus fatigant que s’il avait été réalisé plus jeune. »
L’article du Figaro nous parle d’une distinction utilisée depuis sa formulation en 1971, entre une intelligence fluide, qui fait culminer la performance et la vitesse dans la logique et la résolution de problèmes autour de 20 ans, et une intelligence dite cristallisée, qui conduit à une accumulation de connaissances.
On pourrait donc penser que les meilleurs aux échecs devraient avoir environ 20 ans puisque c’est à ce moment que la logique rapide est la plus grande. Mais les échecs, ce sont aussi des connaissances accumulées et les champions du monde l’ont généralement été un peu avant ou après 25 ans et ont perdu leur couronne avant 30 ans pour la plupart
Le résumé de l’étude comprend un tableau qui fait apparaitre, à partir de résultats de tests, les moments où la performance intellectuelle est la plus forte, selon le type de taches. Il confirme les pics plus tardifs pour l’intelligence cristalline que pour l’intelligence fluide. Les cinq tâches faisant appel aux connaissances acquises (vocabulaire, information, compréhension, arithmétique, similitudes) ont atteint leur point culminant bien plus tard que presque toutes les autres tâches (entre 45 et 70 ans pour l’information).
Conclusion : on apprend manifestement à tout âge !