Comment, en testant un autre chemin, j’en ai découvert 10 autres…

Comment, en testant un autre chemin, j’en ai découvert 10 autres…

En règle générale, je parviens à trouver des points positifs dans toute situation et cela a globalement été le cas en 2020, malgré le contexte covid.

Néanmoins, je dois reconnaitre que les effets du confinement et du re-confinement se sont ressentis coté forme. J’ai pris du poids à force de mal manger et de ne pas assez bouger. Je sens qu'en ce moment, j’ai besoin de prendre un peu plus soin de moi.

Je me doute que faire du sport me ferait du bien. Le problème, c’est que je ne suis pas motivée du tout. Je suis en mode hibernation sédentaire +++.

Une petite voix en moi (l’envie ?) me souffle que je devrais y arriver avec un peu de volonté. Une autre (la flemme !) trouve 1001 raisons pour me stopper dans mon élan :

« Il fait froid », «J’ai pas le temps », « On verra demain! »

Heureusement, 2021 est là et, avec cette nouvelle année, l’époque des traditionnelles bonnes résolutions 👍.

Je pense à la vidéo sur le NEAT de mon ami Charly (NEAT – Le détail qui change tout. 🔥 - YouTube) qui préconise de mettre en place au quotidien des petites routines toutes simples qui privilégient le mouvement.

Je pense à mon amie Béatrice qui me rappelle régulièrement que pour se lancer dans quelque chose, il suffit juste de démarrer, même avec une petite action.

Je pense à mes différentes expériences passées qui m’ont montré que si le 1er pas est parfois difficile, avec le 2ème …on se met en route.

Bref, à force de ressasser ces différents conseils, l’envie de me bouger (et de rentrer à nouveau dans mes pantalons !) finit par prendre le dessus. 

Alors c’est parti. Je me lance…

✅1ère étape : je commence par emmener mon fils à l’école à pied tous les matins.

✅ 2ème étape : au bout de quelques jours, je décide de prolonger un peu en agrandissant mon trajet. Il y a un parcours qui me permet de marcher pendant 1 heure avant de me mettre à travailler. Ca grimpe pas mal et ça pique un peu dans les jambes. Alors, je mets en place ce qui m’aidera à ce que cela soit le plus agréable possible : avancer à mon rythme avec de la musique dans les oreilles. Et quand ma petite voix me souffle que je serai quand même bien mieux chez moi au chaud, j’augmente le volume de mon casque 😏.

Petit à petit, je me mets à marcher plus rapidement et parfois même à courir (Quand ça descend 😅).

Bref, ça commence à ressembler vraiment à une activité sportive.

Ce matin, je me retrouve en haut de ma colline plus vite que les autres jours, en ayant fait beaucoup moins d’efforts. Et surtout, je me rends compte que c’est la première fois que je n’ai pas pensé à faire demi-tour !

Je suis entrée dans une sorte de cercle vertueux : ça me fait du bien donc j’y vais. Et parce que j’y vais, ça me fait du bien…

Bonne nouvelle donc !

Sauf que …

Sauf que je me connais. Je sais à quel point il est plus facile de retourner dans mon confort que d’en sortir. Et que si, là, tout de suite, je suis hyper motivée, je peux tout aussi vite décider que je serai bien mieux dans mon canapé à la moindre nouvelle (mauvaise) excuse en vue.

Donc, je reste vigilante…

D’autant que je suis toujours serrée dans mes vêtements et que j’ai besoin de rester motivée encore quelque temps...🙄

Pourtant, je vois bien venir ce qui pourrait être ma 1002ème excuse.. En effet, je fais toujours le même parcours car il est sympa (pas trop de bitume, pas trop de montées, pas trop de voitures) et qu’il me permet de pratiquer dans le temps imparti. Du coup, je n’ai pas vraiment envie d’en changer. Mais moi qui aime les surprises et les inhabitudes, je pressens que je risque assez vite de me lasser…

Je suis en train de réfléchir à comment éviter que cela n’arrive quand je m’aperçois que je suis à un endroit où je m’étais retrouvée avec une amie quelques années plus tôt. Nous étions parties marcher et je lui avais fait découvrir cet endroit.  Tout en nous promenant, nous parlions de nos vies respectives, des directions qu’elles prenaient et de celles que nous voulions leur donner.

 Nous étions arrivées exactement là où je me trouve à cet instant.

Et notre conversation me revient comme un flash.

Je lui avais dit : "Voilà, nous sommes arrivés au bout du parcours. Pour rentrer, nous pouvons maintenant aller tout droit ou tourner à gauche. »

Alors que j’attendais qu’elle me dise quel chemin elle préférait prendre, elle m’avait regardé, surprise.

« Pourquoi ? On ne peut pas passer par là ? » m’avait-elle demandé en me montrant un petit chemin sur la droite. « C'est peut-être plus long mais possible, j’imagine ? Ou par là, en coupant à travers l’herbe ? Et puis on peut aussi faite marche arrière et revenir sur nos pas, non ? »

J’étais restée sans voix. Stupéfaite de ne pas avoir envisagé toutes ces autres possibilités, pourtant devant mes yeux. 

Là, où je ne voyais que du binaire - par là ou par là- il y avait pourtant une 3eme voie.

Et même plus ...

Nous avions continué sur l’un des 2 choix que j’avais proposés. Mais cela nous avait fait sourire.

Me revoilà donc aujourd’hui, à ce même endroit avec cette pensée qui ressurgit. Et qui me rappelle qu’en restant dans ce même cadre, il est en fait possible de faire différemment, autrement. 

Je souris.

Et, d'un coup, dévie en faisant demi-tour pour prendre le chemin dans le sens inverse.

