Appelons un chat un chat : incivilité? Non, contravention.

Tapage qui dure toute la nuit, jet de mégot et de papiers sur la chaussée, déjections canines sur le trottoir, injures (pourquoi diable est-ce que ces exemples me viennent ce matin???)... Tous ces actes sont régulièrement qualifiés d’incivilités.

Or l'incivilité fait référence à des valeurs indispensables à la vie en communauté : politesse, courtoisie, savoir-vivre... Mais les actes cités précédemment sont en fait des contraventions (premier niveau des infractions avant le délit et le crime), sanctionnées pénalement par des amendes.

Minimiser des actes passibles de sanctions pénales ne rend service à personne : ni à ceux qui les commettent, ni évidemment à ceux qui en sont victimes. Toute communauté (et cela vaut aussi pour les entreprises) qui tolère cette banalisation est vouée à décliner : renforcement de l'individualisme, génération d'agressivité et de comportements violents en réaction, déliquescence du lien social... Tous les symptômes que nous déplorons unanimement prennent racine dans cette forme d'indifférence, de fatalisme et d'impunité.

La bataille de l’"incivilité" est-elle définitivement perdue? Je ne le crois pas et en tout cas ne m'y résous pas.

Il y a quelques années, mon épouse et moi ne pouvions plus dormir en raison de tapages nocturnes quotidiens dans le parc sous nos fenêtres. À cette époque, la mairie n'avait pas encore pris conscience de la gravité de la situation, que beaucoup de mes concitoyens subissaient également. Afin de crédibiliser mes actions de sensibilisation auprès du maire et de la gendarmerie, j'ai porté plainte 4 fois en peu de temps. Certains auteurs ont du coup été verbalisés et je me suis rendu au Tribunal pour l'audience qui s'en est suivie.

Je n'ai demandé aucune sanction, mais la Présidente a pris le temps de me laisser exprimer tous les désagréments dont nous étions victimes. A l'issue de l'audience, je suis allé aux contacts des jeunes pour poursuivre la discussion dans un cadre apaisé. Dès le lendemain, la situation s'est durablement améliorée.

J'ai compris à cette occasion qu'opposer répression, prévention et dialogue comme on le fait trop souvent n'a aucun sens. Tous ces outils sont en réalité complémentaires et à la disposition de chacun. Encore faut-il les utiliser au quotidien avec détermination, courage et discernement.

La vie de chacun d'entre nous, de nos entreprises et de toutes les communautés humaines en serait considérablement améliorée.