« Être des apprenants plus que des sachants »
« Être des apprenants plus que des sachants » Un bonne base philosophique partagée par Mr Philippe Gates lors de sa conférence à l’AG de ma coopérative la CAPL qui portait sur les défis que doit relever l’agriculture et notamment comment saisir les opportunités données par l'offre thermique non pas comme de la résistance au réchauffement climatique ni même par de la résilience mais par une adaptation voire une transformation.
Dans ce contexte, l’eau est l’élément clé. La sécheresse a un impact moyen de 8 qx sur sol profond et 25 qx sur sol superficiel. Les nodosités des légumineuses ne peuvent fonctionner sans eau. La maitrise de l’irrigation est alors capitale. Il faut réfléchir à des solutions de recyclage de l’eau, eaux de traites, eaux des villes et des champs, eaux du ciel avec l’ouverture du débat sur les bassines. C’est là une idée reçue qu’elles siphonnent l’eau des nappes phréatiques, elles captent seulement 1,1 % de l’eau de pluie hivernale. Nous avons tout intérêt à innover dans le stockage. L’autre alternative est d’augmenter la tolérance au stress hydrique soit en choisissant des espèces comme le quinoa adaptée à la sécheresse (petit clin d’œil ici à notre coopérative leader européen de la production de cette céréale avec le Quinoa d’Anjou), soit promouvoir les nouveaux produits à effet physiologique dit "stay green" comme les Strobilurines. Est-ce aussi le cas des phytosterols type Best A (Elicit Plant)?
L’agriculture ne doit pas se limiter à un rôle de production, elle peut aussi faire sa part dans l’atténuation du dérèglement climatique. La France est responsable de 1% des émissions mondiales de Gaz à effet de serre et la ferme France ne représente que 0.2%. La France est le seul pays qui diminue sa production de GES. 50% de ses GES proviennent de l’élevage et l’autre moitié vient de la fertilisation Azoté (N). Il est donc nécessaire de piloter la fertilisation avec des outils de diagnostic et de fertilisation. La coopérative déploie les outils d’agronomie de précision comme Be API et Farmstar qui permettent de mettre la bonne dose d’Azote au bon endroit et au bon moment en tenant compte de l’hétérogénéité des sols! D’autres leviers pour réduire les intrants azotés peuvent être actionnés comme la fixation de l'azote de l'air grâce à l’incorporation dans les stomates des cultures de bactéries naturellement fixatrices (Ex. Blue N) ou encore par des méthodes d’Agroécologie comme les mélanges variétal : associations des cultures avec des légumineuses. La couverture hivernale des sols par des intercultures fixatrices d’Azote pour le restituer à la culture suivante est aussi une solution agronomique pertinente pour réduite les apports d’azote minéraux. Ces couverts sont d’ailleurs aussi appelé "Engrais vert". Parmi les innovations de nouvelles pistes sont explorées comme les corridors lumineux qui consiste à semer le maïs avec des inter-rangs très espacés et y introduire des couverts de légumineuses ou encore des agroéquipement de précision capable de broyer culture associée seulement.
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Les agriculteurs Français en adéquation avec les attentes sociétales sont engagés dans la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaire PP. Les essais montrent qu’elle peut être baissé jusqu’à qu’une 14% avant de risquer une perte de rentabilité ou un accroissement significatif de la charge de travail. Pour accompagner cette diminution il faut promouvoir l’utilisation des bio-contrôle mais certains bio-agresseurs n'ont pas de solution en bio-contrôle comme la gestion des adventices, pucerons, rouille... Il faut également optimiser leur utilisation grâce à un OAD ? La diminution des PP passe surtout par le levier génétique à savoir la sélection variétale pour des cultures naturellement résistantes. Là aussi l’agroéquipement aura un rôle avec notamment le désherbage ciblé par cartographie ou identification des adventices en temps réel voire des robots arracheurs autonomes. La piste des stimulateurs des défenses des plantes est également à explorer comme celle de la confusion olfactive pour les insectes ou l’allopathie avec des associations de culture.
L’agronomie a encore de beaux jours devant elle et tout un champ de possible à explorer avec l’essor des connaissances sur le microbiote des sols et des plantes, cette population des micro-organismes qui participent à l’équilibre écologique. De plus en plus de solutions sont proposées pour préserver et nourrir ces populations.
Je remercie très chaleureusement Mr Philippe GATES pour son intervention qui a su associer avec des mots simples toute la complexité des défis à relever et les solutions que nous portons au quotidien dans nos métiers d’agriculteurs et techniciens !