Bilan des fortes pluviométries en mai: impact sur les cultures dans la région Nord Loire
Semis de tournesol, avril 2024

Bilan des fortes pluviométries en mai: impact sur les cultures dans la région Nord Loire

 Article co-écrit avec Marie Monnier-Besombes

Les relevés affichent un cumul de pluviométrie autour de 100 mm pour le mois de mai 2024, contre 40 mm en mai 2023. Les mois précédents ont également été marqués par une forte pluviométrie cumulée qui bat des records. Depuis octobre 2023, le Nord Loire a reçu plus de 700 mm d'eau de pluie cumulée en moyenne sur le territoire. Cela n'avait pas été vu depuis 1856 : en 8 mois, c'est l'équivalent du volume d'une année entière qui est tombé du ciel (650 mm en moyenne). Les fortes pluviométries de fin d'automne avaient causé un retard de semis des blés et orges notamment. La pluie continuant de tomber en hiver, cela a rendu difficile toute intervention pour gérer les adventices des parcelles et la fertilisation des cultures en place.

Au printemps – et même si on ne l'a pas ressenti – les températures étaient relativement hautes et associées à cette forte pluviométrie, cela a créé un climat favorable au développement des maladies dans les champs. Cette forte pluviométrie du mois de mai 2024 a eu pour conséquences de retarder les semis des cultures de printemps comme les maïs, tournesol, quinoa et sarrasin. Les maïs et tournesol sont généralement semés fin avril / début mai.

 

Parmi les exploitations que j'accompagne, en moyenne seulement 30% des surfaces prévues en culture de printemps avait pu être semées à cause de l'impossibilité de pénétrer dans les champs. Parmi cette faible surface semée, il n’est pas rare de voir des jeunes pousses noyées ou dévorées par les limaces (favorisées par la météo). Certains agriculteurs ont été dans l'obligation de les re-semer (multipliant ainsi par 2 le coût des semences et du semis bien évidemment).

Début juin, les conditions physiques sont plus favorables aux semis. Certes, mais avec quelles conséquences ? Avec un mois entier de retard, il est nécessaire de sélectionner des variétés avec un développement très rapide. Or, les semences de ce type ne sont pas disponibles en très grand nombre. De plus, il est difficile de garantir le rendement et la qualité nutritive nécessaire pour la nutrition animale.

Ces semis tardifs seront encore peu développés lorsque les fortes températures vont arriver, et seront moins résistants à la sécheresse. C’est logique : plus on sème tard, plus on récolte tard. Les tournesols et maïs se récoltent en fin d'été, jusqu’à fin septembre lorsque les conditions météo sont encore sèches. Cette année présente le risque que les cultures de printemps arrivent à maturité fin octobre / début novembre, dans un contexte climatique plutôt humide. Une pluviométrie conséquente en automne 2024 rendrai difficile et médiocre la récolte des maïs et tournesols semés tardivement en juin.

L’ultime conséquence de ce décalage se trouve dans la temporalité des chantiers agricoles. Il n’est pas rare qu'après du maïs ou du tournesol, les agriculteurs sèment du blé ou de l'orge. Normalement, ils sèment dans la première moitié du mois d’octobre. Un retard des récoltes des cultures de printemps entraîne systématiquement un recul de semis des céréales à pailles d'hiver (blé, orge), ce qui à son tour augmente le risque d'avoir des conditions difficiles de travail de la terre, comme ce fût le cas en 2023… Une crainte plus que légitime de la part des agriculteurs qui en ont fait les frais l'an dernier.

Le changement climatique apparaît souvent comme une catastrophe silencieuse, dont les effets restent difficiles à discerner dans la vie quotidienne. Le cas présenté ci-dessus montre que les conséquences sont pourtant bien tangibles.

 

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