Ces qualifié(es) inqualifié(es) : Quand le diplôme ne sert à rien et que l'expérience n'est pas pris en compte. update 2021
"Les meilleurs managers que j'ai recruté etaient des personnes avec un master en lettre, ils savent parler au gens , ils savent les écouter." Chargé de recrutement, Aéroport de Chambery Savoie en 2005
Recruteur depuis plusieurs années à l'étranger et en France, j'ai pu observer des pratiques différentes entre ce qui se fait dans les pays à culture Anglo-Saxonne ( plus précisément, aux Émirats et en Grande-Bretagne) et ce qui se fait en France. Je vais donc vous parler du poids de l'expérience et des diplômes. Ceci est un retour d'expériences de personnes ayant travaillées en France que j'ai interviewées au cours des 3 dernières années.
En France les « recalés » au test du CV recevront cela. "Malgré les qualités évidentes de votre dossier, nous ne pouvons suite à votre candidature", "Après avoir examiné avec attention tous les éléments de votre dossier, nous sommes au regret de ne pouvoir y apporter une suite favorable, d’autres profils étant plus en adéquation avec le poste proposé".... À l'étranger les « recalés » recevront sensiblement la même chose. "Thank you for your interest in the XXX position at XXXX in Dubai. Unfortunately, we will not be moving forward with your application, but we appreciate your time and interest in Best in the World Teachers. La faute ? À l'étranger : Ne pas avoir l'expérience nécessaire. En France très souvent, ne pas avoir le "bon diplôme", avec trop peu (à mon goût de recruteur) de considération pour 1) l'expérience 2) le savoir-faire nécessaire, un problème d'adéquation.
Quelle en est la raison ? C'est un défaut qu'on ne rencontre que trop souvent en France et très peu (heureusement) dans les pays anglo-saxons, ou dans les grands groupes internationaux (même français). Cette maladie s'appelle la maladie du "diplôme/expérience". En France le jeu est ainsi et la société le prend pour vérité sacro-sainte : Entre 22 et 25 ans vous passez un diplôme qui tracera quasiment toute votre vie sauf exception ou coup de chance. En même temps on continuera à parler d'évolution de carrière, changement d'orientation, refaire sa vie et, il sera difficile de le faire si vous n'avez pas le bon diplôme (d'où le business de la formation pro ?)! Alors que dans les pays de culture anglo-saxonne, le mouvement d'un emploi à un autre est plus facile et flexible et la transversalité des compétences reconnues. Mes amis et collègues à l'étranger dans leur fin de trentaine ont déjà eu trois ou plus emplois différents et ont changé peut être 5 fois de postes et d'entreprise ces 10 dernières années. On pourrait en dire long aussi sur le point de vue (suspicieux) en France quand on a un CV avec beaucoup d'expériences de 2 ans. Si ça vous arrive , n'hésitez pas à dire la vérité ( les CDI n'existent pas dans beaucoup de pays). Mais revenons au duo Expérience et Diplôme
L'expérience et le diplôme. Un diplôme est une clé qui ouvre certaines portes qui sont des perspectives de carrière, des métiers. Une fois que vous exercez ces métiers, vous apprenez des nouvelles compétences liées à votre métier et souvent aussi des compétences transversales qui ne sont pas forcément liées au métier en question. Cela se passe notamment, lorsque la personne travaille dans une petite structure où la polyvalence est importante ( pour rappel les TPE représentent 96% des entreprises). Moi même j'ai travaillé dans des TPE en France et à l'étranger et je sais de quoi je parle (le matin faire les salaires, l'après midi recruté des profs avant d'aller donner un cours et le soir en cabine son et lumière pour le spectacle des élèves). Pour rappel on peut faire un CA à plusieurs millions d'euros et être une TPE car on emploie moins de 10 personnes. Compte tenu du faible nombre d'employés et du grand nombre de tâches, chaque employé acquiert une polyvalence et un savoir-faire dans de nombreux domaines et métiers annexes, parfois vraiment différent de ceux qu'ils ont appris à l'université.
