Cinéma : la rigueur du protocole de coaching et la position du coach à travers le film "je n'oublierai jamais vos visages".
Une distribution époustouflante pour un film magnifique sur "la Justice Restaurative".
Dans les premières minutes du film Denis Podalydès forme ceux qui vont devoir appliquer le protocole qui permettra de mettre en place le processus de Justice Restaurative. Il explique :
" Vous ne comprenez pas ce que cette personne a vécu. Personne ne peut le comprendre. Vous pouvez tenter de l'imaginer. C'est tout (...) Soutien-la en l'écoutant, c'est ce que tu peux faire de mieux (...) Trop de commentaires, beaucoup de questions fermées, trop de suggestions, et trop de jugement (...) "Tirer les vers du nez" ce n'est pas ta fonction. Tu dois sortir de ta posture habituelle (...) On ne parle pas à leur place, on ne suggère rien, on n'essaye pas de les transformer. On écoute et on accueille. Inconditionnellement (...) Tu ne sais pas mieux qu'eux, ni ce qu'ils sont, ni ce qu'ils devraient faire. Persuade t'en, ... sinon va voir ailleurs ! Si vous leur laissez un espace pour réfléchir, et bien ils vont réfléchir ! Sinon ils vont dire "ce qu'ils ont toujours dit à tout le monde" et ils vont taire "ce qu'ils ont toujours tû". Tu prends trop de place, tu ne connais pas cette personne, laisse la t'instruire. Sans jugement sans diagnostic. En "mode avion".
Le parallèle avec ce que j'ai appris chez AGORA COACHING est saisissant.
Le film continue de dérouler : faire travailler la personne accompagnée sur sa demande, la prise en compte de son environnement, les options qu'elle imagine pouvoir mettre en œuvre, sa mise en sécurité en lui posant deux questions " que va-t-il se passer pour toi si cela arrive ? Et si ça n'arrive pas ? ", en conscience l'aider à faire son choix, puis pas à pas à avancer.
Et le film de conclure ainsi
"Ça prend du temps, c'est incertain, ça correspond pas à tout le monde, on peut pas toujours dire combien de fois, ni jusqu'à quand. Et quand vous aurez menés vos premiers dispositifs et que vous raconterez qu'à la fin des rencontres, les victimes faisaient des selfies avec les détenus, certains vous traiteront de "naïfs", d'autres vous diront que "ce que vous faites est magique". Et vous, vous saurez, que ce que vous avez fait c'est pas magique. C'était juste du travail."
Un très beau film de Jeanne Herry
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Avec une pensée pour tous ceux qui ont eu la chance d'approcher des victimes qui ne se relèvent pas, des bourreaux qui ne comprennent pas, et qui, sans plus chercher à sauver ou démolir, ont pu accepter.
Tout au long du film on assiste a la lente reconstruction des victimes, dont celle du personnage interprété par Adèle Exarchopoulos qui, pas à pas, reprend les rênes de sa vie, et sort de ce triangle infernal de "victime bourreau sauveur". Avec deux derniers mots d'une justesse qui frappe : "bon courage"
De mon point de vue la mise en scène, la caméra et les dialogues sont exceptionnels, l'interprétation magistrale.
Merci Stéphanie CARLIER pour la découverte de cette pépite
Dans un prochain post je reparlerai du "triangle dramatique de Karpman" (victime bourreau sauveur), de son cycle infernal obligatoire, pour poser une réflexion sur les moyens éventuels d'en sortir.
Distribution : Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Élodie Bouchez, Suliane Brahim, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Jean-Pierre Darroussin, Fred Testot, Denis Podalydès, Birane Ba, Raphaël Quenard, Anne Benoît, Sébastien Houbani, Catherine Arditi
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