Je recroise des personnes, vues de dos quelques instants plus tôt, à qui, me retrouvant maintenant face à face, je peux adresser un sourire.

Je découvre des petits passages que je ne pouvais pas voir dans le sens de ma marche quotidienne car mon angle de vue était différent.

Chacun de ces passages est court et me ramène toujours vers le parcours initial mais il m’ouvre de nouvelles perspectives pour mon activité physique quotidienne. Et pas que. Car je découvre des endroits où il sera chouette de revenir dans un autre contexte : un petit coin pour lire lorsqu’il fera plus chaud, des bons spots pour des séances photos, des bosses qui plairaient à mon fils, ….

Bref, je vois alors que je pensais avoir déjà tout vu. Parce que je regarde autrement.

Et surtout, je découvre que ce n’est pas le parcours en lui-même qui compte mais... la façon de parcourir.

Je continue encore un peu mon exploration : j’essaye un passage, en découvre un autre, 2, puis 3, puis 10. Cette sortie sportive vient de se transformer en jeu et cela me remplit de joie. En changeant de regard, la contrainte est devenue plaisir.

Il est l’heure de rentrer. Je repars en direction de chez moi.

Mais je sais maintenant qu’en attendant qu’une 1003ème excuse n’apparaisse 😉, j’ai de quoi m’amuser encore quelque temps. Et quand j’aurai tout exploré ou que j’en aurai marre, je pourrai tout simplement changer de parcours avec ce nouveau regard.

Sur le retour, je repense à tous ces petits chemins qui étaient juste devant mes yeux et devant lesquels j’étais pourtant passé de nombreuses fois.

Pourquoi ne les avais-je pas vus ? Pourquoi n’y avais-je pas fait attention ? Pourquoi n’avais-je même pas pensé à les chercher ? Pourquoi ne m’étais-je pas rappelé plus tôt de la conversation avec mon amie ?

Par habitude ? Par conditionnement ? Par mimétisme ?

Je réalise que j’avais commencé par pressentir un risque de fermeture (un parcours monotone qui finirait par me lasser) au lieu d’anticiper tous les autres possibles que ce contexte pouvait offrir.

Je m’amuse à faire le parallèle avec d’autres situations de la vie de tous les jours. Là où je n’avais vu que 2 chemins, je repense à toutes ces fois où j’ai aussi cru qu’il n’y avait que 2 choix (oui/non, gentil/méchant, partir/ rester, m’énerver/rester calme, d’accord/pas d’accord, faire ci/faire ça…) alors qu’il existe en fait souvent une infinité de variantes, de nuances et de possibles.

Mais comment réussir à les trouver, à les penser, à les envisager alors qu’il était déjà difficile de voir ce qui était pourtant devant moi ? Comment s’offrir les nouveaux yeux permettant de s’ouvrir au véritable voyage de découverte évoqué par Marcel Proust ? 

Cela me fait penser au sophisme du faux dilemme*. Et cela me donne une idée pour que cette expérience que je viens de vivre me soit utile dans mon quotidien.

A chaque fois que je me retrouverai dans une situation dans laquelle j’aurai l’impression qu’il n’y a que très peu de solutions, j’essaierai de prendre du recul et de me demander :

Y a-t-il d’autres choix, d’autres possibilités auxquelles je pourrai m'offrir l’opportunité de penser ?

Et si besoin d’aller prendre l’air pour laisser émerger l’inspiration et trouver des 3èmes voies, je sais où j’irai marcher… 😉

Ps : Spéciale dédicace à Beatrice, "dé-nicheuse" de modèles mentaux, avec qui nous explorons régulièrement les autres possibles, à Mohamed qui vient aussi de se remettre au sport, à Driss qui me fait découvrir l'univers des biais cognitifs et à Sandrine qui était là pour me montrer les différents chemins la 1ère fois 🙏💕☀.

* « Raisonnement fallacieux qui consiste à présenter 2 solutions à un problème donné comme si elles étaient les deux seules possibles alors qu’en réalité il en existe d’autres » (Faux dilemme — Wikipédia (wikipedia.org)

Anne DESCAULT-MILLET

Stratégie et Direction de Services Clients

4 ans

Merci Julia de ce partage d'expérience, Expérience vécue, mais qu'il est bon de se remémorer en te lisant ... Tu m'as emporté avec toi dans la campagne ... ❤

Maïté POIREL

Responsable Administrative chez Wixiweb /Trésorière FaireMesCourses.Fr/ Orga. CodeursEnSeine/

4 ans

Génial ce récit Julia. J'ai même imaginé a travers ton texte les chemins et ses paysages 😃 J'ai fais une expérience similaire ce week end, lever les yeux ciel et regarder en hauteur les immeubles/maisons au cœur de Rouen (où je vis quand même depuis presque 15ans) j'ai vu plein de choses auxquelles je n'avais même pas prêté attention, par automatisme, regarder devant soi (faire attention de ne pas marcher dans une crotte de chien accessoirement 😅) Puis j'ai repris également le sport comme nouvelle résolution, (on les connaît toutes ces bonnes résolutions qu'on tient une semaine... Voir qu'on ne fait pas du tout) il suffit en effet de faire le 1er pas et d'avoir l'envie, la marche a été pour moi un déclic puisqu'avec le télétravail, le confinement... Pourquoi continuer a rester enfermé 😉

Vive les chemins "pas chemin"

Mohamed ELKOUCHE

Chef d'entreprise chez TECHNIQUE ET SECURITE

4 ans

Génial ta réflexion ! J’en ai vu un hier, qui ne rentre plus dans ses pantalons! A tu réussi à l’inspirer!

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