Analyse de notre société numérique et la place du créateur.
Une révolution numérique bouleversant tout sur son passage pourrait on résumer les premiers temps.
Autant internet fait partie de notre quotidien et nous fait vivre en immersion dans les médias et l’échange d’information, autant sur fond de surabondance de contenus disponibles, il est pour les industries culturelles une machine à détruire de la valeur et des modèles économiques.
Nous sommes passés avec le numérique, de la rareté à l'abondance. Tout ce qui est duplicable aujourd'hui est disponible presque à l'infini, d'où l'explosion de la gratuité. Après une période de rejet et de défense de plus de dix ans, le secteur de la musique regorge d’inventivité pour trouver de nouveaux modèles économiques et une nouvelle relation avec son public.
« Nouveaux services et nouveaux modèles d'affaires répondent à la variété des usages, dont certains s'imposent sans doute parce qu'ils font écho aux "fondamentaux" de la consommation à l'ère du numérique : l'achat est celui d'un service et non plus celui d'un bien. "
La consommation bascule plutôt du côté du robinet qui coule que de celui des bouteilles achetées à l'unité. Et le tout s'accompagne quasi-naturellement des recommandations que produit l'utilisateur à l'égal de l'expert. »
Nous entrons dans une économie dont l’attention constituerait la première rareté et la plus précieuse source de valeur.
Avec la recommandation, l’abonnement, l’algorithme, le besoin de « conversation », pour vendre ou créer le buzz, apparaît bien comme l’une des évolutions de fond de la culture à l’ère du numérique. La culture, qui était un « produit culturel », est en train de devenir un « service » dans lequel le contenu peut être décliné sur tous les supports et toutes les plateformes. Il ne reste plus qu’à créer la conversation pour que l’on parle de lui. Et que le commerce débute.
Aujourd’hui, la valeur se déplace des contenus vers l’attention que les individus sont susceptibles d’y porter, compte tenu du temps limité dont ils disposent et de la masse d’informations qu’ils ingurgitent chaque jour. La valeur n'est plus uniquement dans le partage de l'information dans un délai court, mais aussi dans sa capacité à susciter l'intérêt et transmettre l'information pour qu'elle soit intégrée. La valeur ajoutée se déplace donc vers les interfaces, mettant en valeur et enrichissant le contenu et son usage : l'exemple de Brut diffusé uniquement sur les réseaux sociaux ou le data journalisme démontrent que les évolutions sont immenses. Tous les créateurs de contenu se doivent aujourd'hui d'être où est présent leur public, c'est-à-dire sur les réseaux sociaux. Savoir mettre en valeur et dynamiser du contenu sur Facebook ou Instagram est déterminant tant pour les organes de presse, les industries culturelles, que pour les artistes indépendant.
Pour des entreprises qui peinent à capter l’attention des consommateurs,
L’économie de la création offre un gigantesque vivier de futurs clients.
Le « temps de cerveau humain disponible », selon l'expression formulée en 2004 par Patrick Le Lay, alors président-directeur général du groupe TF1, est ce que la chaîne de télévision TF1 vendait à ses annonceurs : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible ».
Comme le disait les guignols de l’info, Internet est l’ancêtre de la télévision et l’objectif des grandes entreprises capitalistes n’a pour le coup que très peu évolué. Parmi les entreprises qui se partagent le marché de la création, on retrouve les principaux réseaux sociaux. Ces derniers se livrent une bataille sans merci pour garder les créateurs sur leur plateforme et stimuler l’engagement de leurs utilisateurs. Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a par exemple récemment annoncé qu’Instagram créerait une suite d’outils d’influence (boutiques de créateurs, liens d’affiliation natifs et un marché pour connecter les influenceurs aux marques) afin de capitaliser sur ces opportunités. Pour attirer les podcasteurs vers son service d’abonnement, Spotify a déclaré ne pas toucher à ses bénéfices avant 2023.
Le rapport de force entre consommateurs et marques est en évolution. Autrefois à la merci des plateformes, les créateurs diversifient aujourd’hui leurs stratégies de monétisation. 77% d’entre eux ont ainsi déclaré que les partenariats avec les marques constituaient leur principale source de revenu.
