Algues tueuses, oiseaux morts et une carte occultée: les sales dessous de la PAC
Reportage de Matt Apuzzo, Selam Gebrekidan, Agustin Armendariz et Jin Wu publié le 25 décembre 2019 dans le New York Times. Cette traduction à titre bénévole a pour but d’informer les lecteurs francophones.
Au printemps 2017, un groupe de travail de l’Union européenne rassemblant des écologistes, des professeurs d’université et des lobbyistes tenait une discussion technique sur l’agriculture « verte », lorsqu’apparut sur un écran au-dessus d’eux une carte. En un instant, le silence tomba sur la salle.
Un lobbyiste de l’agriculture émit une objection. Des officiels murmurèrent leur désapprobation.
La carte juxtaposait la pollution en Italie du nord avec les subsides européens payés aux agriculteurs de la région. La corrélation était indéniable et posait une question fondamentale: l’Union européenne est-elle en train de financer les problèmes environnementaux qu’elle cherche à résoudre?
La carte fut effacée des rapports finaux du groupe, selon certains des participants. Mais en utilisant les modèles économiques de l’Union européenne, le New York Times est parvenu à créer une approximation que les représentants de l’Union voulaient maintenir cachée — à savoir que les zones les plus lourdement subventionnées étaient aussi les plus polluées.
Les dirigeants de l’Union européenne vantent leurs certificats environnementaux, mais ce faisant, ils évitent une tension indéniable entre les faits et des politiques illusoires. En décembre 2019, ils ont défini des objectifs ambitieux pour lutter contre le changement climatique et sauver des espèces menacées d’extinction. Et pourtant, un des obstacles les plus importants est le programme de subventions agricoles de 65 milliards de dollars par an, dont le but est de soutenir les agriculteurs.
Ce programme représente près de 40% du budget de l’Union. Des enquêtes récentes du New York Times montrent qu’il finance des forces anti-démocratiques à travers le continent et qu’il est administré par des officiels qui bénéficient de ces paiements. En réponse, le nouveau commissaire de l’Union à l’agriculture enquête sur les moyens de renforcer le système.
Les subventions agricoles ont aussi eu de lourdes conséquences sur l’environnement, et laissé des cicatrices à travers l’Europe. Des algues en décomposition déversent des gaz mortels sur les plages du nord-ouest de la France. Le déclin des populations d’oiseaux menace l’équilibre d’écosystèmes dans leur intégralité. Les émissions de gaz à effet de serre issues de l’agriculture sont en augmentation. Et en Mer Baltique, des dizaines d’années d’écoulements de fermes ont contribué à créer d’énormes zones mortes.
(Infographie interactive: voir l’article en ligne)
En décembre 2019, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé un « pacte vert » visant à faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050. « Ce moment est pour l’Europe l’équivalent du premier homme sur la lune », a-t-elle déclaré.
Mais pour atteindre cette lune, l’Europe doit passer par la ferme — et pendant des décennies, des intérêts puissants qui bénéficient du programme de subventions ont lutté pour préserver le statu quo.
Les oppositions au plan dans son ensemble rassemblent leurs forces. La Pologne, qui dépend fortement du charbon pour l’énergie, s’est retirée de la date butoir pour devenir climatiquement neutre.
« Ils ne voulaient pas en parler »
Pendant des années, les représentants de l’Europe ont affirmé que « verdir » la politique agricole contribuerait à réduire les émissions, préserver les pâturages et sauver la faune — sans prêter attention aux auditeurs internes qui trouvaient ces efforts trop vagues et trop modestes. Des années de recherche scientifique et des documents internes ont démontré l’échec de ces réformes.
Phil Hogan, qui était jusque récemment le commissaire européen à l’Agriculture, dit que beaucoup de représentants de l’Union ont considéré le verdissement comme « la réponse à toutes nos prières ». « Nous savons désormais que ça n’a pas marché », a-t-il affirmé.
La question désormais est de savoir si les responsables européens sont prêts à faire face aux contradictions de la politique agricole — ou s’ils vont les cacher au public, comme ce fut le cas pour la carte éliminée en 2017.
« Cette carte disait: il y a un problème, regardons comment il peut être résolu » explique Faustino Bas-Defossez, une environnementaliste qui a participé pour le compte du Bureau européen de l’environnement (BÉE) à la réunion où la carte fut présentée. « Mais ils ne voulaient pas en parler. »
Brabant Septentrional, Pays-Bas — Pour évaluer la crise de la biodiversité en plein essor en Europe, il suffit de regarder la perdrix grise. Enfin, à condition d’en trouver une.