Je vais prendre l'exemple que je connais le mieux : les écoles de langues en France et à l'étranger. Ces structures sont à plus de 90% des TPE et pour les plus grandes des PME, car divisées en petites unités autonomes. Une école de langue classique compte environ 1000 élèves ( une bonne moyenne) et emploi de 5 à 10 personnes : ( Direction - coordination - secrétariat - professorat permanent). Avec un tel effectif et par souci de rentabilité, la réalité est que la communication, le marketing, le prospect, la RH, les problèmes techniques... sont assurés par tous les membres du staff dont ce n'est pas la spécialité, mais, étant loin d'être bête , il /elle est une personne qui sait apprendre (culture de l'entreprise) et apprend donc à le faire. Croyez-moi après plusieurs années de pratique dans ces domaines, vous devenez bons et précis ; donc vous pourriez travailler aussi dans ce domaine vu que vous savez le faire et que la mode est à la transversalité des compétences (et des happyness manager, qui eux ne servent à rien, tacle gratuit)
Donc on devrait en toute logique valorisée ces savoir-faire et ces expériences ? Mais la réalité est différente selon où on est. En France on vous demande : 1) un Diplôme et 2) des compétences. On pourrait comprendre que ce sont deux choses différentes, mais complémentaires. Et NON. 1) Doit être en corrélation avec 2) et 2) doit être en corrélation avec 1), ce qui fait que 2) est en fait 1.1) et que 1) est aussi 2.1) . Vous comprenez ? Non ? C'est normal, surtout si vous avez travaillé toute votre vie dans le monde anglo-saxon ou 1) et 2) se complètent mutuellement.
Prenons un exemple concret :
- Madame X : diplômée Master socio et Sciences Humaines, ayant travaillée en écoles internationales, ayant été responsable pédagogique… Donc elle exerce un travail qui consiste à gérer la partie administrative et RH de toute l’équipe pédagogique. Elle a donc dû acquérir ces compétences-là via des formations en interne, l'expérience et des formations en ligne. Cependant, elle n'a pas fait de BTS RH. Dans le monde anglo-saxon, on aurait regardé son profil en entier, Socio + expérience en RH = capable de travailler en RH. En France , le "game" est différent : Socio + RH = Diplôme DIFFERENT de l'expérience et expérience DIFFERENTE du diplôme. Donc expérience non valide et diplômée qui n'a rien à voir ( au premier regard). En conséquence, un recruteur lambda préférera un jeune diplômé en BTS RH qu'une personne expérimentée en RH, mais diplômée socio. Et là est le problème français. Le diplôme ne prévaut que SI la personne à de l'expérience et que cette expérience est en relation avec le diplôme. Une expérience sans diplôme ne vaut rien ne fut-elle de plusieurs années.
Il existe des exceptions en France comme Xavier Niel et ses 4 écoles 42. Il existe beaucoup d'articles à ce sujet.
Ce qu'il faut retenir: lorsqu'un recruteur repère des compétences issues d'expériences en inadéquation avec le diplôme, il ne faut pas les écarter, mais au contraire les creuser avec le candidat et surtout les considérer. En quelques questions, on sait si le candidat a menti ou pas.
Les pratiques évoluent en France, mais trop lentement et bien souvent, nous passons à côté de véritables talents. Affinons nos questions et prenons un peu plus de temps pour lire un CV. j'encourage d'ailleurs les candidats à faire des CV de compétences plus que des CV expériences/diplômes, pour faire plus ressortir les compétences.
NSRPD
1 moisEt on fait comment du coup quand on a pas d'expérience et un diplome peu valorisant...A 38 ans quand on a un master et deux stages, une expérience pro de 9 mois et 5 ans de petits boulots, on fait comment ?
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1 ansSuper article merci. Je suis confronté à ce problème depuis que j’ai fini les études. Certes j’ai une grosse expérience dans mon métier mais je n’ai pas le bon diplôme ou le bon niveau de diplôme. Comme si mon expérience de 8ans dans le domaine était caduque…. Je suis bloqué en terme d’évolution et de valorisation. Les RH en France 🇫🇷 me désespèrent. Heureusement que je n’étais pas comme ça quand j’ai recruté pour mon boîte à l’époque. J’ai trouvées des personnes formidables et qui n’avaient pas le « bon diplôme »
Responsable pédagogique
2 ansL'importance de la VAE
#FLE #Formation #Ingénierie pédagogique #Conseil #Accompagnement & bien plus que ça ;) !
4 ansTotalement en accord avec cet article et depuis trop longtemps. Conviction renforcée depuis mon expérience de l'étranger et mon retour en France, il y a quelques années maintenant. La preuve, aujourd'hui, je suis toujours en recherche d'emploi et ne parvient pas à accéder à des postes qui pourtant m'intéressent et pour lesquels je me sens apte. Si vous connaissez des entreprises ouvertes aux compétences qui recrutent sur Gironde, je suis preneuse.
MA Certified HS Languages Teacher, DELF/DALF, TV5MONDE/IELTS
4 ansLes politiques d’un pays, d’une province jouent un rôle majeur dans toute cette situation!