Black Mirror
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Black Mirror

Le progrès technique/technologique ne cesse de transformer nos existences (ô la belle découverte que voilà !). Il affecte nos vies dans des proportions que beaucoup d’entre nous mesurons mal parce que cela se passe de manière insidieuse. Je me souviens, dans les années 1998, de cet ami qui déjà préférait retirer des sommes importantes aux distributeurs automatiques pour se prémunir, en effectuant ses paiements en argent liquide, contre les intrusions de la société de surveillance dans sa vie. Les billets de banque offraient une liberté de mouvement que les paiements par carte de crédit détruisent malgré nous, parce qu’ils mesurent, datent, et localisent. À l’époque, j’observais son comportement avec amusement, considérant ses précautions comme excessives. Je me dis aujourd’hui qu’il était clairvoyant sur les dangers que les nouvelles technologies font courir sur nos libertés (dès lors qu’elles sont employées à mauvais escient). La série Black Mirror propose un regard pessimiste et probablement clairvoyant sur le devenir de nos sociétés qui, ne sachant pas suffisamment se prémunir contre l’aliénation technologique, mettent nos libertés en péril. Intelligence artificielle et délégation intellectuelle (nous nous en remettons déjà largement aux outils informatiques pour la gestion de nos vies quotidiennes), dictature numérique, implants, robotisation, automatisation, systématisation... Les auteurs ont eu les coudées franches pour libérer leurs imaginations et nous plonger dans des futurs cauchemardesques (et vraisemblables)... Les épisodes sont sans lien les uns avec les autres (rare série non-feuilletonnante), conçus comme des moyens métrages d’anticipation, tous extrêmement bien produits, avec notamment des effets spéciaux très haut-de-gamme. Ce qui impressionne le plus, c’est l’originalité des histoires racontées. On ne peut qu’être admiratif de l’imagination des auteurs de cette série et du sérieux de leur travail d’écriture. La plupart des épisodes sont par ailleurs d’une grande noirceur, et certains sont d’ailleurs assez violents. Il y a cependant peu de séries aussi surprenantes et aussi bien produites...

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