Appelons un chat un chat
« Les mots sont importants, les mots sont essentiels… »
Il y a quelques mois, j’ai eu l’opportunité de discuter du développement durable avec un étudiant japonais en économie, venu passer quelques semaines en France. Alors que nous évoquions l’idée de « création de valeur(s) », il a choisi de citer un Enseignant-Chercheur de ses références au Japon et dont les travaux réalisés dans les années 30 traitent de la création de valeurs en pédagogie. Ce qu’il m’a dit m’a profondément marqué pour ce que cela portait de résonance avec le travail que je dirige depuis 6 ans, tant au travers de mes recherches que de la direction de Genyendo. Voici ce qu’il disait : « Lorsque l’on s’interroge sur la notion de création de valeurs, le problème auquel on se heurte d’emblée est sans doute de la définir par rapport à celle de vérité. Les valeurs peuvent coexister, alors que la vérité est solitaire. La vérité ne peut être créée, alors que nous pouvons créer des valeurs. »
A l’heure française des campagnes présidentielles, un débat relayé dans la presse (cf. Libération, L’obs, MrMondialisation, La Croix) qui fait écho à cet échange, m’interpelle tout particulièrement : l’importance des mots, créateurs de valeurs et de vision partagée.
Chez Genyendo, les mots sont la clé de la libération des capacités uniques de ceux qui font l’entreprise, et par voie de conséquence, de l’entreprise elle-même. Parce qu’il s’agit d’écouter les parties prenantes, d’entendre et de traduire les perceptions des uns et des autres pour en révéler le savoir, les richesses, les potentiels, les freins à leur développement et leurs solutions, nous avons à cœur d’appeler un chat un chat.
Les mots sont importants, les mots sont essentiels pour saisir le fond des choses. Pour comprendre et se comprendre, les mots sont notre outil de création de référentiels communs, socle d’un développement durable pragmatique. Nous sommes nombreux à le penser, dans tous les milieux de la vie et dans bien des domaines d’expertise : un ami, expert en géopolitique me dit souvent que chaque personne est « un infini difficile à comprendre pour autrui » et c’est un autre ami, ingénieur du son cette fois, qui formulait que « les mots sont l’expression de notre intériorité ».
M’appliquant à l’exercice de synthèse de ces différentes conversations, toutes complémentaires, je persiste et signe, nous avons tous un morceau de vérité. Il s’agit d’exprimer les perceptions de l’intériorité, le potentiel a priori infini de chacun, par les mots, afin de créer des valeurs communes et avancer ensemble au plus proche de la réalité. Parce qu’en effet, si la vérité ne peut être créée, lorsque l’on partage une vision elle devient la réalité que l’on admet.
Nous évoluons dans une société riche d’opportunités et de potentiels d’innovation. La capacité de développement des personnes et des structures qu’elles construisent ensemble passe par leur capacité à obtenir une vision éclairée de la réalité et, partant, à construire un dialogue ouvert, sincère et franc.
Assurer la durabilité de l’entreprise c’est d’abord assurer la cohésion créatrice de force et de richesse de ceux qui la font. Ainsi, pour relever le défi de l’évolution continue que constitue la prise en compte des enjeux du développement durable, il faut d’abord faire la lumière sur ce qui existe réellement et partir de cet état des lieux, en toute humilité. La société, à tous les niveaux, ne peut réussir cela qu’au travers d’un regard sincère et bienveillant sur ce qu’elle est, et enfin, par l’effort partagé de sa juste expression.
Fondatrice de Genyendo
Le 14 avril 2017