Aux audacieux-ses.

Bien que l'exercice de la profession soit bien régi par la constitution du tableau de l'ordre, la réalité de la construction à Madagascar est toute autre.

On ne devrait plus laisser nos villes dans leur développement spontané, entre les mains de techniciens sans qualification reconnue.

A l'heure où il est admis que le taux d'urbanisation d'un pays est en corrélation direct avec son indice de développement économique, la réflexion qu'apporte l'architecte à la question sociale, à l'écriture d'un projet dans sa réponse identitaire, économique, environnementale face aux enjeux climatiques, sa réponse à un bien « vivre ensemble », est indispensable et vitale.

C'est à lui que revient de piloter des équipes pluridisciplinaires, d'animer une vision qui se développera sur le long ou moyen terme pour réussir le pari urbain : celui de l'espace public qui nous fait tant défaut et qui est pourtant un outil de cohésion sociale.

J'aurai des mots de reconnaissance envers le Vice-Ministère des Villes Nouvelles, incarné alors par mon confrère Angelo Zasy, pour avoir soufflé à l'équipe du projet PIC cette démarche innovante: celle du concours, de l'appel à projet:

1/ Elle nous permet, d'une part, de reconnaître le tableau de l'ordre comme légitime pour cette mission de reconstruction des infrastructures du tourisme, et, d'autre part, d'accepter la confrontation des idées entre pairs, afin qu'elles puissent apporter le plus de pertinence possible à un projet, dont les enjeux pourraient être décisifs pour la relance urbaine et touristique de la ville de Diego.

2/ Saluons également l'équipe du PIC pour avoir accepté d'admettre en laboratoire cette méthode qu'est le concours d'architecture, plutôt innovante dans le contexte malgache.

En effet, un concours de projet nous offre l'opportunité de consolider un discours architectural pour le pays. Saisissons notre chance.

Car au delà de l'urgence "régalienne" de faire(...), ce "process" ci, permet non seulement le temps de la réflexion collective, de la théorisation, de l'innovation et des idées créatrices, mais en plus, et c'est le plus beau: par la confrontation des idées, d'ancrer une identité plus forte pour nos villes.

 L'originalité crée l'attractivité.

 Le concours ouvre le débat.

#diegowaterfront pose sereinement et clairement les problématiques du site de l'anse Melville. Il pose les questions liées: aux enjeux de la gestion foncière d'un littoral, aux bénéfices d'une économie sociale liée au tourisme, à celle d'anticiper les préoccupations environnementales.

Enfin, au-delà de tout cela, le concours permet aussi d'ouvrir à de jeunes diplômés, empreints de progrès et de créativité, l'exercice de la profession, car il faut bien en vivre.

 Le risque n'accompagne pas la raison.

Pourtant, c'est bien l'audace et la remise en cause, qui doit nous stimuler dans notre quête de lieux, qui auront la capacité de rendre plus heureux nos populations, là où elles sont.

 En acceptant de nous laisser surprendre, nous offrons une chance à l'innovation.

Trois audacieuses ont répondu à ce défi loin d'être anodin: trois noms à retenir donc: Sandrine Raveloson A 167 , Miora Raharivelo A 147, Sandra Ratsimbazafy A162 .Trois forces vives féminines(#gogirl) qui ont joué le jeu de la confrontation, et qui font désormais partie du paysage architectural malgache.

Mesdames: merci, pour votre audace.