Fiche de lecture : Le Meilleur des Mondes, Aldous Huxley
Le Meilleur des Mondes est un roman d’anticipation dystopique anglais écrit par Aldous Huxley en 1931 et publié en 1932. Son titre original est Brave New World, littéralement “On n’arrête pas le progrès”, mots prononcés ironiquement par Miranda dans l’oeuvre de Shakespeare La Tempête, Acte V, Scène 1 :
“O wonder!
How many goodly creatures are there here!
How beauteous mankind is! O brave new world,
That has such people in’t.”
« Ô, merveille !
Combien de belles créatures vois-je ici réunies !
Que l'humanité est admirable !
Ô splendide Nouveau Monde
Qui compte de pareils habitants ! »
Le titre français fait référence au Candide de Voltaire, un héros naïf et cruellement moqué pour son optimisme “ Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles."
Le Meilleur des Mondes d’Huxley figure à la 5e place dans la liste des cent meilleurs romans de langue anglaise du xxe siècle établie par la Modern Library en 1998.
1. L’auteur : Aldous Huxley
Aldous Huxley est un écrivain et philosophe britannique. Humaniste, pacifiste et satiriste, il est reconnu comme l’un des plus grands intellectuels de son temps, nommé sept fois pour le Prix Nobel de Littérature.
Il s’est intéressé à des sujets spirituels;
- la parapsychologie c’est-à-dire l’étude des phénomènes paranormaux,
- le mysticisme, une doctrine philosophique faisant une part essentielle au sentiment, à l’intuition,
- l’universalisme, qui repose sur l’idée que les hommes étant dotés de la raison et de la parole, ils sont supérieurs à toutes les autres créatures et peuvent s’accorder dans un consentement universel.
Ces réflexions ont profondément influencé son oeuvre.
2. Le contexte de publication de l’oeuvre
Brave New World est publié au début des années 1930, juste après le krach boursier de 1929, qui met fin aux “années folles”. La décennie 1920, entre deux guerres, est marquée par une très forte croissance économique, c’est l’essor de la société moderne. A ce moment de l’Histoire, on assiste à des progrès scientifiques technologiques et médicaux sans précédent, mais également à la montée du totalitarisme, à l'envolée de la société de consommation et aux craintes nouvelles quant à la surpopulation.
Le roman anticipe de grandes avancées scientifiques et sociales et les problématiques éthiques et philosophiques qui en découlent.
3. Bref résumé
Il se déroule dans une société future, un Etat-monde ayant pour devise “communauté, identité, stabilité”. L’Etat monde est une société entièrement régulée et contrôlée, dans laquelle les individus appartiennent tous à une caste : les Alphas, les Betas, les Gammas, les Deltas et les Epsilons. Les capacités intellectuelles et physiques étant génétiquement modifiées et programmées pour aller de beau et intelligent jusqu’à laid et idiot, selon la fonction sociale.
Chacun est également conditionné dès la naissance et ne sert qu’une cause, le bien commun social, poussé à l’extrême.
La population est également contrôlée par le soma, une drogue utilisée comme médicament pour annihiler toute manifestation émotive ou sentimentale, hormis la plénitude, atteinte dans un état quasi hypnotique.
4. “Le meilleur des mondes” d’Huxley face à… notre monde
Le chef-d’oeuvre de 1931 dépeint en quelque sorte le monde dans lequel nous vivons, et surtout, celui vers lequel nous continuons d’aller. A l’heure de la mondialisation, de l’omniprésence technologique et de notre croissante addiction à celle-ci, la science-fiction devient la réalité.
