Bienvenue Mme Flipette.
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Bienvenue Mme Flipette.

Aux origines de la peur 

Les peurs trouvent leur origine dans notre éducation, notre environnement, nos croyances négatives, nos expériences, notre interprétation des événements. La liste est longue, citons au moins quelques exemples courants: nous pouvons avoir peur de montrer nos faiblesses, de ne pas être assez bon, de contrarier, de s’affirmer, de manquer, de souffrir, de mourir, d’être jugé, de l’échec, de s’exposer, d’agir, d’être abandonné, de ne pas être aimé… J’avais même une amie qui avait peur des bananes. Vous l’aurez compris, la peur n’a pas de limites ; elle s’attaque à tout !

La plupart de nos peurs sont irrationnelles ou liées à des hypothèses futures plus qu’à un réel danger. Elles existent alors car nous craignons que quelque chose arrive, même si c’est parfois peu probable. Très souvent nous avons peur d’une chose qui n’est pas encore là, on imagine le pire, alimentant ainsi les angoisses. Ainsi nous dépensons beaucoup d’énergie pour quelque chose qui n’arrivera peut-être jamais. Montaigne le résume ainsi : « Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint. »

Pour autant, on ne saurait dresser un portrait entièrement obscur de la peur. Parmi ses effets bénéfiques, nous pouvons rappeler le fait qu’elle nous permet de fuir une situation indésirable et elle stimule notre activité cérébrale en nous aidant à penser, prévoir, évaluer, juger, anticiper, imaginer (à condition de ne pas se laisser dépasser). Et si le danger est réel, la peur nous sauve; rien que ça.

En revanche, si le danger est fantasmé, la peur nous rétrécit la vue. Oui les amis, car la peur aveugle, plus que l’amour certainement. A bien y penser on finit par comprendre que le lien entre le danger et la peur est imaginaire, du moins dans la plupart des cas. En effet la peur est une construction de l’esprit ; une construction imaginaire certes, mais d’une redoutable efficacité. Elle coupe tous les circuits de la réflexion et ne laisse passer que les pensées automatiques, sans fondement réel. La peur est si puissante qu’elle nous fait fuir, attaquer ou nous paralyse. Elle conditionne donc largement nos comportements, et si nous ne la maîtrisons pas, elle peut nous éloigner de nos buts. C’est pourquoi nous avons tout intérêt à l’apprivoiser, tel un cheval sauvage.

Identifier la peur

La peur, comme le saboteur, a différents visages. Quand on a peur, on peut se sentir : terrorisé, terrifié, sur le qui-vive, paniqué, mal à l’aise, intimidé, inquiet, horrifié, épouvanté, effrayé, déstabilisé, effaré, désorienté, désemparé, dérouté, déconcerté, craintif, choqué, apeuré, anxieux, angoissé, alarmé, affolé, etc. Concernant les manifestations physiques, elles peuvent se traduire par des tensions musculaires, de la transpiration, une gorge qui se serre, la boule au ventre, le cœur qui bat plus fort, les mains moites, des tremblements, un comportement de retrait ou une paralysie… Chacun a des signaux d’alerte qu’il peut être utile de connaître. La peur peut également générer des troubles psychiques ou troubles de la pensée, comme une incapacité de réfléchir et une observation partielle et déformée de la réalité. 

S’il semble plutôt aisé de reconnaître la peur au sens large, grâce à ses manifestations, il n’est pas forcément facile de reconnaître le type de peur dont il s’agit. Comme pour les saboteurs ou les croyances limitantes, il n’est effectivement pas si simple d’identifier les peurs avec précision. En effet, les comportements automatiques guidés par la peur se passent au niveau du subconscient. Pourtant les reconnaître constitue une première étape essentielle pour mieux s’en libérer, ou du moins pour qu’elles ne nous nuisent plus. Afin de cerner la nature de vos peurs, je vous invite à vous poser la question suivante:  « Quel pourrait être l’effet négatif si j’arrivais à …? » Par exemple, quel pourrait être l’effet négatif si j’arrivais faire cette conférence devant un public nombreux? Je pourrais perdre mes moyens, devenir toute rouge, me sentir confuse et être jugée par le public. Dans certains cas, cela peut aider à mettre le doigt sur la peur qui entre en jeu.

Maintenant que nous avons évoqué brièvement quelques ressorts de la peur, passons sans plus attendre aux astuces pour en faire son alliée. Voici donc une série de 11 conseils dont je vous laisse tirer parti en commençant par ceux qui vous semblent les plus appropriés à votre situation. Si vous avez d’autres stratagèmes, je serais ravie d’en savoir plus dans les commentaires. Permettez-moi d'insister sur l’importance d’un regard bienveillant envers soi-même car je ne crois pas qu’un jugement sévère aide à dépasser ses peurs. Inutile d'ajouter la culpabilité à la peur! Nous avons tous des peurs, moi la première. 

1.    Accepter sa peur, oui encore et toujours l’acceptation !

Bien que basique, ce point est essentiel : accepter vos peurs est le meilleur moyen de diminuer leur impact nuisible. Plutôt que de les fuir, invitez vos peurs à votre table et regardez-la en face (pour ma part j’utilise la technique « Bienvenue Mme Flipette»). Au moins, je n’ai plus peur d’avoir peur !

2.    Il ne s’agit donc pas d’ignorer nos peurs, mais plutôt de leur donner de l’espace. 

Vous avez prévu une intervention avec prise de parole en public et cela vous terrorise ? Imaginez que vous allez à cet évènement avec votre peur dans une boîte que vous aurez fermée à clé et posée devant vous. Vous pouvez la laisser là, elle vous accompagne mais ne prend pas toute la place. 

