Ce que vous ignorez (peut-être) sur Didier Deschamps

Ce que vous ignorez (peut-être) sur Didier Deschamps

Tenace, ambitieux, malin, stratège, mélancolique, gagneur : nombreux sont les adjectifs pour décrire Didier Deschamps. "DD", c'est avant tout l'histoire d'un homme pour qui la victoire ne dure qu'un instant, l'essentiel se situant toujours dans l'étape suivante. Entre un désir perpétuel d’être le numéro uno et les blessures du passé, le Basque est désormais face à son rêve : faire briller l'équipe de France.

Mais au final, qui est vraiment Didier Deschamps ? Pour répondre à cette question, voici 5 choses que vous ignorez peut-être sur l'actuel sélectionneur des Bleus.

Il colle son premier râteau à 12 ans

Depuis son plus jeune âge, Didier Deschamps aime le gout de l’effort physique et le dépassement de soi à travers le sport. Petit, il pratique le rugby, le handball, le saut en longueur et bien sur la pelote basque. Mais c’est à la course à pied que la Desh’ remporte ses premiers trophées. Champion d’académie, il s’octroiera plusieurs titres départementaux, puis régionaux. A 11 ans, il devient Champion de France scolaire (sur 1000 mètres) et prouve déjà qu’à cet âge-là, il est de ceux pour qui la victoire n’est pas une éventualité mais bien une nécessité. « Je détestais perdre. Jouer pour jouer ça ne m’intéressait pas. J’étais horrible. Je piquais des crises. Mauvais joueur ? Plus que ça encore… » Un label winner certifié. « Ce jour-là, je suis parti comme un fou. Mon professeur, inquiet, m’a tout de suite demandé de ralentir, mais je ne l’ai pas écouté. J’ai conservé ma cadence et j’ai fini, seul loin devant tout le monde. » La volonté d’un titan en plus.

Mais voilà, alors qu’il est plutôt doué balle au pied, DD n’est pas spécialement attiré par le football. Bien sur, il aime y jouer dans la cours de récré ou en famille, mais c’est son meilleur ami (Manu) qui doit le convaincre de s’inscrire dans un club. Deux possibilités s’offrent à lui, les Genets d’Anglet ou l’Aviron Bayonnais. Quand son père lui demande lequel il préfère, Didier est direct : « Sûrement  pas aux Genets, personne n’est jamais sorti de là ! »

À seulement 12 ans, il affiche clairement ses ambitions : s’il s’inscrit dans un club, cela doit avoir un sens. Celui d’une possible ascension. Il rejoint donc l’Aviron en 1980. Les entraîneurs sont épatés par sa qualité footballistique, son endurance, son intelligence et sa science du placement. La Desh’ est en marche vers son destin.

« Je n’ai jamais oublié ce que Didier avait fait par amitié ce jour-là. »

En 1984, Didier a 16 ans. Il a rejoint le FC Nantes deux ans plus tôt après avoir refusé les avances de Bordeaux et de l’ASSE. Au départ, le changement de vie est difficile pour la Desh'. La faute à un éloignement de son pays natal, des compagnons pas toujours très sympathiques, et une jalousie chronique envers un talent déjà bien visible mis en avant par ses éducateurs qui créera un fossé entre le groupe et lui. Mais voilà, Didier serre les dents, souffre en silence. Il sait bien qu’un jour le travail finira par payer. Et trouve même le moyen de se faire accepter par ses compagnons. Une histoire d’alcool, comme bien souvent. C’est aussi à cette époque qu’il noue une amitié indéfectible avec Marcel Desailly.

Une terrible épreuve va d’ailleurs lier éternellement les deux hommes. Le 18 novembre 84, le demi-frère de Marcel, Seth Adonkor – qui évolue aussi au FC Nantes – est tué dans un accident de voiture. Aucun dirigeant n’a le cran d’annoncer la nouvelle à Marcel. Du haut de ses 16 ans, c’est donc Didier Deschamps qui va assumer cette responsabilité. « Je n’ai jamais oublié ce que Didier avait fait par amitié ce jour-là. A quel point ça avait dû être dur. Depuis, il représente tout pour moi. »

Que dire de plus ?