Cet oiseau trapu et timide des terres arables est ce que les scientifiques appellent une espèce de référence, un signe de la santé de l’équilibre entre l’homme et la nature. Si la population de perdrix venait à décliner de, disons, 20%, les scientifiques seraient alarmés.
Et pourtant, en moins de trois décennies, la population de perdrix grise aux Pays-Bas a chuté de plus de 90%. Le Royaume-Uni a connu des déclins similaires.
« Il s’agit d’un effondrement » explique Frans van Alebeek, un écologiste du groupe de protection de la faune BirdLife Netherlands. « En écologie, il y a des points de bascule qui voient l’effondrement soudain de systèmes entiers. Je ne sais pas jusqu’où on peut encore se permettre d’aller. »
Aujourd’hui, les fermes européennes se déroulent jusqu’à l’horizon comme un tapis. Mais cette vaste beauté est trompeuse. Les papillons sont en train de disparaître et les insectes meurent, menaçant de défaire la chaîne alimentaire qui soutient la vie.
Il fut un temps où les perdrix grises étaient partout, faisant leurs nids dans de hautes haies où les oisillons se nourrissaient de graines et d’insectes. Mais pendant des années, les agriculteurs ont déblayé davantage de terres pour maximiser leurs profits et avoir droit à plus de subventions, et remplacé haies, fleurs et hautes herbes par des cultures. L’usage intensif d’engrais et de pesticides a empiré la contamination des sols, laissant les perdrix grises et d’autres oiseaux sans nourriture.
Hérons gris dans une exploitation du village d’Almkerk, aux Pays-Bas, où des écologistes tentent de favoriser le retour de la faune. Photo: Andrea Mantovani
L’écologiste Frans van Alebeek, de l’organisation BirdLife Netherlands. Avec des collègues, il loue de petites parcelles dans une des régions agricoles les plus intensément exploitées des Pays-Bas pour y ajouter des haies, des fleurs et d’autres éléments. Photo: Andrea Mantovani
Les responsables de l’Union européenne ont conscience depuis près de 20 ans des graves conséquences de la politique agricole commune sur la faune. En 2004, des scientifiques ont publié deux rapports qui imputaient aux subventions agricoles le déclin des populations d’oiseaux et de « graves effets négatifs sur la biodiversité des terres cultivables ».
Des rapports internes étaient tout aussi pessimistes. Un document de 2004 a prédit un déclin de la faune en zones agricoles lorsque de nouveaux membres de l’Union seraient en mesure d’obtenir des subventions. Des études ont démontré que ces prédictions étaient correctes.
Depuis lors, les efforts de protection de l’environnement ont été constamment dilués. En 2006, la plupart des pays de l’Union européenne ont soutenu un projet qui aurait bénéficié à la faune. Mais le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont mené une coalition minoritaire pour le bloquer.
En 2011, le bloc européen a défini comme objectif de stopper et d’inverser le déclin des espèces d’ici à 2020. Dans ce but, les responsables de l’Union ont approuvé une directive exigeant des agriculteurs qu’ils gardent de côté de petites parcelles pour des prairies ou des haies.
Mais sous la pression des lobbies, la loi fut changée pour permettre aux agriculteurs de faire pousser certaines cultures sur ces parcelles. Les scientifiques disent que ce trou juridique a vidé la mesure de son sens, parce les agriculteurs ont continué d’exploiter ces terres à préserver — ce qui n’a pas empêché les responsables de l’Union de mettre l’accent sur le potentiel de cette mesure et de saluer son succès.
« Imaginez être un oiseau ici, ou un papillon » explique Frans van Alebeek. « Il n’y a pas de nourriture, pas de surface. » Photo: Andrea Mantovani
« En théorie, beaucoup a été accompli » explique Ann van Doorn, écologiste à l’Université de Wageningue aux Pays-Bas, qui a documenté les liens entre subventions agricoles et déclins locaaux des oiseaux et des insectes. « En réalité, c’est une grosse déception. »
Quelques expériences offrent un peu d’espoir.
Dans les plaines agricoles, Frans van Albeek, l’écologiste néerlandais, travaille avec des collègues et les autorités locales pour louer de petites portions de terres arables dans le Brabant-Septentrional, une des régions les plus intensément cultivées aux Pays-Bas. Ils y plantent notamment des haies et des fleurs.
