Appel à communication

Appel à com’ : Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée et au-delà (XVIè-XXIè s.)

Article publié le 9 janvier 2017 | Catégorie(s) : Événements

Avec près de 500 cas diagnostiqués en 2015 en France, la syphilis n’a pas cessé de faire parler d’elle. En constante progression après des décennies de sommeil – faisant suite à la généralisation du traitement par antibiotique – le tréponème pâle ressort de sa boite et profite du relâchement observé dans les pratiques de prévention des MST. A l’échelle locale, la maladie peut même prendre un caractère épidémique (à Brive-la-Gaillarde où 44 cas ont été diagnostiqués pour la seule année 2015). La situation sanitaire actuelle n’est cependant en rien comparable à celle du milieu du XIXème siècle. Ni même à celle de 1922, lorsque, comme le rapporte Virginie De Luca, « la commission de prophylaxie des maladies vénériennes estimait son coût à 140 000 vies » (mortinatalité, avortements pathologiques, décès d’enfants ou d’adulte) et à 1 adulte sur 10 la prévalence de la maladie. Cependant le défi proposé par « le mal de Naples » à la société et à ses médecins demeure. Par sa nature même la syphilis effraye et fascine. Maladie honteuse contractée dans l’intimité de l’alcôve, elle interpelle nos sociétés depuis maintenant plusieurs siècles, notamment sur leurs moeurs, sur leur capacité d’innovation médicale et thérapeutique, tout autant que sur leurs dispositions à mettre en oeuvre une politique de santé publique ou à assumer une police sanitaire efficiente. Si ces interrogations sont anciennes, elles demeurent fortement ancrées dans notre rapport à la maladie et aux représentations de ces corps puissamment meurtris au stade tertiaire de son évolution.

Venue du fond des âges, plus que toute autre maladie contagieuse peut-être, la syphilis (associée aux autres pathologies vénériennes) incarne les tensions d’un monde qui se mondialise à partir du XVIème siècle avec une phase d’accélération au XIXème siècle. Si l’on suit Alain Corbin dans la description qu’il donne de « l’image composite du péril vénérien, spectre inédit, dont les traits originaux […] ne s’effaceront pas avant les années médianes du XXème siècle », alors s’impose à notre étude une épidémie lente dont Peter Baldwin saisit la dynamique entre « prostitution et promiscuité » et met en lumière les « velléités de régulation » qui tentent de se superposer aux dynamiques de circulations. Sous la tutelle de ces deux références d’historiens, l’idée centrale de ce colloque est de proposer une convergence des réflexions entre historiens, anthropologues et médecins en concentrant notre attention sur le « choc » de la rencontre entre le tréponème pâle et les sociétés à l’échelle municipale, et en particulier dans les villes portuaires. Ce colloque souhaite se placer dans le cadre d’une réflexion globale sur Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée (XVIème-XXIème siècle)

sans toutefois exclure les propositions dépassant ce strict cadre géographique. Ce colloque souhaite donc conjuguer une pluralité de contexte (colonial, métropolitain…) et une perspective de temps long avec l’expérience contemporaine d’une épidémie de syphilis qui connaît une recrudescence.

Le choix épistémologique du colloque est de proposer des regards et des approches croisées. Des analyses conjointes d’archives historiques et biologiques montrent le besoin de modèles de diffusion et d’expression de la syphilis à l’échelle d’une ville, d’un port marchand ou militaire. Les trop rares référentiels paléopathologiques et archéothanatologiques des périodes modernes et contemporaines, notamment pour les rivages méditerranéens, ne permettent ni d’appréhender ni d’étayer le contexte sociologique et anthropologique entourant les malades et les morts de la « petite vérole ». Il semble que le débat paléopathologique et historique des origines de la syphilis est resté, durablement et logiquement, une interrogation centrale. Bien au delà et en deçà de la question d’origine, les contributions devront proposer des lectures extensives du rapport entre syphilis et sociétés portuaires. Ce colloque présente donc la singularité de souhaiter faire dialoguer des disciplines diverses (médecine, épidémiologie et santé publique, histoire, géographie, anthropologie funéraire et sociale, sociologie) autour d’un même objet de recherche et d’une même échelle d’étude.

Le colloque s’articulera donc autour de 3 sessions visant à documenter et renseigner une dimension de l’atteinte à l’échelle d’une ville, d’un port et notamment d’un territoireméditerranéen. Bien entendu dans le souci de comparer les modèles de diffusion autant que les sources les communications concernant d’autres aires géographiques sont bienvenues dès lors que demeure l’échelle municipale ou le cadre portuaire (civil oumilitaire) ou s’il s’agit d’un espace fermé de type enclaves ou isolats (géographique, culturel ou social).

Le colloque s’ouvrira par les communications concernant les enjeux médicaux très contemporains (Session 1 : Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée : données médicales actuelles). Ces interventions pourront être axées sur les enjeux liés au diagnostic, à l’épidémiologie de la syphilis, aux modalités de prévention et à la mise en oeuvre de politiques de santé publique ou encore sur les solutions thérapeutiques disponibles. Viendra ensuite le moment des mises en perspective diachroniques (Session 2 : Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée : contexte historique et inférences médico-historiques). Dans un dernier temps, la dimension anthropologiques s’ajoutera à la réflexion (Session 3 : Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée : approche anthropologique). Au delà et en complément des contextes paléopathologiques et archéothanatologiques, cette session finale tâchera d’aborder l’évolution des constructions sociales ou encore le champ des représentations de la maladie.

Les propositions sont à envoyer avant le 25 avril 2017.

Dates : Du mercredi 25 octobre 2017 au vendredi 27 octobre 2017


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