John Naughton l’écrivait dans l’article “Aldous Huxley : the prophet of our brave new digital dystopia”, publié en 2013 dans le journal The Guardian :
«Nous avons oublié l'intuition d'Huxley. Nous n'avons pas réussi à nous rendre compte que notre emballement pour les jouets élégants produits par les Apple et Samsung –combiné à notre appétit apparemment insatiable pour Facebook, Google et d'autres entreprises qui fournissent des services "gratuits" en échange de détails intimes de notre vie quotidienne– pourrait bel et bien se révéler comme étant un narcotique aussi puissant que le soma l'était pour les habitants du Meilleur des mondes. [...] Ayons une pensée pour l'écrivain qui a perçu l'avenir dans lequel nous apprenons à aimer nos servitudes numériques.»
Enfin, rappelons la définition de dystopie, une “société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire ou une idéologie néfaste, telle que la conçoit un auteur donné.”
Sommes-nous les auteurs de notre propre dystopie ?
L’avènement des nouvelles technologies a-t-il mis en péril, voire annihilé, les libertés individuelles ?
La science, les expérimentations biologiques, les idéaux transhumanistes ne dénaturent-ils pas l’essence même de l’Homme ?
Les réseaux sociaux ne nous conduisent-ils pas à une contemplation malsaine et narcissique de nos propres vies, à une recherche superficielle et vaine de la perfection et du Beau absolu ?
La mondialisation et notre obsession à vouloir faire partie d’un tout ne nous empêche-t-elle pas de voir et d’appréhender le monde qui nous entoure et se dérobe sous nos pieds ?
Pourquoi la recherche du bonheur nous rend compétitifs vis-à-vis de celui-ci, pourquoi la sensibilité et les émotions devraient être réprimées plutôt que d’apprendre à vivre avec elles ?
Le bonheur constant n’est-il pas un leurre ? La réussite ne naît-elle pas des échecs, et par “échec”, j’entends “apprentissage” ? Comment accepter l’impossible injonction à être heureux à chaque seconde de sa vie, quand on grandit de nos doutes et de nos incertitudes ? Pourquoi dompter la nature humaine, plutôt que de l’apprivoiser ?
“Qui ne dit mot consent.”
Ignorer ces questions fondamentales à la construction de la société de demain, ignorer les progrès exponentiels de la science, de la technologie, de la biologie et les questions éthiques et philosophiques qui en découlent c’est mettre en péril l’équilibre fragile de nos environnements socio-culturels.
Je pense fermement et sincèrement que chacun est pleinement capable de s’épanouir en tant qu’individu, dans toute la richesse de son unicité et de sa complexité. Aujourd’hui plus que jamais, développer sa capacité de réflexion, d’opinion, de compréhension, c’est pouvoir comprendre le monde. Développer sa capacité à confronter de points de vue, à étudier différentes facettes d’un même sujet, c’est être acteur. Développer sa capacité à mettre de la valeur à ce que l’on pense, c’est mettre de la valeur à chaque vérité. Ne plus chercher à conformer et à se conformer, ne plus chercher à être comme l’autre, c’est le faire grandir. Vivre en communauté, c’est s’éveiller et s’élever les uns et les autres et non se mimer. S’affirmer, c’est devenir responsable.
Oscar Wilde nous disait “Soyez vous-mêmes, tous les autres sont déjà pris”. Cultivez votre différence, soyez vous-même et dites le très fort. Le futur vous remercie.
Think outside the box !
Pensez différemment !
Je finirai sur les mots de Terence McKenna,
« C'est clairement une crise de deux éléments : de la conscience et du conditionnement. Nous avons la puissance technologique, les capacités techniques pour sauver notre planète, pour guérir les maladies, pour nourrir les affamés, pour mettre fin aux guerres. Mais nous manquons de vision intellectuelle, de la capacité à changer nos esprits. Nous devons nous déconditionner de 10.000 ans de mauvaises conduites. Et ce n'est pas facile. »
Consultante RH-Sophrologue-Praticienne EFT
4yBel article, personnellement j'ai commencé le livre 2 fois, je ne l'ai jamais fini...Être en conscience, avoir des connaissances, développer son analyse tout cela est important pour rester autonome et libre. Belle journée 🌞