Blockchain et IA, l'avenir de la comptabilité

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L'arrivée des technologies de rupture que sont la blockchain et l'intelligence artificielle laisse entrevoir une véritable révolution dans le monde, notamment de la comptabilité mais aussi dans l'accès et le partage des connaissances et en particulier financières. En conclusion de mon article Humanité 3.0 j’avais déjà évoqué l’IA comme étant un outil révolutionnaire de diffusion de la connaissance, comme l’imprimerie de Gutenberg.

Alors que la comptabilité n'a guère évolué depuis des siècles dans ses principes, l'avènement du Web3 et des protocoles décentralisés avec la blockchain remet en cause nombre de ses fondamentaux (voir l’article Humanité 3.0). La transmission d'informations comptables vérifiables par tous et infalsifiables sur des registres publics semble promise à un bel avenir. De quoi rendre la comptabilité plus transparente et plus fiable. Du côté de l'intelligence artificielle, les prévisions de remplacement des comptables par des machines semble évident. Les tâches automatisables seront confiées à des assistants virtuels, permettant aux professionnels qualifiés de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Le mariage de l'IA et des mégadonnées comptables promet des analyses prédictives extrêmement puissantes donnant une vraie facilitation du travail de certains professionnels, une gestion budgétaire des ménages  ou encore un avantage concurrentiel aux entreprises à la pointe.

En substance, ce sont donc à la fois la manière de traiter, stocker et auditer les informations, en particulier les informations financières, mais aussi d'analyser ces big data, qui se trouvent aujourd'hui disruptées par l'émergence du Web3 et de l'IA. Une révolution technologique et épistémique qui nécessite néanmoins d'établir un cadre éthique et de nouvelles formes de gouvernance pour en assurer le développement harmonieux au service du bien commun.

La blockchain, outil de confiance

L'avènement des blockchains et de la technologie de registres distribués s'annonce comme un bouleversement profond des pratiques comptables. En permettant l'enregistrement et le partage de données financières de manière décentralisée, sécurisée et transparente, les blockchains posent les bases d'une confiance et d'une coopération accrues entre les acteurs de la comptabilité.

La technologie blockchain permet d'enregistrer des informations, notamment des transactions financières dans des registres distribués, sans organe central de contrôle. La décentralisation et l'usage de la cryptographie rendent ces données immuables et transparentes pour les parties prenantes, renforçant la confiance entre les parties. Les protocoles décentralisés de finance (DeFi) permettent d'effectuer des transactions financières peer-to-peer sans passer par un intermédiaire central. Appliqué à la comptabilité, ce principe de désintermédiation pourrait, à terme, transformer en profondeur le rôle des tiers de confiance traditionnels que sont les banques, les cabinets comptables ou d'audit et les régulateurs. Le Web3 prône un partage accru des données et des connaissances. Appliqué à la comptabilité, traditionnellement cloisonnée, ce principe favorise l'émergence de nouveaux modèles basés sur la collaboration et le partage des données financières en open data. Les organisations sont ainsi incitées à plus de transparence dans un esprit de responsabilité sociale, individuelle pour l'intérêt collectif.

La blockchain inscrit la comptabilité dans l'ère de la confiance et de la coopération distribuée, à condition que des garde-fous soient établis pour protéger la confidentialité des informations sensibles et éviter les dérives. Sur ce point, les ZKP (Zero Knowledge Proof) ont beaucoup d’avenir !

