Comment impliquer l'ensemble des acteurs de l'entreprise pour réussir le pari de la Qualité de Vie "au travail" ?

Quels sont les différents acteurs de la QVT ?

Direction, Managers, Collaborateurs, Médecine du Travail, Partenaires Sociaux ! Toutes les parties prenantes de l’entreprise ont un rôle à jouer dans l’amélioration de la Qualité de Vie au Travail.

Mais comment faire pour impliquer l'ensemble de ces acteurs de l'entreprise ?

Obligations légales

de l'employeur et préconisations sur les sujets de la Prévention et

la Qualité de Vie au Travail

C'est l'article L4121-1 qui le rappelle, l'employeur a l'obligation d'assurer la sécurité physique et mentale des salariés. Mais l'affaire France Télécom nous a démontré que parfois, la Direction Générale pouvait être à l'origine d'un harcèlement moral à grande échelle (harcèlement institutionnel). Le PDG de l'époque a été condamné pour ces manquements graves vis à vis de la santé des salariés. Cet exemple a permis de rappeler à l'ensemble des entreprises leurs obligations en la matière. Elles se doivent de faire preuve d'exemplarité pour être en capacité de décliner une prévention efficace, afin d'éviter que de tels drames humains ne surviennent. En la matière, tout le monde doit être impliqué et montrer l'exemple.

"L’implication de la direction générale et de son conseil d’administration est indispensable : l’évaluation de la performance doit intégrer le facteur humain, et donc la santé des salariés." Cette deuxième proposition du Rapport Lachmann-Larose-Pénicaud (février 2010) doit encourager les employeurs à concilier la performance économique et la performance sociale pour le bien-être de tous. Cet équilibre est de plus en plus exigé par les candidats qui postulent dans les entreprises. Ces dernières se doivent de soigner leur "marque employeur" si elles veulent réussir à attirer les nouveaux talents. Dans un monde concurrentiel, c'est un élément qui peut pencher dans la balance pour le choix du candidat.

Pour les employeurs qui veulent en savoir un peu plus sur le sujet, je les invite à découvrir le livre de Florence Marty, Christel De Foucault et Laurence Tetrel : "ENTREPRISES 7 leviers pour renforcer votre pouvoir d'attraction"

"Le manager de proximité est le premier acteur de santé" ! (Rapport Lachman-Larose-Pénicaud). Le manager a donc un rôle incontournable dans la prévention des RPS. La formation doit aussi accompagner le nouveau manager pour l'aider à déceler plus rapidement des situations pouvant déboucher sur des faits de harcèlement moral, de repérer les signaux faibles d'un salarié en souffrance. Plus tôt on intervient sur des situations compliquées, plus tôt on a de chances de faire de ces problématiques des faits mineurs et sans importance. Attention toutefois ! Les managers ont absolument besoin d'un soutien indéfectible de la Direction Générale pour mener efficacement leurs missions de prévention.

Le Bien-être de l’équipe doit être un des objectifs du manager 

Comment impliquer les managers dans l’amélioration des conditions de vie au travail des salariés ?

En évaluant au sein de chaque équipe leur niveau de bien-être, et en mettant en place un objectif pour inciter le manager dans cette recherche d’amélioration de la QVT. Une incitation financière peut ainsi être proposée pour récompenser les managers impliqués dans la recherche du bien-être de leurs salariés.

Mise en place de règles de savoir vivre ensemble

Le harcèlement moral commence toujours par des petites marques d'irrespect. Et si personne n'y met un terme, on peut glisser dangereusement vers des faits plus graves. Il est donc nécessaire de mettre en place un cadre respectueux des relations professionnelles. Le manager de proximité a un rôle déterminant dans le respect de ces règles du bien vivre ensemble. Il doit être le facilitateur des relations professionnelles, le "médiateur" face à certaines situations conflictuelles. Bref, il peut parfois jouer les pompiers de service ! Mais c'est aussi à ça que l'on reconnait la qualité d'un manager !

Prise en compte du savoir être dans l'évaluation annuelle du salarié

Quand un salarié est évalué dans le cadre professionnel, la plupart du temps les managers mettent l'accent sur ses résultats chiffrés.

Si ses résultats sont bons, le reste importe peu bien souvent.

Si le comportement de l'intéressé n'est pas "politiquement correct", ses bons résultats peuvent malgré tout lui donner un blanc-seing et l’exonérer de ses débordements.

Pourquoi ? Parce que les résultats économiques comptent énormément dans la balance. Peu importe la manière de parvenir à l'atteinte des objectifs.

Tout le monde ne pense pas de la même manière, fort heureusement. Mais c'est une attitude que l'on retrouve encore trop souvent dans le milieu professionnel et qui pose d'énormes problèmes dans la lutte contre le harcèlement moral et/ou sexuel, par exemple. C'est une vision court-termiste qui freine la prévention de ce fléau.

