Bien-être en entreprise, la frontière vie privée/vie professionnelle
Le concept du bien-être au travail commence à faire son chemin en entreprise. Face à un taux d’engagement au travail avoisinant les glorieux 6% en France, la nécessité d’un changement dans les organisations se fait sentir. Pour autant, la notion de bien-être est intrinsèque et subjective. Un problème personnel, une mauvaise nuit de sommeil… peuvent très bien venir interférer dans le quotidien des collaborateurs. La question du comment agir est, par conséquent, assez épineuse. Entre le trop et le pas assez, quel est le gap ?
Définition du bien-être en entreprise
L’OMS définit le bien-être au travail comme « un état d'esprit caractérisé par une harmonie satisfaisante entre d'un côté les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur et de l'autre les contraintes et les possibilités du milieu de travail. » Ça reste vague…
Plus concrètement, les critères d’évaluation peuvent s’appuyer sur 6 points : L’intensité des horaires de travail, le degré d’autonomie, les conflits de valeurs potentiels, les relations entre collaborateurs, l’insécurité de l’emploi et l’intensité émotionnelle demandée.
Où sont les limites ?
Certains des critères méritent des plans d’actions plus personnalisés, les répercussions d’une forte intensité émotionnelle quotidienne ne se traitent, par exemple, pas grâce à un team building. C’est maintenant que la limite du champ d’action se pose.
La limite légale
Lire les emails des collaborateurs, les forcer à parler… certaines limites semblent évidentes. Pensez également RGPD ! Vous ne pouvez pas collecter tout et n’importe quoi sur vos collaborateurs. Les données doivent être stockées de manière sécurisée… Des réponses extrêmement personnelles pourraient être divulguées ou utilisées à mauvaise escient en interne. Un conseil : anonymiser au maximum toutes les données collectées. Vous ne le sentez pas ? On vous donne un coup de main!
Ensuite, le chef d’entreprise a l’obligation de protéger ses collaborateurs. Par conséquent, si les risques psycho-sociaux peuvent présenter des dommages sur la santé, une action est nécessaire.
La limite éthique
C’est maintenant que ça se gâte. Une bonne intention discutée dans un bureau peut sembler intéressante pour le moment mais véhiculer une mauvaise image une fois en place. C’est ainsi qu’Amazon a mis en place un concours en 2017 pour la prévention des risques physiques : mettre en place un système de délation. A chaque manquement à la sécurité constaté, le collaborateur devait le signaler et remportait ainsi 1 point pour gagner un lot.
Cette limite est avant tout une question de bon sens et à prendre au cas par cas. Vous avez constaté qu’un collaborateur est au bord du burn-out ? Peut-être qu’il vaut mieux agir en échangeant directement avec lui.
Des solutions digitales comme Moodwork existent aujourd’hui pour vous aider dans cette tâche. Les salariés sont alertés en cas de risque psychologique élevés et peuvent le signaler au manager, échanger avec des psychologues et suivre des ateliers.
La limite éthique dépend aussi beaucoup du pays dans lequel vous vous trouvez et certains cas sont surprenants.
Focus sur le Japon
Difficile de dire qu’il existe une limite au Japon. Le Karochi ou burn-out mortel toucherait 1 travailleur sur 5. Devenu un véritable fléau, l’état et les entreprises tentent de tout mettre en œuvre pour lutter contre le présentéisme mortel, quitte à mettre en place des actions surprenantes. Après les drones chasseurs de salariés le soir, la musique écossaise à partir d’une certaine heure, l’entreprise Crazy Inc a franchi un nouveau cap : du sommeil contre des réductions à la cafétéria.
Grâce à une application conçue par un fabricant de matelas, l’entreprise pourra ainsi contrôler le temps de sommeil des collaborateurs. Ceux dormant au moins 6h/nuit 5 jours/ semaine pourront toucher jusqu’à 500€ de réduction !
Focus sur le Canada
Les canadiens sont souvent cités en exemple en matière de qualité de vie au travail. Télétravail, co-création, management à l’écoute… Les exemples sont nombreux. Finalement pour eux, pas besoin d’empiéter sur la vie personnelle, tout est dans l’équilibre.
Le tour du monde du bien-être au travail continue grâce à Cassandre et Matthieu, étudiants à l’EM Lyon Business School. Ils reprennent le flambeau de l’association Les Baroudeurs de l’Innovation Managériale pour la troisième édition. Le projet consiste à partir six mois dans treize pays du globe afin de découvrir les entreprises, les écoles et les communautés qui ont décidé de mettre en place des méthodes de management favorisant le bien-être de leurs collaborateurs. Un but majeur anime le binôme : dénicher les pépites encore inconnues ainsi que les modèles disruptifs et novateurs qui seront, dans un avenir proche, les recettes miracles d’un management à succès. Prochain article à venir sur notre blog !