Bioprogressistes versus bioconservateurs, et vous, dans quel camp êtes-vous ?
Dans une ère où les recherches et avancées technologiques et biologiques explosent, de nouveaux courants de pensées culturels et intellectuels naissent et grandissent chaque jour.
D’une part, évoluent les bioprogressistes ou les transhumanistes, dont le but est d’améliorer l’Homme et la condition humaine grâce au développement des biotechnologies (pour ceux qui souhaiteraient approfondir la question, je vous invite à lire mon article « Le transhumanisme en bref »). D’autre part, existent les bioconservateurs, qui s’opposent au courant transhumaniste par le refus d’utiliser la technologie pour modifier la nature humaine et le génome humain.
Une amélioration de l’Homme versus une dégradation de l’Homme
Les transhumanistes ou bioprogressites espèrent, grâce à l’avancée des nouvelles technologies, des biotechnologies et de l’intelligence artificielle améliorer l’humain, perfectionner ses capacités physiques et mentales. Ces améliorations permettraient d’éloigner des événements considérés difficiles, indésirables, de nature négative, comme il en existe dans la vie d’un humain ordinaire à ce jour : la souffrance, le handicap, la maladie, le vieillissement, la mort… De leur point de vue, il s’agirait de rendre la condition humaine meilleure.
Des anti-transhumanistes, aussi nommés bioconservateurs, tels que Michael Sandle ou Francis Fukuyama, s’insurgent de cette volonté et ce désir de tenter de contrôler la nature humaine. Ce dernier affirme même que cela serait l’idée la plus dangereuse du monde. Pour ces acteurs de la thèse anti-transhumaniste, l’être humain est un être complet, équilibré, subtil, que la nature a construit et nous a offert. Ils sont entièrement contre l’idée d’aller dérégler cette biologie, ce génome humain, les risques étant bien trop importants. Un comportement prétentieux et dangereux est parfois reproché à ces hommes qui aimeraient se transformer en surhommes, et se prennent même pour le créateur ! Pourquoi ne pas apprécier ce que la nature nous a offert ? Pourquoi ne pas avoir un meilleur sens de l’humilité et une gratitude plus profonde pour simplement accepter notre condition naturelle ?
A ces propos, Richard Bailey, grande figure du mouvement transhumaniste, rétorque que c’est bien au contraire le « mouvement qui incarne les aspirations les plus audacieuses, courageuses, imaginatives et parfaitistes de l’humanité. »
Allen Buchanan, auteur de Beyond Humanity, alimente grandement la cause transhumaniste. Il explique, en réponse aux dires de ses adversaires, que depuis la nuit des temps le génome humain est transformé. Il n’a cessé d’évoluer et l’évolution fait partie intégrante de celui-ci. L’Homme n’a cessé de se développer naturellement avec les années, la nature n’a de cesse de faire des tentatives de changement ou d'évolution. Tentatives réussies ou échouées, il ne s’agit pas d’accorder de notions ou valeurs manichéennes à la nature. Le génome humain est modifié de génération en génération depuis toujours. Aujourd’hui, par son évolution, par son développement et ses recherches, l’Homme est capable de résoudre des situations problématiques. Pourquoi ne pas tenter d’améliorer la condition humaine ? Pourquoi ne pas tenter d’améliorer nos conditions physiques et intellectuelles pour tendre vers une vie meilleure ? Il ne s’agit pas ici de vouloir contrôler l’humanité, d’avoir une maîtrise totale, d’atteindre la perfection. Il s’agit d’une préservation et d’une augmentation du bien-être humain.
Le posthumain versus l’humain « ordinaire »
Aux questionnements présentés ci-dessus s’ajoute une autre critique massive de la part des bioconservateurs au projet transhumaniste. Une inquiétude importante est liée aux enjeux du transhumanisme. Qu’en sera-t-il de la justice sociale ?
Que se passera-t-il entre les posthumains et les humains ordinaires ? Imaginons-nous dans quelques décennies, si, par conviction, des humains ordinaires ne souhaitent pas accéder au statut de posthumains, si des humains ordinaires n’ont pas les moyens financiers d’accéder et de profiter de ces nouvelles technologies, que se passera-t-il ? Tenter d’aller au-delà de l’homme d’aujourd’hui, produit de la nature, entraînera une situation duelle, alimentée de conflits. Cela fera perdurer et creuse des inégalités sociales déjà existantes, s’alarment les bioconservateurs.
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Aussi, des partisans de l’anti-transhumanisme, critiquent l’idée néo-libérale individualiste des bioprogressistes. Ils reprochent à ce mouvement la culture de la performance et l’éloignement de la pensée sociale et du projet collectif.
Tant de questionnements et d’enjeux pour le monde de demain… Et vous, où vous situez-vous ?
Sources :
Développement partenarial
4 ansMerci Mahault pour ce partage. Pour ma part, je m'interroge encore et encore sur ce sujet. Celui-ci nécessite de la réflexion, des échanges et du temps pour appréhender toutes les facettes. Toutefois, sortant de la lecture du roman "Luka" de Franck Thuilliez, je me pose sincèrement des questions sur la capacité et la volonté de l'Homme à lutter contre une certaine nature humaine qui peut-être si obscure, individualiste et destructrice... A suivre
Content Manager chez Speexx
4 ansIntéressant, clair et équilibré, bravo Mahault !