L'IFI, c'est fini !
La fin de période de déclaration d’impôt sur la fortune immobilière (IFI) s’achève ce soir à minuit. Si cette information ne concerne directement que 150 000 personnes en France, elle concerne aussi des centaines de fondations et associations profitant de leur générosité.
La réduction fiscale sur l’IFI, au même titre que l’impôt sur le revenu (ou l’ISF jusqu’en 2017), est un facteur incitatif pour les dites grandes fortunes, une occasion de réduire l’assiette fiscale au travers de soutiens à différentes causes. Au cours des dernières années, l’appel à générosité sous couvert d’avantages fiscaux s’est fortement développé pour devenir un temps fort de collecte sur la période d’avril à juin. Les magazines et moteurs de recherche pullulent de messages alarmistes que pourraient sauver les sympathiques contribuables assujettis aux impôts sur la fortune.
En 2017, 270 millions d’euros de dons auraient ainsi été collectés par les fondations sur des campagnes ISF. Difficile, voire impossible, pour une fondation de ne pas prendre la parole sur cette période pour essayer d’avoir sa part du gâteau. Le passage de l’ISF à l’IFI a réduit le nombre de contribuables concernés de près de 43%, mais, a aussi fait diminuer la facture fiscale et donc, par répercussion, le montant du don moyen utile pour la défiscalisation.
Cette année, on devrait être loin des 270 millions, à en croire les premières alertes, notamment celles de la Fondation de France ou des Apprentis d’Auteuil qui parlent de baisses de 40 à 70% des dons sur cette période, avec bien entendu, en arrière-plan, l’impact sur la continuité de certains projets. Pour l’Institut Pasteur de Lille, la tendance se confirme avec une baisse supérieure à 60% par rapport à 2017. Même si les grands donateurs ne représentent qu’une faible part des soutiens de la fondation, l’impact est bien réel et fragilise les ressources du premier semestre de la fondation dédiée à la recherche et prévention en santé.
A cela, s’ajoute un léger recul des dons lié à l’augmentation de la CSG pour les retraités et un contexte social peu propice à l’expansion de la générosité. Une autre tendance forte du secteur qui impose de réfléchir sur la relation donateur, les nouveaux modes de dons et d’engagement. Car, la fiscalité du don doit rester un élément facilitateur, et non, être la raison première et unique de la générosité. Sur ce point, les professionnels de la collecte ont une grande part de responsabilité et doivent imaginer le meilleur équilibre entre le cœur et le fisc dans les motivations des donateurs.
L’engagement et la confiance des donateurs restent, à mon sens, les meilleurs leviers de développement des ressources dans une période complexe. Bénévolat, mécénat de compétences, crowdfunding, microdons,… les outils et occasions sont nombreux pour impliquer les donateurs dans les causes qu’ils soutiennent. Tout est question d’équilibre.
En attendant, l'IFI 2018, c'est fini, la coupe du monde commence et les fondations refont leurs comptes.