Apprentissage innovant et inclusif de l'IA à l'échelle mondiale
L'intelligence artificielle (IA) est en train de vivre une ultra-démocratisation sans précédent, transformant la manière dont les individus et les communautés interagissent avec la technologie. Alors que l'IA était autrefois perçue comme un domaine réservé à des experts et à des entreprises technologiques, elle devient désormais accessible à un public diversifié.
J'ai voulu à travers cette chronique, regarder l'essor de l'IA par le prisme d'initiatives variées et surtout originales, témoignant de son potentiel à transformer des vies, à améliorer la qualité de vie et à offrir de nouvelles opportunités. Mais vous allez voir que dans des contextes aussi divers, cette ultra-démocratisation de l'IA soulève bien des préoccupations éthiques et sociales, nécessitant une réflexion approfondie sur les implications de son intégration, sur les enjeux d'inclusion, de diversité et de formation, même si l'IA peut être utilisée pour répondre aux défis du monde moderne.
Allons-y donc pour un petit tour du monde sympathique, et commençons notre voyage par la Finlande, qui s'est dotée d'un programme de réinsertion novateur permet aux détenus de trois prisons de s'initier à l'IA en participant à l'étiquetage et à la classification de données pour l'entraînement de logiciels. Cette initiative, menée en collaboration avec une startup, offre aux prisonniers la possibilité de développer des compétences numériques essentielles pour leur réinsertion, tout en réduisant le risque de récidive. Les participants apprennent non seulement les bases de l'IA, mais également comment cette technologie peut être appliquée dans divers domaines professionnels. Le programme a suscité un intérêt considérable dans d'autres pays nordiques et européens, qui envisagent de l'adopter ou de s'inspirer de ses principes. Les autorités finlandaises estiment désormais que l'acquisition de compétences numériques peut jouer un rôle clé dans la réhabilitation des détenus, leur permettant de mieux s'intégrer dans la société à leur sortie. Après la manufacture de meubles, de produits en métal ou en cuir, ou encore de chaussures, qui sait, peut-être verrons-nous aussi nos prisonniers au Canada se former à l'intelligence artificielle.
À présent, passons de la Finlande à la Corée du Sud, où l'IA est mise au service des seniors figurez-vous, pour lutter contre la solitude, un problème de plus en plus courant dans les sociétés vieillissantes. Grâce à des enceintes connectées, les personnes âgées et les personnes handicapées peuvent interagir avec un assistant virtuel, écouter de la musique, recevoir des rappels de médicaments et rester en contact avec leurs proches. Ce dispositif innovant est particulièrement utile pour les personnes vivant seules, leur offrant un compagnon virtuel pour les aider à traverser la journée. Alors bien sûr, cette approche soulève de nombreuses questions éthiques sur le remplacement du contact humain, mais elle a au moins le mértie de démontrer comment l'IA peut répondre à des besoins sociaux cruciaux, comme favoriser l'interaction sociale, pour se sentir moins isolés et plus connectés au monde qui les entoure. Il me semble que pendant la pandémie, nos CLSC s'en seraient bien doté.
Je vous emmène maintenant sur le continent africain, puisque l'IA est perçue comme un puissant levier de développement. Amal El Fallah Seghrouchni, experte en IA et directrice de l'AI Movement au Maroc, affirme que l'IA, lorsqu'elle est adaptée aux réalités locales, peut contribuer à la réalisation de 79 % des objectifs de développement durable. Un constat qui souligne l'importance d'une approche locale et contextuelle dans l'application des technologies d'IA. Son centre forme des jeunes talents africains à l'IA, dont de nombreuses femmes, en mettant l'accent sur une IA éthique et inclusive qui répond aux besoins spécifiques des populations locales. En formant des individus aux compétences technologiques, cette initiative permet non seulement de promouvoir l'entrepreneuriat, mais aussi de créer des solutions locales à des problèmes spécifiques, tels que l'agriculture, la santé et l'éducation. Des groupes d'artisans en Afrique, comme des tisserands ou des sculpteurs, s'associent à des experts en IA pour préserver et promouvoir leur patrimoine culturel à travers des projets numériques, alliant techniques traditionnelles et innovations technologiques.
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Du côté de la Jordanie à présent, plus précisément dans des camps de réfugiés, comme celui de Za’atari, ce sont des organisations non gouvernementales (ONG), telles que Oxfam, le Croissant-Rouge Jordanien ou encore Unicef, qui proposent divers programmes éducatifs, incluant des ateliers sur l’intelligence artificielle. Ces programmes visent à aider les enfant réfugiés à développer des compétences numériques, leur offrant ainsi de meilleures perspectives d'avenir. Ils sont conçus pour donner aux jeunes les outils nécessaires pour réussir dans un monde de plus en plus technologique, malgré les défis auxquels ils sont confrontés. Et après ça, chez nous, certains résistent encore à vouloir apprendre à utiliser l'IA, mais bon, c'est un autre débat pour une autre fois.
