Au secours 2018 s’achève !
2018 touche à sa fin… encore 10 jours 10 petites journées… les journées les plus longues pour les enfants qui attendent Noël, les journées les plus courtes pour tous les amis fundraisers qui aimeraient que décembre compte 365 jours et que le compteur des dons tourne aussi vite que la trotteuse de leur montre. La collecte de fonds est saisonnière et principalement hivernale. C’est ainsi depuis des décennies et il y a peu de raisons que cela change rapidement. 60% des dons se font au dernier trimestre dont la moitié en décembre. Plusieurs facteurs expliquent cela: le sens du partage au cœur de l’esprit de Noël, les derniers calculs fiscaux, le froid hivernal, le temps qui se fige brièvement à l’occasion des fêtes de fin d’année, un temps nécessaire pour prendre un peu de recul sur notre quotidien, un peu de hauteur sur nos actions, un peu de temps pour les autres et pour les causes qui nous sont chères.
Le temps est devenu un luxe dans un monde où tout va de plus en plus vite, dans une société du zapping, de l’hyperconnexion et de l’hyperconnectivité… Oui, on est déjà fin 2018 et le début de l’année parait déjà bien loin. Qui, aujourd’hui, pense encore à la victoire de la France au mondial 2018 ? C’était il y a à peine 6 mois. Le documentaire a été diffusé 2 jours après la victoire des bleus, le marketing bouclé dans les jours qui ont suivi, la deuxième étoile placardée sur les t-shirts et drapeaux aussi vite que la descente du bus sur les Champs-Elysées. Rien à voir avec 1998 où l’effet mondial avait occupé les esprits, le marketing…et l’économie très longtemps. Certes, le contexte était politiquement et sociologiquement très différent… mais tout de même, quelle accélération du temps !
Amazon, les réseaux sociaux, la surinformation ont chamboulé cette notion de temps mais aussi nos modes de consommation et le nivellement de l’information. Les gilets jaunes en sont le plus bel exemple… Après le buzz viral, l’explosion médiatique, comment durer dans le temps, construire un message cohérent, contribuer à un projet sociétal en en respectant les structures mais aussi, le tempo. Manifester sur les Champs Elysées ou bloquer des ronds-points ne relancera pas l’économie en quelques semaines… On le voit bien, au-delà des montants et des mécanismes financiers actés, c’est bien le temps qui préoccupe les manifestants, habitués et lassés par les délais technocratiques. Comme l’explique Gérard Bronner, ce type de mouvement créée une chambre d’échos à un message mais ne peut effacer le temps et les arcanes politiques. Comme sur Amazon, on veut tout tout de suite !
Dans Disruption, Stéphane Maillard souligne comment cette accélération du temps a changé nos paradigmes, sans qu’on en mesure forcément réellement et objectivement l’impact sur nos vies… Passer d’un sujet à l’autre très rapidement fait la force des disrupteurs, comme en témoigne le succès de certaines licornes. Pour beaucoup, diviser journées de travail en tranches de cinq minutes, comme le fait Elon Musk, est totalement inconcevable voire cauchemardesque, pourtant le patron de Tesla explique que ceci l’aide à être créatif et garder de l’avance sur ses concurrents, sur la société.. rien que ça.
2018 s’achève. Prenons le temps de méditer quelques jours, quelques heures, un instant sur le bilan de cette année avant de plonger dans le TGV de 2019. Pour tous mes amis fundraisers, l’heure des comptes à sonner, les craintes de début d’année sur la baisses des dons sont aujourd’hui vérifiées. Il n'y a plus débat sur l'impact des réformes fiscales sur les dons aux associations... Il faut déjà penser à 2019, interroger nos méthodes, nos discours, nos objectifs, réinventer notre profession… prendre les bonnes résolutions.
Alors profitons pleinement, sereinement et tranquillement des 10 derniers jours de 2018…