Urbanisme circulaire et naturel, un regard territorial
Angoulême, ville circulaire

Urbanisme circulaire et naturel, un regard territorial

Elu local, à la ville et à l’agglomération (d’Angoulême), je suis responsable. Quelle cohérence et quelle profondeur puis-je donner à ma délégation communautaire sur les champs de l’urbanisme (SCOT -schéma de cohérence territoriale, friches, ORT -Opération de revitalisation de territoire, i.e. revitalisation des cœurs de villes/bourgs), de la nature et de la biodiversité ?

Entrons par la circularité. Plus que l’autonomie ou même l’indépendance, le territoire doit promouvoir la circularité. Ou les circularités plutôt, tant elles sont nombreuses. Celles du remploi, de la réutilisation, de la lutte contre les gaspillages, de l’articulation de ressources nécessairement rares, de la sobriété, de la frugalité, des complétudes.

La circularité demande de penser le territoire non en termes de stocks mais de flux. Elle nécessite de créer des passerelles, des ponts, entre des acteurs et secteurs dissociés et déconnectés. Cela suppose de porter un regard nouveau sur les politiques publiques, entre agilité, transversalité, adaptabilité. Par exemple, dans le domaine de la mobilité des personnes, il faut aller chercher les interstices fonctionnelles et d’usages, pour aider ceux de nos concitoyens qui sont éloignés des grands réseaux, ou empêchés par des considérations financières, ce sont parfois les mêmes. Pour ce qui est de la mobilité des biens, il faut généraliser les boucles, du réemploi des matériaux de déconstruction du bâtiment aux invendus des commerces de bouche du centre-ville. La circularité ne s’arrête pas à l’écologie industrielle, elle est aussi agile, légère et vivante. Elle est dans les usages, dans les expérimentations. Ce doit être un axe du projet de territoire d’Angoulême et du SCOT à venir.

En termes d’urbanisme, la circularité demande de reconstruire le territoire sur lui-même. Les outils réglementaires sont un levier important. Le PLUI récemment adopté a ainsi permis de stopper l’étalement urbain : les surfaces constructibles ont été réduites des presque deux-tiers dans un effort partagé entre communes. C’est l’axe premier d’une politique de sobriété foncière, qui ne veut pas dire manque d’ambition ! Ainsi, comment concilier développement territorial et sobriété ? Par la reconquête des friches. Les friches sont le levier d’une politique de zéro artificialisation nette, que le SCOT devra promouvoir, leur réhabilitation participe de la santé environnementale et de l’expérimentation de nouveaux modèles aussi économiques, et de l’économie de ressources absolument nécessaire. L’agglomération d’Angoulême les a recensées, par typologie : résidentielles, industrielles, agricoles, non bâties, etc. Le potentiel est considérable ! Il faut maintenant les affecter, en utilisant tous les leviers de la force publique pour permettre aux opérateurs de réinvestir ces espaces presque toujours compliqués.

La ville circulaire impose aussi de porter un nouveau modèle constructif, celui que les collectivités doivent promouvoir dans leurs propres opérations, et imposer aux opérateurs du territoire : démolir le moins possible, inciter à la réversibilité, à la modularité, à la perméabilité, à la frugalité, soutenir une approche bioclimatique, introduire des espaces partagés et naturels dans les projets, imposer le recours aux produits biosourcés par exemple. 

La circularité demande enfin de réarticuler l’homme et la nature, de sortir de l’anthropocentrisme. La végétalisation des villes est une aspiration très forte de nos concitoyens, la préservation de la biodiversité le devient.

La renaturation urbaine, qui permet de lutter contre les ilots de chaleur, d’y introduire l’agriculture urbaine, qui participe d’un cadre de vie équilibré dans la ville du quart d’heure (accéder), demande expertise et technicité. Le rôle écosystémique de la nature doit être privilégié, ce que l’on appelle les solutions fondées sur la nature (exemple : le traitement des eaux pluviales). La renaturation passe à la fois par l’ordre, d’un système technique naturel cohérent, et le désordre, d’un ensauvagement favorable à la nature ! C’est toute la difficulté, c’est ici l’objet du partenariat que la ville d’Angoulême porte avec le CEREMA sur la renaturation du centre ancien historique, des écoles, des places, des espaces de vie et de rencontre dans les quartiers.

Pour ce qui concerne la biodiversité, à l’articulation principalement de l’agriculture et de l’urbanisme, mais aussi de la reconquête naturelle, il nous faut passer d’un regard ex-post (avons-nous encore des abeilles ?) à une politique ex-ante. Le territoire doit se doter d’un véritable schéma de préservation de la biodiversité (parce qu’on ne répare pas la perte de biodiversité !), aussi articulé avec la politique climatique. Cela passe par des mesures incitatives et coercitives, par le règlement et l’exemple donné, par une politique foncière adaptée, dans une perspective de sanctuarisation ou de recherche de continuités, par l’intégration de la biodiversité dans toutes les opérations d’aménagements, y compris dans une approche transitoire. Les friches jouent ici encore un rôle prépondérant.

La circularité, c’est travailler le territoire dans sa rotondité, arrondir les angles saillants en quelques sortes. C’est un objectif et une méthode. Elu local, c’est ma feuille de route pour ce mandat.  

Sandrine Faucon

Directrice COOPÉRATION INTERNATIONALE CONTRACTUALISATION chez GrandAngoulême

3 ans

La circularite, c est aussi la dynamique de vie, sur un territoire comme dans nos organisations publiques et privées, et le cercle s'ouvre et s'élargit pour permettre les futurs possibles... Merci de cet article !!

Jean-Louis Née

journaliste et chef d'entreprise retraité

3 ans

Tout à fait d'accord Pascal. Dans le cadre du plan de relance, la Région a prevu un dispositif d'appel à projet pour des friches urbaines. Et tu sais que j'ai un projet à te proposer !

Brigitte Stroh

Accompagnement des organisations. Approche systémique.

3 ans

Bien d'accord avec toi Pascal! Toujours pas compris pourquoi vous avez piloté le projet de transport en bus propre (que vous aviez combattu quand vous etiez dans l'opposition) sur une agglo de 110000 habitants , irriguant un territoire rural; projet d'artificialisation des sols, qui est tout sauf flexible dans un 21e siecle qui s'annonce tres imprévisible. Nous en goutons depuis un an toute la complexité.

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