Bâtiment : la « neutralité carbone » pour boussole
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Bâtiment : la « neutralité carbone » pour boussole

Une étude publiée par l’ADEME et RTE, fruit de deux années de travaux, vient de montrer que le couple rénovation des bâtiments et solutions de chauffage électrique efficaces était une solution pertinente pour réduire drastiquement nos émissions d’ici 30 ans.

Cinq ans après la signature de l’Accord de Paris sur le climat, où en est la lutte contre le réchauffement climatique ? En décembre 2015, les États parties à la Convention-cadre des Nations unies (ONU) sur les changements climatiques, s’engageaient à limiter la hausse du mercure global à 2 °C, voire 1,5 °C, en diminuant drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) - responsables du réchauffement planétaire. Si l’on s’était félicité, à l’époque, de cette coopération inédite pour la défense de l’environnement, ses résultats invitent aujourd’hui davantage à la mesure - depuis 2015, les émissions carbonées ont grimpé de 0,9 % par an en moyenne. Une mesure toutefois non dénuée d’espoir, puisque lors de la décennie précédente, cette hausse était de 3 %.

L’objectif est de parvenir à la neutralité carbone - soit l’état d’équilibre entre les émissions de GES d’origine humaine et leur retrait de l’atmosphère par l’Homme - d’ici 2050. Une ambition difficilement tenable si l’on n’intensifie pas nos « efforts » de transition énergétique, comme l’a souligné Corinne Le Quéré, la présidente du Haut conseil pour le climat (HCC). Qui dresse le même constat pour la France, dont les émissions carbonées diminuent pourtant d’1 % par an depuis plus de 10 ans - ce qui en fait l’un des meilleurs élèves en la matière. Selon la climatologue franco-canadienne, cette baisse devrait être portée à 3 % annuels afin que la France respecte ses ambitions climatiques.

Mettre hors-jeu les énergies fossiles

D’où l’urgence de réussir à se passer des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz…), extrêmement polluantes, dans notre économie et dans nos modes de vie. La tâche s’annonce ardue - ces sources énergétiques sont présentes dans tous les secteurs, de l’automobile à l’agriculture en passant par le bâtiment - mais non moins nécessaire, selon le HCC. D’ailleurs, le gouvernement, en adoptant en novembre dernier la nouvelle réglementation environnementale (RE 2020), mettant fin à la « suprématie » du gaz dans le secteur du bâtiment neuf, vient de prouver qu’il était possible d’agir de manière vertueuse pour l’environnement et le climat, en visant ni plus ni moins la sobriété et la décarbonation de nos usages.

Dépenser moins d’énergie d’un côté, et ne recourir qu’aux énergies propres et décarbonées, comme la biomasse, la chaleur renouvelable, ou l’électricité - qui, en France, est à 90 % décarbonée - tout en mettant de côté les énergies les plus polluantes, voilà un levier d’action à privilégier.


Electricité et sobriété font-elles bon ménage ?

L’électricité sans CO2, en plus d’être un vecteur de décarbonation est aussi un formidable vecteur d’efficacité énergétique : dans un logement, une pompe à chaleur consomme 3 à 4 fois moins d’énergie qu’une chaudière au fioul. Idem dans les transports où un véhicule électrique a recours à moins d’énergie qu’une voiture thermique et émet 2 à 6 fois moins d’émissions de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie.

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Le problème ? Aujourd’hui l’électricité ne représente que le quart de la consommation énergétique tricolore, les trois quarts restants étant « servis » par le pétrole, le gaz et le charbon, dans les transports, le bâtiment et l’industrie. Un ratio déséquilibré, extrêmement néfaste pour la qualité de l’air, notre santé et l’environnement, d’ailleurs pointé du doigt par les travaux préparatoires de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui soulignaient au contraire le nécessaire développement de l’électricité décarbonée et des sources de chaleur renouvelables.


©EDF - Hôte Herve

Solution de chauffage électrique et rénovation énergétique : un combo gagnant pour le climat

Rééquilibrer la balance en faveur de l’électricité non carbonée (nucléaire, renouvelables) est donc une obligation si nous voulons parvenir à la neutralité carbone en 2050. Et ceci particulièrement dans le secteur du bâtiment, responsable de 28 % des émissions de GES françaises. Une étude publiée par l’ADEME et RTE, fruit de deux années de travaux, vient d’ailleurs de montrer que le couple rénovation des bâtiments et solutions de chauffage électrique efficaces était une solution pertinente pour réduire drastiquement nos émissions d'ici 30 ans.

A charge pour le gouvernement de « prioriser les efforts de rénovation vers les logements les plus énergivores (« passoires thermiques ») », par exemple, estiment l’ADEME et RTE.

Pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique, tout investissement dans les solutions énergétiques d’hier, fortement polluantes, doit progressivement cesser avec une planification sur plusieurs années, qu’il s’agisse d’infrastructures, de voitures thermiques ou de chauffages à énergie fossile.

Les investissements doivent au contraire façonner les solutions de demain, avec comme seule boussole, la neutralité carbone. Ce qui aurait pour mérite, non seulement, d’améliorer la qualité de l’air et notre environnement, mais également de créer de l’emploi.

Alors que la France, comme la planète entière, traverse une crise sanitaire importante qui s’est muée en marasme économique, préservation de l’économie et du climat ne vont-ils pas de pair ?

 


Pierre Abou

Essayiste, consultant en énergie et environnement

3 ans

Pourquoi chauffage? Savez-vous que dans la région PACA les DJU climatisation dépassent les DJU chauffage et que Lyon va connaître le même sort? Parlons plutôt d'énergie à usages thermiques incluant la climatisation? ... Et quelles rénovations? Des études très sérieuses de Mines paris Tech montrent qu'elles produisent actuellement peu de gains et sont d'un très mauvais rendement. La raison en est principalement le mécanisme des CEE. Et pourquoi "réduire les émissions" serait le moteur de la transformation? La souveraineté technologique serait-elle devenue un gros mot?

Chantal DEGAND

Présidente d’honneur Groupe PROMOTELEC

4 ans

Des solutions existent pour réduire les émissions de carbone #climat : avec la re2020, nous avons une opportunité unique de construire des bâtiments performants en énergie et en CO2

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