Automobile connectée : quels nouveautés et enjeux autour de la DATA ?
L’Electronic Business Group (EBG), think tank français portant sur les nouvelles technologies, a réuni ses membres à l’occasion d’une conférence sur l’automobile connectée. Le panel éclectique des intervenants se suffit à lui-même : l’écosystème de la mobilité y est représenté avec équilibre ! Il n’est pas question ici de parité mais de diversité économique incarnée par une startup, un constructeur automobile, un élu et un opérateur téléphonique. L’amphithéâtre de la rue de la Boétie polarisait une centaine d’organisations, parmi lesquelles Bartle et Via ID, particulièrement attentifs à ce sujet.
On entend par automobile connectée, un véhicule équipé d’un accès internet qui lui permet de communiquer avec le monde extérieur. Or la communication est l’affaire des opérateurs téléphoniques, la voiture connectée est donc le lieu où le mobile rejoint la mobilité. François Pot, de chez DriveQuant, collecte les données relatives à la conduite des utilisateurs via leurs smartphones ; arguant que « les informations se situent dans le portable et non dans la voiture ». Cette pratique permet l’évolution de métiers connexes à la mobilité, notamment l’assurance, très avancée sur le sujet qui développe de nouvelles offres telles que le « pay as you drive ». Michel Puharré, Directeur Marketing d’Orange Europe, propulse la voiture connectée au centre des réseaux, la reliant aux objets, aux autres voitures, aux infrastructures et plus généralement au cloud démultipliant ainsi les services quasiment à l’infini.
Eric Monceyron, incarne ces opportunités pour Bordeaux Métropole en rendant possible les échanges d’informations en temps réel pour les automobilistes. C-The Difference, permet aux feux de communiquer avec les smartphones des conducteurs, leur indiquant une vitesse idéale pour traverser le carrefour au vert. Généralisée à l’ensemble des déplacements, cette interaction entre l’infrastructure et le véhicule fluidifie considérablement le trafic urbain.
Olivier Coppry, responsable des partenariats et de la stratégie mobilité chez Renault, rappelle la place centrale du véhicule dans les connexions. Néanmoins le constructeur affiche une volonté de se rapprocher de l’utilisateur final pour s’imposer comme solution universelle de mobilité. A cet effet, le groupe permet aux startups de s’intégrer directement à leur écosystème et ainsi proposer de nouveaux services aux clients. La connectivité des voitures Renault est désormais native, permettant « d’accompagner l’expérience client à tout moment de leur vie ». Cette recherche se fait en partenariat avec Google et Amazon dans le but de proposer l’expérience la plus simple et la plus fluide possible. Renault entre donc dans l’ère du B2B2C avec deux types de nouveaux partenaires : les startups et les GAFA.
Les opérateurs téléphoniques ont bien saisi leur valeur ajoutée auprès des constructeurs grâce à leur savoir-faire en matière de capture d’utilisateurs. Les publicités témoignent de ce genre d’alliance comme celle du Dacia Duster vs la télé d’Orange. A l’origine de cet exemple, une étude d’Orange sur l’usage des contenus consommés en voiture révèle une confrontation entre l’offre initialement prévue (TV d’Orange) et l’usage réel : 60% Youtube, 20% browsing (Facebook, Snapchat), 15% gaming et 10% upload. Pour les opérateurs, le socle de l’alliance réside dans la naissance de nouveaux besoins et usages de leurs clients, pour les constructeurs, c’est le gage d’une expérience client plus proche et complète, unifiée sur deux supports : la voiture et le smartphone.
Renault va plus loin et propose une expérience utilisateur qui s’étend bien au-delà de la conduite via la connexion véhicule-smartphone. Devant cette foultitude de services en cours de développement, l'on s’interroge quant à celui qui illustre le mieux le potentiel du véhicule connecté. La réponse ne se fait pas attendre ; « ce n’est pas une question de type de service, mais c’est à celui qui saura proposer l’ensemble des propositions de valeurs à l’utilisateur » selon François Pot. Autrement dit, la véritable valeur ajoutée du véhicule connecté résidera dans l’intégration d’une expérience unifiée (Ex : Car sharing, Assurance, Maintenance). Une logique qui n’est pas sans rappeler celle d’Apple lors du lancement du premier smartphone en 2007 répondant avant tout au besoin du client via une facilité d’usage.
On peut dès lors se demander : qui sera l’Apple du prochain moyen de transport ? Apple lui-même, une licorne, un constructeur automobile audacieux ou un opérateur téléphonique, un fournisseur d’énergie ou encore un opérateur de transport existant ? Le spectre est large et l’enjeu universel. Une seule certitude ; le monde des transports est à l’aube d’une révolution dont l’instigateur sera plébiscité par le plus grand nombre d’utilisateurs.