En été, ces fermes se distinguent par les couleurs et les textures qui brisent la monotonie des cultures en rang. En hiver, les oiseaux constituent la différence la plus notable. Corbeaux, faisans, pigeons et mouettes filent à travers le ciel ou picorent autour des haies.
Les populations de perdrix se sont largement stabilisées dans ces fermes, explique Frans van Albeek, alors que l’activité des insectes a sensiblement augmenté.
Selon lui, une petite portion du budget agricole suffirait à instaurer ce type de changement à travers l’Europe. Et malgré cela, on s’attend à ce que l’Union européenne tombe bien en-deçà de ses objectifs de biodiversité en 2020.
Un récent bulletin de progrès de l’Union avoue « une absence de progrès significatifs ».
Bruxelles — Fin 2018, les représentants européens ont proposé de consacrer 25% des futurs budgets à la lutte contre le changement climatique, démontrant ainsi leur ambition de faire de l’Union une superpuissance verte.
Cela aurait pu imposer une remise en question sérieuse des subventions à l’agriculture que les écologistes considèrent comme les plus nuisibles à l’environnement. Mais les apparences sont trompeuses.
Élevage porcin en Bretagne. Photo: Andrea Mantovani
Épandage de fumier en Pologne, octobre 2019. Photo: Laetitia Vancon
Les représentants européens ont écrit un projet de loi agricole pour assigner automatiquement une part des subventions à la lutte contre le changement climatique. Des vérificateurs ont critiqué ces pratiques comptables, les qualifiant de bancales et irréalistes.
Les dirigeants européens maintiennent ces méthodes, alors que les écologistes parlent de « greenwashing » dont le but serait d’éviter des changements politiquement difficiles.
Ce qui est indéniable, selon les données de l’Union européenne, c’est que les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture sont en augmentation, inversant des années de déclin.
L’agriculture représente environ 10% des émissions de l’Union. Une part importante provient des animaux d’élevage qui digèrent leur nourriture et éructent du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Les engrais contribuent à relâcher de l’oxide nitreux. Et le lisier en décomposition émet du méthane et de l’ammoniaque.
Certaines subventions, comme celles qui soutiennent directement l’élevage, empirent la situation, selon un rapport préparé pour la Commission européenne. Ce rapport estime improbable que les mesures environnementales dans le projet de loi agricole réduisent les émissions de manière significative.
Ces estimations sont reflétées dans un rapport intermédiaire accablant, publié en décembre 2019, qui démontre que l’Union européenne manquera probablement ses objectifs d’émissions pour 2050.
« Nous arrivons au bout du temps escompté pour trouver des réponses crédibles et corriger la tendance », a commenté l’Agence européenne pour l’environnement.
Le village agricole de Subkowy, dans le nord de la Pologne. Tout le pays a été désigné zone « vulnérable aux nitrates » en 2018. Photo: Laetitia Vancon
L’estuaire de la Vistule en Pologne. Photo: Laetitia Vancon
Les pays qui cherchent à réduire les émissions du secteur agricole font face à une résistance féroce. En 2019, le parlement néerlandais a proposé dans ce sens de réduire de moitié le nombre de bêtes d’élevage. Les agriculteurs ont répondu en bloquant les rues de La Haye avec des tracteurs, provoquant ce que certains ont décrit comme le pire embouteillage dans l’histoire du pays.
« Voilà la réalité que nous vivons, et dans laquelle les décisions sont prises » a déclaré l’ancien commissaire européen à l’Environnement Janez Potocnik, qui a prôné sans succès des restrictions plus sévères sur le méthane et d’autres polluants. « J’ai tenté de changer les choses, et on m’a toujours répondu: vous ne pouvez pas faire ça. »
Hillion, France — Le combat de Pierre Philippe a débuté lorsque des personnes et des animaux ont commencé à mourir sur les plages du nord-ouest de la France.
Le corps d’un homme a été extirpé d’un tas vert et visqueux. Un cavalier a été découvert inconscient à côté de son cheval mort. Un travailleur des plages est tombé dans le coma, et un jogger s’est écroulé, fatalement touché.
La cause de ces décès semblait évidente à Pierre Philippe, médecin urgentiste. Chaque été, les algues recouvrent les plages de Bretagne d’une couche visqueuse vert vif. Sa décomposition émet du sulfure d’hydrogène, un gaz toxique qui peut tuer en quelques secondes.