Il aurait pu ne jamais revenir à Marseille

En 1989, Bernard Tapie est aux commandes du club phocéen. L’OM joue bien avec Enzo Francescoli, Chris Waddle et JPP devant, certes, mais manque d’un aboyeur au milieu de terrain, d’un joueur capable de ratisser les ballons. Tapie mise alors sur Deschamps (21 ans à l’époque). Un pari raté. DD est prêté aux Girondins la saison suivante. « J’avais envie de l’emmerder, c’est pour ça que je l’ai prêté à Bordeaux, raconte Tapie. Il m’avait bien déçu et pas mal gavé pendant ces quelques mois. Je l’ai envoyé là-bas pour lui faire les pieds, et surtout parce que je ne comptais plus sûr lui. J’avais beaucoup misé sur ce jeune, mais j’étais désormais certain de m’être trompé. Comme quoi… »

La Desh' effectue une bonne saison à Bordeaux et, à l’intersaison, il espère pouvoir revenir jouer les premiers rôles à l’OM, mais voilà : Bernard ne l’entend pas de cette oreille. « En fin de saison, alors qu’il pensait en avoir terminé avec sa pénitence bordelaise et se préparait à rentrer à Marseille, je l’ai fait venir chez moi à Paris*. Pour commencer, je lui ai dit : « Je vais te transférer. » Je pensais sincèrement que ce n’était pas bon pour lui de se retrouver sur le banc. Il a répondu « Non », un non sec et définitif. Je lui ai répété ce que je lui avais dit un an plus tôt, à savoir qu’il n’avait pas le niveau pour jouer chez nous. » « Je vais vous prouver le contraire » répondra Deschamps. La suite de l’histoire on la connait : 2 titres de Champion de France (90,92) et en prime le dépucelage du football Français avec la prestigieuse Ligue des Champions en 93. Et ce, face à l’AC Milan tout en étant capitaine du navire. « Comme quoi » dirait Bernard.

Il n’a pas fait comme Mourinho

Saison 2003/2004. Après s’être offert le scalp du Real Madrid et de Chelsea, l’AS Monaco rejoint le FC Porto en finale de la Ligue des Champions. L’exploit est immense. Malheureusement, l’ASM s’incline lourdement (3-0) et voit son rêve de soulever la coupe aux oreilles s’envoler. Mais l’essentiel est fait pour Didier, il a prouvé qu’il était bel et bien un grand coach en devenir. Lors de la demi-finale face aux Blues, Roman Abramovich en a d’ailleurs profité pour lui glisser deux mots. « Après la demi-finale, Abramovich et moi avons un peu parlé et la conversation s’est bien passée. Mais nous avons perdu la finale et il s’est décidé pour Mourinho. » José, lui, avait refusé de s’entretenir avec le boss de Chelsea avant la fin de la compétition, à l’inverse de DD.

On vous l’accorde, ça ne fait pas avancer le schmilblick : mais ça reste une anecdote pour frimer devant les copains. C’est déjà ça.

Noël n’existe plus chez les Deschamps

Pour certains, Noël est un jour heureux, pour d’autres : c’est tout l’inverse. 1987, la famille Deschamps a prévu de se réunir à Anglet, point d’ancrage familial afin de célébrer les fêtes. Le 21 décembre, le frère de Didier, Philippe, quitte Bruxelles pour rejoindre la France. L’avion décolle en début d’après-midi malgré un mauvais temps. Malheureusement, il n’arrivera jamais à destination. Noël ne sera plus jamais Noël pour les Deschamps. « J’avais 19 ans, j’étais déjà mûr », expliquera Didier lors de rares occasions.

Bien sûr, la vie a continué. Mais si DD affiche une certaine mélancolie par moment, la perte d’un frère n’y est certainement pas innocente.

à voir : Deschamps, le sens de l'histoire

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