L'évaluation du salarié doit être également orientée vers les qualités humaines qui lui permettent de bien vivre son travail au sein du collectif. C'est un excellent moyen de sensibiliser le collaborateur sur l'intérêt de soigner son "savoir être" avec les autres membres de son équipe et avec son manager également.

Les partenaires sociaux peuvent agir au sein des différentes instances de l'entreprise pour proposer des solutions de prévention du harcèlement moral ou sexuel. Un référent harcèlement est maintenant nommé au sein des CSE. Mais parfois malheureusement, certains membres peuvent être tentées de faire preuve de complaisance, voire de laxisme si le harceleur fait partie de cette même organisation. L'exemplarité doit être l'affaire de tous, il est bon que chacun en ait conscience. Quand on est exigeant vis à vis de l'employeur sur ses obligations, il faut savoir être exigeant envers soi-même. Et cela n'exclut pas le monde syndical de ces exigences.

Rôle de la Médecine du Travail dans la prévention et la Qualité de Vie au Travail

Extrait de service-public.fr :

"Prévention

Le rôle du médecin du travail est exclusivement préventif.

Le médecin du travail conduit les actions de santé au travail pour préserver la santé des travailleurs tout au long de leur parcours professionnel.

Il surveille l'état de santé des travailleurs en fonction de leur âge, des risques concernant leur sécurité, leur santé et la pénibilité au travail.

Il conseille l'employeur, les travailleurs et les représentants du personnel sur les mesures nécessaires portant sur les points suivants :

• Risques professionnels
• Amélioration des conditions de travail
• Prévention de la consommation d'alcool et de drogue sur le lieu de travail
• Prévention du harcèlement moral ou sexuel
• Pénibilité au travail et désinsertion professionnelle
• Maintien dans l'emploi des travailleurs"

La Médecine du Travail a évidemment un rôle incontournable dans cette prévention pour préserver la santé des salariés. Elle est pleinement investie sur les sujets de la Qualité de Vie au Travail et la Prévention des risques.

La prévention des risques psychosociaux : Antichambre de la Qualité de Vie au Travail

Comment vouloir améliorer la Qualité de Vie au Travail, si l’on n’est pas capable d’aborder le sujet de la prévention des risques psychosociaux. Même si ce n’est pas un sujet très glamour, il faut pouvoir en parler et agir notamment, en prévention primaire pour obtenir des résultats probants.

Nier l’existence des facteurs de risques psychosociaux entraine de la souffrance au travail et cette souffrance a des répercussions non négligeables en termes de coûts humains et financiers (Absentéisme, Turnover, Accidents du Travail, Inaptitude provisoire ou définitive, coûts de formations, coût du recrutement, etc...). Ce n'est pas en mettant les problèmes sous le tapis, que l'on parvient à les résoudre. La politique de l'autruche, ça ne fonctionne pas !

D’après le cabinet Mozart Consulting de Victor WAKNINE, le coût du mal être au travail représente 14 580 euro par an et par salarié. Il y a des marges de manœuvre importantes pour les entreprises pour faire de l’amélioration de la QVT un facteur de performance économique tout en améliorant la performance sociale.

L'entreprise doit, dans un premier temps, faire un constat de l'état psychologique de ses salariés (anonymat exigé). Le meilleur moyen est de mettre en place une évaluation des RPS qui permettra de repérer les services les plus en difficulté pour agir en priorité sur ces derniers. Cette mise en lumière aura l'avantage également de mettre en avant les services qui fonctionnent et, par conséquent de s'inspirer de ce qu'ils font pour que ça marche. Bien souvent, les meilleures idées viennent de la base. Ce sont eux qui connaissent le mieux les leviers qui leur donnent les moyens d'améliorer le quotidien du travail.

Dans un second temps, à l'issue de cette étude, un plan d'actions doit être élaboré pour travailler le plus en amont possible et agir en prévention primaire. Les résultats de cette enquête seront sources d'inspiration pour la mise en place d'une véritable politique de prévention des Risques Psychosociaux (inscription dans le Document Unique) et la promotion de la Qualité de Vie au Travail.

Conclusion

Il est possible de faire de belles choses en matière de Qualité de Vie au Travail. Mais ce n'est qu'une question de volonté. Une volonté de l'ensemble des acteurs de l'entreprise de porter ce beau projet de bien vivre ensemble ! Les différentes parties prenantes de cette aventure professionnelle doivent s'investir pleinement dans cette démarche. Pour réussir ce beau pari, chacun doit apporter sa pierre à l'édifice.

Alors ! J'invite toutes les personnes de bonne volonté, à tout mettre en œuvre pour réussir cette belle aventure "humaine" au sein de chaque entreprise !

David Budziak

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