En Amérique Latine aussi il existe plusieurs initiatives qui enseignent les bases de l’intelligence artificielle à des jeunes de quartiers défavorisés, notamment au Brésil et au Mexique. Ces programmes se concentrent souvent sur des projets ayant un impact local, comme des applications de sécurité ou de santé. Par exemple, au Mexique, des programmes éducatifs ont été mis en place pour former les jeunes aux compétences numériques et à l'IA, en mettant l'accent sur des solutions locales mais aussi éthiques. De même au Brésil, où des initiatives similaires visent à intégrer les jeunes dans le monde de la technologie et à les préparer à des carrières dans ce domaine que l'on sait en pleine expansion. Ces efforts sont essentiels pour réduire les inégalités et offrir de meilleures perspectives d’avenir aux jeunes issus de milieux défavorisés.
J'arrête mon tour du monde ici, histoire de me laisser un peu de temps pour aborder les enjeux éthiques dans toutes ces belles initiatives que je viens de présenter. L'utilisation de l'IA auprès de prisonniers, de seniors, de réfugiés, ou de jeunes, interroge sur la surveillance, le risque de substitution du contact humain et la dépendance. Dans le cas des détenus, si je prends cet exemple parce que c'est déjà un sujet de débat, c'est sur la question de l'exploitation potentielle des individus dans des programmes de travail, même bénéfiques, que cela porte. Les défenseurs des droits humains soulignent depuis longtemps, l'importance de garantir que ces initiatives ne deviennent pas des outils d'exploitation ou de contrôle. Autre exemple, la dépendance accrue à la technologie pour des interactions humaines essentielles, comme celle des seniors avec leurs proches, pose la question de l'impact à long terme sur les relations interpersonnelles. Si l'IA peut apporter des bénéfices immédiats, il est crucial d'évaluer ses conséquences sur la société dans son ensemble. Les enjeux d'inclusion, de diversité et de formation des jeunes générations sont eux aussi cruciaux pour le développement futur de l'IA. Les experts insistent sur la nécessité de former les enfants et les adolescents à cette technologie afin qu'ils comprennent ses fonctionnements, ses limites et ses implications éthiques, et qu'ils acquièrent les compétences nécessaires pour naviguer dans un monde de plus en plus technologique. Promouvoir une IA inclusive, qui prenne en compte les besoins de tous les enfants, est essentiel pour un développement harmonieux, et implique de veiller à ce que l'accès à l'éducation et aux ressources technologiques soit équitable, afin que personne ne soit laissé pour compte.
À travers tous ces exemples et réflexions, on comprend que si l'IA offre d'innombrables opportunités, elle doit être abordée avec prudence. Les chercheurs et les décideurs politiques doivent travailler ensemble pour établir des réglementations et des normes éthiques qui guident le développement et l'utilisation de l'IA, doivent encourager son apprentissage tout en promouvant une réflexion éthique pour garantir que cette technologie bénéficie à tous. Les gouvernements, les entreprises et les ONG ont tous un rôle à jouer dans la création d'un environnement où l'IA peut être utilisée de manière responsable et bénéfique. Cela nécessite certes un dialogue ouvert entre toutes les parties prenantes, ce qui n'est pas évident, mais c'est le seul moyen de s'assurer que les besoins et les préoccupations des communautés sont pris en compte dans le développement de solutions basées sur l'IA.
L'intelligence artificielle représente un potentiel de transformation sociale et économique à l'échelle mondiale. En observant des initiatives innovantes qui s'attaquent à des défis réels et variés, il devient évident que l'IA peut jouer un rôle central. Une promesse s'accompagne malgré tout de défis éthiques et pratiques qui doivent être adressés avec sérieux. En plaçant l'inclusion, la diversité et la formation au cœur des discussions sur l'IA, il est possible de construire un avenir où cette technologie profite à tous, tout en respectant les valeurs humaines fondamentales. L'avenir positif de l'IA dépendra donc de notre capacité à naviguer dans ces eaux complexes, en équilibrant innovation et éthique pour un développement harmonieux et durable.
Gestionnaire de projets principale multimodale soutenus par l’IA générative - Gestion du changement incluant refonte des processus et politiques corporatives centrés sur l’HUMAIN - Fluently bilingual
1 moisTrès beau survol en effet Stéphane! Avec tout le respect que je te dois, je me permets d'apporter un gros BÉMOL En effet, dans l'attente des résultats des élections présidentielles américaines de mardi prochain qui fort probablement seront lents à être finalisés que ce soit ici au Canada ou ailleurs dans le monde avec un Président Trump à la Maison Blanche les enjeux d'éthique et économiques rattachés à l'IA seront encore plus cruciaux, fragiles et volatiles.