Ces femmes qui ont fait l'Histoire

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Kathrine Switzer

La passion de la course à pied

Née le 5 janvier 1947 à Amberg en Allemagne, Kathrine Switzer est la fille de militaire américain. Lorsqu’elle a deux ans, toute sa famille retourne dans leur pays d’origine. Hyperactive, elle pratique le sport dès sa plus tendre enfance. À l’âge de 12 ans, elle commence la course à pied dans le but d’intégrer l’équipe de hockey du lycée. À cette époque là, il n’est pas envisageable pour une fille de courir. En effet, la médecine du sport qui n’était qu’à son balbutiement décrète que les femmes ne sont pas capables de courir sur de longues distances. Utilisant des arguments très peu scientifiques et jouant sur les potentiels risques sur la fertilité et autres conséquences physiques grotesques, ils décident que les femmes n’ont pas le droit de courir plus de 800 mètres en compétition. Mais Kathrine ne renonce pas, elle souhaite continuer la course à pied et notamment dans un club d’athlétisme. Lorsqu’elle rentre à l’université de Syracuse où elle étudie le journalisme et la littérature anglais, elle s’entraîne de façon non officielle avec l’équipe de la crosse masculine. En effet, à cette époque, il n’en existait pas de féminine. C’est là qu’elle rencontre alors Arnie Briggs, le coach de l’équipe qui l’accepte à bras ouverts.

L'appel du marathon de Boston

En 1966, Kathrine entend parler de Roberta Gibb, une femme ayant couru le marathon de Boston en 3 heures, 21 minutes et 25 secondes, mais sans s'y être inscrite officiellement. Elle décide de demander à son coach, qui a lui-même déjà courut une quinzaine de marathons, de la laisser courir avec lui. Il refuse au début, lui aussi influencé par les préjugés de l’époque, mais il décide finalement de l’aider à s’inscrire si et seulement si elle est capable de courir cette distance à l’entraînement et si l’inscription pour les femmes n’est pas strictement interdite par le règlement du marathon. Katherine se renseigne et constate qu’il ne fait aucunement mention d’une interdiction de participation pour les femmes. Elle commence donc les entraînements avec Arnie et arrive bel et bien à parcourir la distance d’un marathon. Respectant son engagement, son coach l’aide à s’inscrire. Elle décide d’utiliser ses initiales K.V (Kathrine Virginia) plutôt que son nom complet, afin d’éviter d’éveiller les soupçons.

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Le jour J

Le marathon de Boston est programmé le 19 avril de l’année suivante. Accompagnée de son coach, de son petit ami Tom Miller et d’un ami de l’équipe de crosse, ils partent en direction de la course. La plupart des coureurs l’accueillent positivement, malgré son apparence et le rouge à lèvres qu’elle porte, personne ne l’empêche de prendre le départ de la course. Elle porte le dossard 261, chiffre devenu plus tard un symbole important pour elle. La météo de ce jour-là est horrible, il fait très froid et il pleut, ce qui ne décourage pas Kathrine, habituée à ce temps depuis des mois. Son rêve se réalise, elle aussi est en train de courir ce parcours mythique. Tout va bien pour elle jusqu’au 6ème kilomètre. Un véhicule officiel du marathon passe à côté d’elle et soudain, les journalistes à bord la voient. Une effervescence se déclenche, les journalistes sortent leurs appareils et la mitraille de photos. Un premier organisateur de la course essaie de l’arrêter sans succès, puis soudain un deuxième surgit, il la retient par le pull et essaie de lui arracher son dossard en lui criant de se "tirer de la course et de lui rendre ces numéros". Son coach intervient et demande à Jock Semple de la laisser courir puis Tom Miller le pousse d’un coup d’épaule puissant sur le bas-côté de la route. Plus personne ne l’empêche alors de passer la ligne d'arrivée. Elle achève le 42,2 kilomètres en 4 heures et 20 minutes, faisant d’elle la première femme à avoir couru un marathon.

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L'après course

Les photos prises par les journalistes au sixième kilomètre de la course font les gros titres de tous les journaux, que cela soit à l’échelle nationale, mais aussi internationale. Kathrine n’en croit pas ses yeux lorsqu’elle découvre la une de l’un d’eux dans un restaurant sur la route du retour. L’affaire fait scandale, et la jeune marathonienne est finalement disqualifiée de la course et suspendue par la fédération américaine d’athlétisme. Trouvant cette décision injuste, elle décide de militer pour que l’association d’athlétisme de Boston autorise les femmes à participer au marathon, mais aussi pour que cette discipline soit accessible aux femmes et qu'elle figure au programme des Jeux olympiques au même titre que celle des hommes. Elle travaille activement à augmenter les opportunités pour les femmes de courir dans le monde entier. Grâce à son travail d’influence, le marathon de Boston devient officiellement ouvert aux femmes en 1972 où elle terminera 3ème. Le premier marathon féminin olympique a eu lieu quant à lui en 1984. Kathrine Switzer remportera même la première place du marathon de New York en 1974 avec un temps de 3 heures, 7 minutes et 29 secondes. Son engagement a largement été reconnu dans le monde entier. Sa passion ne l’a jamais quittée et continue à 73 ans encore de courir des marathons. Kathrine Switzer est la première femme à avoir achevé un marathon en étant inscrite et elle a milité toute sa vie pour qu'elle ne soit pas la seule à pouvoir les courir. Même si aujourd’hui, il va de soi que les femmes peuvent parcourir de longues distances, il n’a pas toujours été ainsi. C’est grâce à des personnes comme elle que la société a changé et que le domaine sportif est devenu accessible à toutes.

Je vous conseille vivement de lire les mots de Kathrine Switzer dans sa retranscription de l'événement ici.

Sources :




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