La Peur
Qu'est-ce que la Peur ?
Pourquoi, quand et comment se manifeste-t-elle ?
La Peur de qui, de quoi ?
La peur peut se répartir en trois catégories.
La première recouvre la peur dite « signal d’alerte ». Cette peur-là est sans doute le plus primitif et le plus ancien de nos instincts de survie. Elle nous dit : « attention, danger ! ».
La seconde recouvre la peur phobie, témoin de nos angoisses les plus secrètes, celles qui demeurent en nous le plus profondément enfouies. Cette peur-là, les médias, le cinéma, la littérature et les fêtes foraines s’en délectent car ils savent que l’homme aime le sensationnel, tout comme il aime jouer à se faire peur.
La troisième catégorie, recouvre la peur de l’autre, la peur de l’inconnu ainsi que toutes les peurs qui en découlent et qui sont le fruit de nos représentations, de notre imaginaire et de nos prophéties auto réalisatrices.
Cette peur-là est plus subtile, plus diffuse et plus structurante aussi. Les vendeurs d’idéologies et nos politiques ont bien compris l’impact de ces peurs sur l’inconscient collectif ainsi que la puissance de l’instrumentalisation qui peut en être faite.
L’analyse du sujet révèle que la peur est une émotion qui se communique, mais qui contrairement à la joie, ne se partage pas. C’est une émotion honteuse dont on ne parle pas, car elle révèle chez l’humain sa faiblesse à se sécuriser lui-même.
Le dictionnaire nous dit de la peur qu’elle est une émotion d'anticipation qui informe l’organisme d’un danger potentiel. Ce n’est pas ce qui se produit dans le présent qui représente un danger, mais ce qui pourrait survenir dans un avenir plus ou moins proche. C’est donc le fait d’imaginer ce qui pourrait se produire, étant donné les faits observés, qui déclenche l’émotion de la peur.
L’information que nous fournit ce signal, nous permet de prendre les mesures nécessaires pour nous protéger, pour changer le cours des choses et pourquoi pas, éviter que l’événement ne se produise.
La perception joue ici un rôle essentiel. Cette perception est une opération mentale qui est constituée de cinq éléments : un fait, un sens qui le capte, des émotions, une production de l’imaginaire et une évaluation du danger.
Dans le cas de la peur l’évaluation du danger et l’imagination jouent le rôle le plus important.
Si l’évaluation du danger est essentielle, on constate qu’elle est souvent subjective. Ainsi, face à une même situation une personne peut y voir un défi l’amenant à se dépasser tandis qu’une autre peut en craindre la pire des catastrophes. Cette différence repose sur l’inégalité de leurs expériences ou de leurs habiletés.
Aussi, il est important de mesurer si l’émotion générée par la peur repose ou non sur des éléments objectifs pour éviter de se laisser emporter par des peurs « sans objet » qui sont consommatrices d’une énergie colossale et produisent des comportements et des attitudes inadaptés.
Mark Twain nous dit : « J’ai connu des moments terribles dans ma vie, dont certains se sont vraiment produits ».
Aussi, la justesse et la précision de l’évaluation du danger apparaissent d’autant plus essentielles. Ainsi, un refus d’évaluation du danger ou une évaluation erronée, qu’elle soit exagérée, minorée voire même écartée, prive de la possibilité d’accompagner au mieux ce qui advient en étant pleinement acteur.
Mais nous vivons bien plus dans le monde des représentations que dans celui des perceptions. Ce qui nous fait peur, c'est l'idée que nous nous faisons des choses bien plus que la perception que nous en avons.
Bien souvent, nous nous mettons à imaginer ce qui pourrait advenir. Et alors notre cinéma intérieur se met à projeter le scénario de nos peurs les plus fantasmatiques. Scénario que nous créons de toutes pièces et auquel, nous ajoutons, en fonction de notre disposition du moment, une dose plus ou moins importante d'angoisse qui nous plonge dans le vide absolu.
La peur s’accompagne de diverses réactions : la paralysie, l’évitement ou encore la négation.
Elle s’accompagne également d’une série de réactions physiques par lesquelles notre corps se mobiliser pour répondre au danger par la fuite ou par la défense : accélération des battements du cœur, augmentation de l’acuité mentale, transpiration…
C’est seulement lorsque le péril est écarté que l’on ressent toute l’intensité des effets physiologiques de la peur. Notre attention se relâche et on se met parfois à trembler tout en prenant progressivement conscience de l’ampleur du danger auquel on vient de faire face.
Les peurs les plus fondamentales sont l’autre, l’inconnu, la pauvreté, la critique, la maladie, la perte, la vieillesse et la mort.
La peur d’être critiqué, de se tromper, de ne pas être à la hauteur et de se sentir ridicule enlève à l’homme toute initiative, détruit son imagination, lui ôte toute confiance en lui et le diminue de cent autres façons.
La peur de la maladie est intimement associée à la peur de vieillir et de mourir parce qu’elle rapproche l’homme « des terribles mondes » dont il ne sait rien.
La peur de la pauvreté, selon son degré, procède de la peur de ne plus être en mesure de subvenir à ses besoins les plus essentiels. Cette projection peut être véçue comme une humiliation qui dans son sillage traîne des flots de souffrances. Cette peur recouvre aussi celle de ne plus être rien ou encore de perdre le rang social auquel on tient. Cette peur-là n’épargne aucune classe sociale dans notre société où la doxa dit que pour être il faut avoir.
La peur de l'Autre, ou d’une catégorie d’autres repose toujours sur l’ignorance et le manque d’intérêt pour découvrir et comprendre ce qu’est vraiment cet autre si différent de nous dans ses manières, ses habitudes, ses croyances ou encore ses goûts.
Les peurs fruits de nos représentations sont une catégorie de peurs qui reposent sur un état d’esprit et ce qui est rassurant et qui constitue un réel espoir, c’est de savoir qu’un état d’esprit, cela peut se diriger.
La peur et le désir, les deux émotions motrices de la plupart des réactions comportementales humaines. Ce qui les rend à la fois 1. les vecteurs contrôlables (infra) et 2. les facteurs de contrôle (extra) = influence, - et si l'on inverse = manipulation.