Allez, venez avec moi!
Combien de fois est-ce que cela nous est déjà arrivé ? On écrit un mail, bien sûr on vérifie tout avant de l'envoyer : destinataires, minuscules, majuscules, conjugaisons, terminaisons.
Ça y est, on clique sur « envoyer » et c'est parti.
… et c'est parti avec UNE FAUTE !
ZUT – mince – ARRGHGGHH – Ohhhh non, que va-t-on penser de moi ?
… et ça y est, on perd toute crédibilité. On passe de la case « cultivé et professionnel » à « individu lambda ».
Et à chaque fois, je me dis que ce n'est pas si compliqué de faire la différence entre, par exemple, la terminaison « er » (aller) et « ez » (Allez!). Et pourtant si !
De nos jours, il faut bien choisir son camp :
L'éduqué conservateur qui applique les règles de grammaire à la lettre – et ceci, sans ne jamais se tromper.
Ou bien MessieursDames tout le monde, de rebelles inconscients de leurs rébellion. Ils font tout pour appliquer leurs connaissances dans le but d'éviter l'erreur. Au lieu de se sentir légers, communicatifs et expressifs, ils sentent le poids d'une langue prestigieuse s’alourdir sur leurs épaules. Des règles plus souples, plus en accord avec l'usage quotidienne pourraient être la solution.
Retournons en arrière, retournons au dix-septième siècle, aux beaux jours de l'Académie Française, aux jours où les littéraires se sont réunis pour normaliser, perfectionner notre belle langue afin de nous permettre une communication facile et universelle. Pensons à cette époque pendant laquelle toute l'Europe voulait parler français pour être élégant et à la mode.
La langue française reste toujours belle et élégante. Et son problème est bien là : ayant envie de garder la couronne, il lui est impossible de se faufiler dans les quartiers, là où les gens s'expriment de manière légère et naïve. Elle les entend parler mais sans les comprendre pour autant. Pour éviter que le quotidien de la famille Gaillard ou celui de la famille Bekkar lui échappe, elle analyse, elle s’interroge sur cette autre langue française qui s'établit petit à petit à ses côtés. D'où vient-elle ? Où va-t-elle ? Que veut-elle ? Que veut-elle de moi ?
A 400 ans passés, la belle et élégante a du mal à suivre. C'est normal ! A cet âge, elle n'a plus la force de courir avec nous. C'est pour cela qu'elle reste observatrice, elle regarde la jeunesse grandir et souhaite que celle-ci devienne AU MOINS bilingue - et non seulement pauvre et dérangeante. La prestigieuse souhaite que l'on se souvienne d'elle et du verbe aller [ale] dans toute sa splendeur aller-allé-allez !