Pendant des années, le docteur Philippe a tenté de convaincre les responsables de la santé publique de reconnaître cette menace, ou même d’en discuter. Ils ont refusé. « S’ils reconnaissent le problème, alors ils admettent aussi leur responsabilité » explique-t-il. « Et ils le savent. »
La raison en est que parler des algues revenait à parler de l’agriculture.
Collecte journalière d’algues en Bretagne. Photo: Andrea Mantovani
André Ollivro se souvient avoir interpellé les autorités sanitaires au sujet des algues il y a plus de 10 ans. Photo: Andrea Mantovani
La Bretagne représente plus de la moitié de la production porcine de France et un quart de ses vaches laitières. Le fumier du bétail est épandu dans les champs de blé et de maïs, dont l’existence est presque exclusivement destinée à alimenter les bêtes. Le résultat: la Bretagne a la plus forte concentration d’azote en France.
Ces nitrates alimentent les algues vertes: les écoulements des fermes de la région contaminent l’eau de mer et contribuent à une prolifération des algues de plus en plus importante.
« Ils disaient que c’était à cause des machines à laver »
André Ollivro, propriétaire d’un cottage sur le bord de mer, se souvient avoir interpellé les autorités sanitaires au sujet des algues il y a plus de dix ans. « Les enfants jouaient près des algues et ils tombaient malades » explique l’homme de 74 ans. « Ils avaient la tête qui tourne et la nausée. » Bientôt, les tas en putréfaction devinrent si hauts qu’ils bloquaient l’accès à la plage.
Des représentants du gouvernement lui ont répondu que lui et ses voisins étaient responsables. « Ils disaient que c’était à cause des machines à laver, des phosphates de la lessive » se souvient-il.
Edwige Kerbouriou, représentante de la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne, admet que pendant des années, les autorités publiques et les agriculteurs ont refusé tout lien entre les pratiques agricoles et la vase verte qui s’échouait sur les côtes.
Des années d’actions en justice et de pressions politiques ont obligé parlementaires et dirigeants de l’industrie agricole à reconnaître ces liens. Une législation plus sévère a imposé des changements concernant les pratiques d’épandage, et l’écoulement des nitrates a diminué. Mais les niveaux de pollution restent élevés, et selon des officiels, la plupart des baies de la région ne sont pas en voie de satisfaire les objectifs environnementaux.
En Bretagne, des actions en justice et des pressions politiques ont obligé les parlementaires et les dirigeants de l’industrie agricole à reconnaître les liens entre l’agriculture et les algues toxiques. Photo: Andrea Mantovani
André Pochon, un agriculteur qui a observé le développement de la Bretagne, a lancé une pétition en ligne remettant en cause le modèle agricole actuel. Photo: Andrea Mantovani
Les responsables environnementaux de l’Union disent que la lutte contre la pollution aux nitrates exigera probablement des fermiers qu’ils fassent de nouveaux investissements et qu’ils acceptent de réduire leurs niveaux de production. Les agriculteurs ont déclaré qu’ils n’accepteront pas des règlementations qui réduisent leurs bénéfices.
En attendant, les autorités bretonnes envoient des pelleteuses évacuer les algues avant qu’elles ne pourrissent et deviennent toxiques. Et lorsque le phénomène devient ingérable, comme ce fut le cas pendant l’été dernier, elles interdisent l’accès aux plages et érigent des panneaux d’avertissement.
En Mer Baltique — En ce matin de novembre, l’océanographe Daniel Rak, malgré son mal de mer, regarde ses collègues à bord du navire de recherche Oceania descendre des caméras et des capteurs au fond de la Mer Baltique.
Une fois les instruments remontés, Rak se précipite dans un laboratoire embarqué et confirme ce qu’il soupçonnait: le fond marin n’a pas assez d’oxygène pour soutenir la vie. Le navire est sur une zone morte.
Les images révèlent un paysage désert. Pas de vers, ni de palourdes ou de mollusques. « Ils ont tous besoin d’oxygène, et ils ont disparu » explique-t-il.
Les seuls signes de vie proviennent de colonies de bactéries lumineuses qui s’épanouissent sans oxygène. Un échantillon de boue du fond marin répand l’odeur d’un millier d’oeufs pourris.
La Baltique, souvent comparée à une baignoire remplie d’eau croupie, est une des mers les plus polluées du monde. La situation était pire dans les années 70, lorsque des villes telles que Saint-Pétersbourg y déversaient directement leurs égouts. Mais malgré cela, la concentration d’azote et de phosphore dans certains bassins a augmenté ces dernières années.