La réussite de cette véritable révolution comptable reposera grandement sur l'accompagnement des professionnels. Comptables, auditeurs, régulateurs...tous devront monter en compétences sur ces technologies de rupture que sont la blockchain et l'IA. Les ordres et institutions comptables ont ainsi un rôle clé à jouer en matière de formation et de diffusion des bonnes pratiques pour une intégration réussie de ces innovations. Il faudra conjuguer expertise métier et maîtrise des derniers outils numériques. Parallèlement, puissance publique, chercheurs et entreprises porteuses de ces solutions technologiques devront renforcer leur dialogue. Ensemble, ils contribueront à dessiner les contours éthiques et juridiques garantissant un développement harmonieux de la blockchain et de l'IA pour la comptabilité. La définition de standards ouverts, la transparence des algorithmes, la certification des applications ou encore les modalités d'archivage de ces nouvelles données comptables soulèvent des questions inédites qui dépassent le seul secteur de la comptabilité. Sur le terrain, les premiers projets pilotes concrets apporteront un éclairage précieux. Qu'il s'agisse d'expérimentations de blockchain pour certifier la provenance responsable des produits ou encore de solutions d'IA de détection des fraudes, les cas d'usages permettront de passer de la théorie à la pratique. Ils donneront des indications concrètes sur les possibilités et les limites des technologies concernées. Si la transformation numérique de la comptabilité s'opère déjà à court terme, la réflexion doit également s'orienter vers le long terme. Demain, la généralisation des objets connectés et de la traçabilité numérique pourrait permettre des formes de comptabilité automatisée décentralisée. S'invente peut-être aussi une comptabilité nativement intégrée dès la conception des produits et services. Autant de pistes qui bousculent sans doute les paradigmes établis. Bien sûr, le chemin à parcourir reste long et incertain avant de telles avancées. Mais si les défis techniques sont relevés et qu'un cadre éthique robuste est établi, alors oui, cette révolution technologique comptable pourrait bel et bien être mise au service du bien commun. Plus de transparence, d'inclusion financière, de lutte contre la fraude...Ce qui n'était que promesse un temps deviendra peut-être réalité tangible. À condition de vouloir collectivement saisir cette opportunité.

L'IA, processus de comptabilité efficients

Si la blockchain s'apprête à transformer les principes comptables, l'intelligence artificielle (IA) promet d'améliorer considérablement les pratiques quotidiennes. En automatisant les tâches répétitives et en permettant des analyses prédictives puissantes, l'IA donnera un avantage concurrentiel à ceux qui l'adopteront en premier avec des outils à la pointe de la technologie.

L'intelligence artificielle permet d'automatiser un grand nombre de tâches comptables répétitives : saisie et classification des pièces comptables, rapprochement bancaire, calcul des salaires, etc. Les bots et les assistants virtuels se chargeront des travaux à faible valeur ajoutée, libérant du temps pour les professionnels. En exploitant les mégadonnées financières grâce à l'apprentissage des machines, l'IA introduit des capacités d'analyses prédictives inédites : projections financières, détection de fraudes (Broker Defense travaille sur ce sujet), personnalisation des rapports, etc. De quoi piloter finement sa performance. Les entreprises intégrant rapidement l'IA dans leurs processus financiers et comptables pourront prendre une avance décisive sur leurs concurrentes. Les cabinets comptables sont d'ailleurs en pleine course technologique sur ces sujets. Maîtriser l'IA sera vital pour ne pas disparaître.

Ainsi, si la blockchain actualise les principes de la comptabilité, l'IA semble promise, elle, à rendre la pratique comptable plus performante, collaborative et créative. À condition de placer l'éthique au cœur de ces algorithmes en devenir.

Conclusion

L'avènement de la blockchain et de l'intelligence artificielle s'annonce donc révolutionnaire pour la comptabilité et les métiers associés. Mais pour que ces innovations débouchent sur un progrès global plutôt que sur de nouvelles formes d'inégalités, un certain nombre de garde-fous devront être mis en place.

Des principes éthiques fondamentaux devront guider le développement de ces technologies pour garantir la transparence des algorithmes, le respect de la vie privée des utilisateurs, et prévenir de potentiels biais ou dérives.

In fine, tout l'enjeu réside dans notre capacité à exploiter le potentiel immense de la blockchain et de l'IA pour les mettre au service du plus grand nombre. Qu'il s'agisse de renforcer la confiance, l'inclusion financière et la traçabilité, ou encore de lutter contre la fraude, les applications sont multiples. À condition que la volonté politique et citoyenne soit au rendez-vous.