Recommandé par LinkedIn
Pour les créateurs, tout comme tout entrepreneur, il est vital sur le long terme de gagner en indépendance et de pouvoir s’appuyer sur des sources de revenus stables. Les règles de modération et le fonctionnement des algorithmes restent en effet très opaques et précarisant l’activité des créateurs. Autre enjeu de taille : diriger leur audience vers leurs propres plateformes afin de mieux maîtriser leurs revenus. C’est là qu’intervient le crowdfunding et le financement par abonnement. Ils offrent déjà à de nombreux créateurs de sortir du lot et de changer d’échelles.
Les nouvelles solutions techniques basés sur l'abonnement prennent leur envol s'adaptant adapté aux youtubeurs
De la contribution simple à un projet au financement par abonnement d’une carrière. Le modèle de Kickstarter s’appuie sur le financement de projet et uniquement cela et ne prend pas en compte la nécessité d’un artiste de vivre de son art ou de son travail. Des sites comme Patreon aux Etats-Unis et Tipeee, surfant sur les youtubeurs et les nombreux créateurs de contenus en ligne, des centaines de milliers d’américain soutiennent déjà les artistes et les créateurs à hauteur de plusieurs million de dollars par mois. Le site Patreon, par exemple, est construit sur ce qui semble être une plateforme assez efficace pour permettre aux créateurs d’avoir un soutien sur le long terme.Techniquement, on se rapproche beaucoup de ce que fait Kickstarter, ou Kisskissbankbank en France (la commission est la même 5 %, mais au lieu de soutenir un projet, vous encouragez et facilitez la création de contenus réguliers. Ainsi par exemple, vous pouvez promettre que vous accorderez 5 € à l’achat ou à la participation financière de chaque nouvelle vidéo de Jack (vous pouvez évidemment limiter votre engagement, si celui-ci réalise 1000 vidéos dans l’année). À certains égards, il semble être un meilleur modèle pour se connecter avec des «vrais fans» et s’appuyer sur une vraie communauté. Alors que Kickstarter attire les gens en clamant « C’est un grand événement, rejoignez-nous! », les internautes peuvent voir et participer à la carrière de l’artiste et de nouveaux types de liens sociaux émerger. Le marché se développe à une vitesse folle, ces tendances vous permettront de conserver un œil sur son évolution, même si personne ne peut prédire ce qu’il sera dans un an.
Je suis sûr que certains diront que c'est juste un "site payant" mais c'est en réalité bien le contraire. Les gens ne vous paient pas pour accéder au contenu. Le contenu sera même disponible ailleurs (souvent gratuitement). Ils paient pour soutenir votre production continue (c’est-à-dire, en soutenant la production future plutôt que de payer pour accéder aux productions passées) et ils peuvent obtenir des avantages supplémentaires (valeur ajoutée) en tant que partisans, tout comme Google Hangouts avec ses créateurs. Un peu comme quelques-unes des options de souscription populaires dans notre Techdirt Insider Shop, mais plutôt que tous les mois, les montants sont déclenchés par la création (je ne suis pas sûr que ça marcherait pour un blog comme le nôtre qui produit tout un tas de contenu tous les jours, mais ça serait adapté à certains types de projets créatifs moins fréquents).
De plus en plus les jeunes sont ravis de pouvoir participer aux grands joueurs de jeux en ligne, pour continuer à le voir jouer et performer.
le modèle fait beaucoup de sens pour de nombreux types de créateurs de contenu. À certains égards, il semble être un meilleur modèle pour se connecter avec des «vrais fans» que quelque chose comme un Kickstarter. Alors que Kickstarter alpague les gens en clamant "C'est un grand événement, rejoignez-nous!", il serait agréable de voir un peu plus en continuel et que les plates-formes avec un modèle durable deviennent autant populaires
Même Youtube, Soundcloud ou Instagram se sont mis à rémunérer les artistes présents sur la plateforme. Sur Soundcloud, dès lors que l’on prend l’abonnement Soundcloud Pro unlimited à 8, 25 € / moi[1]. On peut monétiser un nombre de titres illimités
[1] soundcloud offre aux musiciens
En savoir plus :