Selon l’Agence européenne pour l’environnement, il faudra jusqu’à deux siècles pour que certaines parties de la Mer Baltique recouvrent leur santé.
La Pologne, plus gros pollueur de la Baltique, est aussi le cinquième plus grand bénéficiaire des subventions européennes après la France, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie. Les officiels polonais refusent de reconnaître une quelconque corrélation, et le vice-ministre de l’Agriculture Ryszard Zarudzki affirme que les subventions « imposent aux agriculteurs une obligation légale de respecter les normes environnementales ».
Il y a 6 ans, la Commission européenne a entamé une procédure en justice contre la Pologne, affirmant que le pays ne faisait pas assez pour limiter la pollution aux nitrates. Les représentants polonais estiment que leur pays est injustement pointé du doigt, et soulignent qu’il utilise moins d’engrais par hectare que des nations plus riches telles que le Danemark et la Suède.
Estuaire de la Kacza sur la Mer Baltique près de Gdansk en Pologne. Photo: Andrea Mantovani
Kajetan Deja manipule une caméra sous-marine à bord du navire de recherche Oceania. Photo: Andrea Mantovani
Plus récemment, le gouvernement polonais a commencé à agir. En 2018, il a désigné le pays en tant que zone « vulnérable aux nitrates » et reconnu que les exploitation agricoles en polluaient l’eau.
Une nouvelle directive a limité la quantité d’engrais que les agriculteurs peuvent utiliser, et quand ils peuvent le faire. Ils doivent désormais entreposer le fumier et le purin dans des silos étanches durant la moitié de l’année.
Ces nouvelles mesures n’ont pas impressionné les agriculteurs dans la voïvodie de Grande-Pologne, région qui compte un grand nombre de fermes d’élevage. Plusieurs ont qualifié la réglementation d’intrusion bureaucratique de Bruxelles — et de complot pour saper l’avantage concurrentiel de la Pologne.
« Si on vous récompense pour détruire l’environnement, vous le détruirez »
« Je crois que nous avons surpris Bruxelles, parce que nous étions censés être des consommateurs et non des producteurs » explique l’éleveuse de vaches Elzebieta Bagrowska, 60 ans, qui craint que les nouvelles règles ne réduisent la production du pays. « Ça pourrait mener les Polonais à manger du boeuf argentin et à boire du lait irlandais » ajoute-t-elle.
Pendant des dizaines d’années, l’Union européenne a cherché à accroître sans cesse la production de nourriture et à engranger des bénéfices. Aujourd’hui, elle veut encourager les réformes environnementales. A ce jour, la poursuite simultanée de ces deux objectifs s’est avérée impossible.
« Si on vous récompense pour détruire l’environnement, vous le détruirez » affirme l’ancien commissaire européen à l’Environnement Janez Potocnik. « Car on se dit qu’après tout, p..tain, pourquoi pas. »
La Baltique est une des mers les plus polluées du monde. Photo: Andrea Mantovani
psychologue du travail retraitée
4 ansMerci à vous de ce post et de votre travail. En Bretagne, la PAC a fait un carnage : environnement bousillé, algues vertes, eau polluée, agriculture intensive, disparition des haies, des oiseaux..il faudra des générations pour tout remettre en état, si l'on n'est pas mort avant.
Agriculteur en ACS et secrétaire général d’ AS 28
4 anshttp://www.lefigaro.fr/sciences/2013/01/31/01008-20130131ARTFIG00711-les-chats-tuent-des-milliards-d-oiseaux.php
Entreprise Architect at Thales
4 ansQue faire face a ce constat sans equivoque? Nous avons tous la possibilité de refuser de s inscrire dans cette alimentation industrielle et letale pour celui qui la consomme, celui qui la produit et celui qui subit. Nous pouvons nous engager, a l image des associations qui luttent, a leur petite echelle, pour promouvoir, malgré les discours culpabilisants, une agriculture de qualité, rentable pour les producteurs et les consommateurs, meme sans les subventions.
Vice-présidente Femme au bureau de direction de la FTQ/ Vice-présidente Région 1 (Québec) au COPE-SEPB
4 ansMerci beaucoup pour cette traduction cette politique de la tête dans le sable est un non sens 😔😤
La passion de l'excellence
4 ansMerci pour cette très bonne traduction ...