3.    Il faut écouter nos peurs car elles nous informent

Nous avons tous de petites et de grandes peurs… Ce qui est embêtant c’est lorsque ces peurs gouvernent nos vies. Cependant, bien qu’elle puisse être désagréable, la peur n’est pas une émotion négative. Comme toutes les émotions, elle a une fonction utile. Elle est une réaction au danger, à la menace, ou encore à l’inconnu. Sa fonction est de nous alerter et de nous faire réagir afin de nous mettre en sécurité. Alors il peut être bon de se demander quel est le message que la peur cherche à nous délivrer. La peur de parler en public peut cacher l’intention d’être bien vu. Il est alors possible de travailler cet aspect, en mettant toutes les chances de son côté, tout en se détachant du résultat.

4. Se poser de bonnes questions

-Le danger est-il réel ou imaginaire ?

-La peur est-elle disproportionnée au regard du danger ? 

-De quoi cette peur me protège-t-elle ? Quelle est donc sa fonction ? 

-Ma peur est-elle fonctionnelle (elle m’aide à atteindre mes objectifs ; par exemple la peur de mal faire mon travail) ou dysfonctionnelle (elle me limite dans l’atteinte des objectifs ; par exemple la peur d’être jugée)

-Et si je n’avais pas peur, que ferais-je ?

5. Vivre au présent

A moins d’un danger immédiat, les peurs ne sont que des projections d’un futur imaginaire, comme nous l’avons vu. Si nous vivons le présent, nous réduisons l’impact des peurs. Et si vraiment la peur ne nous lâche pas, alors soyons concrets: que pouvons-nous faire maintenant pour diminuer cette peur ? 

6. La méthode des petits pas ou comment multiplier les petits actes de courage

Pour surmonter ses peurs, la méthode des petits pas est très efficace. Une action après l’autre en sortant progressivement de sa zone de confort permettra de faciliter la progression et nous conduira doucement mais sûrement vers notre but sans nous décourager. Nous pouvons nous mettre au défi car en exerçant notre courage, la peur diminuera. Vous avez peur de vous exposer ? Avant d’organiser un webinaire en ligne pour des centaines de personnes, commencez par envoyer une vidéo de présentation dans un petit groupe. La méthode des petits pas permet de rendre le challenge plus accessible. En ce qui me concerne, cela m'aide beaucoup.

7. Se focaliser sur le besoin sous-jacent

La bonne nouvelle c’est que si notre esprit peut construire une idée de danger, il peut aussi construire une pensée alternative, plus agréable et fonctionnelle. Selon le psychologue Jacques Salomé, « derrière toute peur il y a un désir ». Par exemple, la peur de s’engager dans une relation durable peut être due à un très fort désir d’indépendance et de liberté. Par conséquent, il est possible de transformer nos peurs en désirs.

Il est intéressant ici d’aborder la question des peurs sous l’angle de l’énéagramme. Selon cette approche, les 9 profils seraient liés à 9 peurs fondamentales : la peur de mal faire, la peur d’être rejetée, la peur d’être sans valeur, la peur d’être sans identité, la peur d’être incapable, la peur d’être trahi, la peur de la souffrance, la peur d’être contrôlé et la peur d’être perdu. Ces 9 peurs gouvernent 9 processus d’évitement : la colère, nos besoins, l’échec, la banalité, le vide intérieur, la déviance, la souffrance, la faiblesse ou le conflit. Mais au-delà de l’évitement cela correspond à 9 stratégies de recherche, ou 9 besoins : la perfection, le service, être unique, la connaissance, le respect des règles, le plaisir, le contrôle et la paix. Voici donc une manière de comprendre le besoin à combler derrière une peur. J’aimerais citer ici Nelson Mandela : « Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs ». 

8. Rester bienveillant envers soi-même est essentiel.

Bienvenue la peur ! Nous en avons tous, il n’y aucun problème avec ça, bien au contraire : c’est un signe de bonne santé mentale. Tout l’enjeu est de savoir ce que nous allons faire de nos peurs. Accueillez vos peurs et vous verrez que leur impact désagréable et contreproductif diminuera. 

9. Visualiser les résultats

Comment allons-nous nous sentir lorsque nous aurons dépassé nos peurs ? Que nous apportera ce sentiment de fierté et d’accomplissement ?

10. Célébrer nos petits succès

Personnellement lorsque je réalise un petit défi, j’aime bien m’offrir un livre de coaching pour me récompenser.

11. Se faire accompagner dans un processus de coaching

Dans la mesure du possible, c’est l’idéal. Un regard extérieur vous permettra de vous observer sous un nouvel angle. Nous avons beau travailler sur nous-même en solo, le coaching, a l’image d’une longue-vue, nous permet de voir des détails signifiants qui nous auraient échappé sans le regard de l'autre.


J'aimerais conclure en rappelant qu'un être autonome et confiant est moins facile à gouverner qu’un être gouverné par la peur. Ce qui est dangereux ce n’est pas la peur mais l’ignorance qu’elle entretient. Fort heureusement, la connaissance de soi aide à se libérer de ses peurs. Donc se connaître, apprivoiser ses peurs, c’est gagner en liberté, mais aussi en joie de vivre. A ce titre, Don Miguel Ruiz a écrit : « Si vous voulez mener une existence faite de joie et de plénitude, il faut trouver le courage de rompre vos accords fondés sur la peur. » C’est tout le bonheur que je vous souhaite!

Prenez soin de vous et des autres.

Sylvie Lebaz Celton

CEO - Couteau suisse de l'accompagnement scolaire chez Sylvie-Coaching

3 ans

Comme d'habitude excellent article Agathe!

Séverine Maestri

Coach scolaire certifiée (bac+5)

3 ans

😃👏

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