Comment favoriser l'essor des écoconstructions ?

Ecolo organise un congrès sur l’économie à Mons, le samedi 15 avril prochain (infos pratiques). L’événement qui rassemblera entrepreneur·euses et membres du parti abordera notamment le secteur-clé de la construction. Grâce à des bâtiments mieux isolés et donc moins énergivores, il jouera un rôle de premier plan pour atteindre l'objectif de réduction drastique des émissions de CO2. Mais c'est aussi au niveau du mode de construction lui-même qu'un changement peut avoir lieu, en utilisant des matériaux et des manières de construire plus écologiques. Cela s’appelle faire de l’écoconstruction. Hervé-Jacques Poskin, le directeur de l'asbl wallonne Cluster Ecoconstruction nous a accueillis au siège de son association, une maison prototype édifiée en quelques mois à peine.

En quoi cette maison est-elle un exemple parfait d'écoconstruction ?

Hervé-Jacques Poskin : D'abord, on n'a pas de fondations. On a simplement des pieux vissés dans le sol et qui supportent l'ensemble du bâtiment. Le matériau de construction est, lui, essentiellement du bois. Les grumes (NDLR: un tronc ou une partie de tronc d'arbre sur lequel se trouve encore l'écorce) qui soutiennent le bâtiment, c'est de l'épicéa qui vient de plus ou moins 50 kilomètres de l'usine.

Le bois du parquet est en hêtre et vient d'une dizaine de kilomètres de l'usine. Pour l'isolant des murs, fait en paille, c'est la même distance.

On a aussi un excellent isolant horizontal constitué de panneaux à base d'herbe fabriqué à Sambreville, non loin d'ici. C'est vraiment un bâtiment érigé en économie circulaire avec des matériaux très locaux. Toutes les entreprises qui ont participé à la construction de ce bâtiment sont établies à proximité. Il faut savoir que la Wallonie est une des régions d'Europe les plus développées en écoconstruction.

Qu'attendez-vous des autorités publiques ?

Hervé-Jacques Poskin : Trois actions prioritaires.

1. L'image des écomatériaux

On dit que le bois brûle, etc. : le préjugé des "trois petits cochons" est toujours malheureusement d'actualité. Donc il faut vraiment informer la population et les professionnels pour leur montrer que les écomatériaux sont des matériaux de qualité, efficaces et efficients.

2. La formation

C'est vraiment un problème dans le secteur de la construction. D'autant plus pour l'écoconstruction. Pourquoi ? Parce que quand on construit en écomatériaux, on a beaucoup plus de savoir-faire et de savoir-être que dans d'autres types de construction. On construit souvent au millimètre près alors que dans la construction dite conventionnelle, on est à la demi brique. L'étanchéité à l'air est également une question de précision et de savoir-faire.

3. Marché public

Si la Région wallonne pouvait, dans son cahier des charges, implémenter directement l'obligation de construire avec les écomatériaux, ce serait parfait. Pour ses propres bâtiments, mais aussi pour les bâtiments qu'elle subsidie auprès des communes ou des provinces. Elle permettrait de pouvoir faire travailler ses propres entreprises et de ne pas devoir importer.