Avis aux formateurs: la disruption c'est à votre tour!
En collaboration avec Michel Bergeron
Je commence par une petite histoire: mon histoire! Et probablement celle de plusieurs personnes.
Je fais partie de ceux qu’on appelle “travailleur du savoir”. Chaque jour, je recherche, manipule, utilise, transforme et diffuse des informations et connaissances. J’accorde une grande importance à maintenir mes connaissances à jour afin de demeurer pertinent dans mon travail. J’ai recensé au moins une dizaine d’opportunités d’apprentissage réalisées en 2018 lors de différentes activités professionnelles:
- Ateliers de travail avec des collègues lors de mes mandats
- Échanges très informels avec des collègues ou ex-collègues lors de mes dîners du vendredi (accompagné d’une bière)
- Conseils donnés à un collègue en besoin dans un de mes champs d’expertise
- Veille quasi quotidienne dans un outil d'agrégation pour surveiller l’évolution de certains sites Web ou blogues
- Lecture de billets sur Linkedin et des tweets des experts auxquels je suis abonné
- Lecture d’infolettres auxquelles je suis abonné
- Préparation d’une conférence que j’ai prononcée en octobre et les échanges qui en ont suivi
- Présence lors de conférences ou présentations thématiques
- Rédaction de quelques articles publiés sur Linkedin
- Défi personnel d’élaborer un prototype de Wiki (mon premier) pour faire la démonstration de la gestion des connaissances
- Présence lors de présentation de produits réalisée par des fournisseurs
- Mon premier MOOC (7 semaines à raison de 3 heures/semaine) sur le management responsable
J'en tire quelle conclusion ? Les apprentissages formels sous le format de cours (présentiel, virtuel ou e-learning) ont occupé peu de place dans mon agenda d’apprenant. C’est aussi le même constat pour plusieurs de mes collègues avec qui je maintiens un contact. Autrement dit, avec notre profil d’apprenant autonome, on envoie plusieurs formateurs au chômage. Heureusement, il n’en est rien. J’ai d’autres contextes où un formateur est clairement requis.
Par contre, mon constat me mène à me poser des questions:
- Est-ce qu’un formateur aurait pu jouer un rôle dans mes activités d’apprentissage?
- Est-ce que le rôle de formateur doit évoluer afin de soutenir des profils d’apprenants autonomes comme le mien?
À mon avis, le formateur traditionnel doit prendre conscience que le monde du travail a changé et qu’il changera à nouveau et en continu. Avec la révolution industrielle 4.0 et la prépondérance de l’utilisation des nouvelles technologies (intelligence artificielle, robot, objets connectés, réalité augmentée), on risque d’avoir besoin du formateur 4.0. S’il est moins un spécialiste de contenu, il demeure un spécialiste des approches et des outils d’apprentissage (le comment). Et à ce titre, il doit faire de la veille pour ses propres besoins et promouvoir les prochaines pratiques d’apprentissage les plus porteuses.
Son rôle pourrait aussi évoluer vers un rôle de courtier. Faire le lien entre les besoins des personnes dans l’organisation et l’offre de contenus pertinents offerts sur le marché (contenus sur le Web, MOOC, colloque, etc.). Cela suppose d’être près des besoins du personnel dans les opérations, d’accompagner le personnel dans ses recherches, de scruter les possibilités de l’offre de contenus à l’interne et à l’externe, et de cerner les sources les plus pertinentes. Autrement dit, il doit prendre en compte tous les petits écosystèmes d’apprentissage adaptés aux apprenants.
Je vois aussi le formateur de demain comme un animateur des apprentissages. Un rôle de mise en commun des connaissances entre collègues. Ce qui suppose la mise en place d’une plate-forme collaborative où les connaissances des uns sont mises au service de la cause des autres.
Je veux rassurer le formateur: il ne manquera pas de job! Avec un contexte où les certitudes auront la vie très courte, les différentes contributions d’un formateur 4.0 seront en grande demande. À la lumière de ma dernière année, je ne peux en dire autant du formateur traditionnel.
Directeur Produit chez Workleap
5 ans"Avec un contexte où les certitudes auront la vie très courte", excellente ligne qui décrit très bien la nouvelle réalité entrepreneurial. Alors que plusieurs remette à demain par "manque de temps", plusieurs peine à comprendre que "demain" peut amener avec lui un écart logistique/technologique qui représente beaucoup plus qu'un si court retard. On le voit chaque jour chez Didacte, mais on sent que la culture de gestion commence à être plus sensible à ce risque.
Conseillère en assurance et rentes collectives, conseillère en sécurité financière. J'aime profondément les défis et les partenariats positifs, n'hésitez pas à discuter avec moi.
5 ansSuper intéressant !
Consultant senior chez Alithya
5 ansMerci Michel pour ce partage qui pousse à la réflexion! Je rejoins un des commentaires: tous n’ont pas l’autonomie nécessaire pour être en mesure d’atteindre le même degré de résultats sur un même contenu. D’où l’importance d’accompagnement individuel ou en petits groupe avec un formateur nouvelle génération (nouvelle formule, nouveaux outils...)!
Développement du leadership et de l'organisation | Coaching exécutif - Individuel, équipes et groupes | PCC- ICF | Formatrice Agréée
5 ansMerci Michel pour ton partage et ta réflexion. Et bravo ! Pas tous les apprenants ont ton niveau d’autonomie. Le taux d’abandon aux MOOCs est élevé. Un accompagnement individuel ou de groupe aiderait. Des nouveaux formats apparaissent et de nouveaux métiers aussi. Oui, une sorte de 4.0 !