Comment la STIB peut-elle gagner des voyageurs ?
En vert: gain de voyageurs et hausse des km-convois, en rouge, perte de voyageurs et baisse de l'offre

Comment la STIB peut-elle gagner des voyageurs ?

Les statistiques annuelles de la STIB pour 2017 viennent d’être rendues publiques.

http://2017.stib-activityreports.brussels/fr/statistiques

Grâce à la tenue de ces données, il est possible d’analyser les évolutions et par exemple de comprendre pourquoi à certains moments de son histoire le nombre de voyageurs sur le réseau bruxellois a augmenté considérablement. Un petit coup d’oeil dans le rétroviseur sur les 50 dernières années met clairement en évidence qu’à seulement trois reprises, la STIB a connu une croissance du nombre d’usagers et, indépendamment du développement du métro qui a évidemment joué son rôle, ces trois périodes correspondent à celles où l’offre de tram et bus a été en croissance, c’est-à-dire l’offre du réseau de surface, malgré toutes les difficultés créées par le trafic auto. La meilleure manière d’observer l’offre est d’utiliser un indicateur qui tient compte de la fréquence de passage et de l’étendue du réseau : c’est le nombre de kilomètres parcourus en un an par tous les trams et bus, soit les km-convois dans le jargon.

Le graphique montre que les années 70, le début des années 90 et surtout des années 2000 correspondent à la fois à une amélioration de l’offre de surface et à un gain de voyageurs. Inversement, les périodes de réduction de l’offre (souvent pour des questions budgétaires) constituent des moments où la STIB a perdu des voyageurs, entre autres des personnes qui optent pour le déplacement en voiture. Ce qui explique cette convergence, c’est l’étendue du réseau de surface : en fait, c’est lui qui assure la couverture de l’ensemble de la Région et qui, soit amène le voyageur à destination, soit le conduit vers les axes forts du réseau de métro (qui ne représente que 7% de la longueur d’axe du réseau). La sensibilité de la demande à cette offre est grande parce qu’elle constitue en quelque sorte l’offre « de première ligne », l’offre de proximité, celle que le Bruxellois trouve en quittant son domicile, son bureau, son commerce. C’est une réalité parfois oubliée par les décideurs pour qui le volume d’investissement est le critère principal (voir le débat sur le métro Nord).

En réalité, investir massivement dans le réseau de surface pour l’étendre, améliorer sa vitesse commerciale et compléter son parc de véhicule et en parallèle améliorer les fréquences de passage et étendre l’offre dans le temps (y compris l’offre de nuit) constituent les moyens les plus efficaces pour améliorer la mobilité bruxelloise, la qualité de son air et le plaisir de vivre en ville. Et si on en parlait ?

Vincent Carton

Ingénieur, urbaniste

Professeur à l’EFP-Bruxelles

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