Comment mener une vie sans honte ?

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Ce livre, je l’ai déjà dans ma bibliothèque depuis sa sortie en France en 2010. J’avoue, je ne l’avais pas encore lu totalement. Je suis tombé dessus très récemment en cherchant une explication à un phénomène que je rencontre dans mes expériences d’accompagnement promouvant l’autoproduction.

Faire comprendre aux personnes se trouvant dans une situation précaire, que nous pouvons retrouver la confiance en soi et (re)explorer nos ressources personnelles par l’autoproduction est un exercice difficile.

Je me suis rendu compte qu’à ma place, ayant monté (et descendu et remonté à plusieurs reprises) mon « statut social acceptable » il est facile à comprendre qu’aujourd’hui l’épanouissement de soi passe par sa propre réalisation. 

Mais une personne en difficulté, « sortie du système », sans repaires sociétales et peut-être isolée, raisonne différemment. Pour elle, il est indispensable de « mener une vie sans honte ».

Tim Jackson m’a apporté quelques réponses à ma recherche.

Dans cet ouvrage, il cite Amartya Kumas Sen (économiste et philosophe indien). Pour ce dernier, pour pouvoir « mener une vie sans honte », pour pouvoir rendre visite à des amis et les divertir, pour suivre le fil de ce qui se passe et de ce dont les autres parlent, et ainsi de suite, il faut un ensemble de biens et de services plus coûteux dans une société globalement plus riche, dans laquelle la plupart des gens possèdent déjà par exemple, un moyen de transport, de beaux vêtements, une radio et un poste de télévision, etc…

Mais si nous considérons comme acquise l’importance des biens matériels dans le fonctionnement social, il n’existera jamais aucun seuil à partir duquel nous serons en mesure de nous dire qu’« assez est assez ». La base de référence du fonctionnement social correspondra toujours au niveau actuel des biens matériels.

Ce qui doit nous inquiéter par-dessus tout, c’est qu’il n’existe aucun moyen d’éviter ce piège social dans le paradigme actuel. Dans la mesure où le progrès social dépend du cycle autoalimenté de la nouveauté et de l’anxiété, le problème ne peut que s’aggraver. Inévitablement, les flux de matières s’accroitront et les perspectives d’un épanouissement à l’intérieur des limites écologiques disparaîtront.

La prospérité elle-même est menacée. Non pas par la récession économique actuelle, mais par la poussée permanente du matérialisme et par le modèle économique qui la perpé-tue. 

L’intérêt de cet ouvrage est de faire un pas supplémentaire en montrant qu’une hypothèse radicale est envisageable, celle d’une prospérité sans croissance. Si l’on considère que la prospérité signifie confiance dans l’avenir il y a bel et bien une possibilité de prospérité sans être condamnés aux formes de plus en plus insoutenables de nos modes de croissance.

Selon Jackson, nos vies peuvent être plus satisfaisantes lorsque nous nous engageons dans des activités qui ont un but et restent légères sur le plan matériel (appuyé scientifiquement par le psychologue hongrois Mihalyi Csikszentmihalyi, inscrit dans le mouvement de la « psychologie positive »).

Il est peu étonnant que les personnes qui tentent de vivre plus durablement se retrouvent en conflit avec le monde social qui les entoure. La transformation de la logique sociale de la consommation ne peut être simplement renvoyée aux seuls choix individuels. Il serait indispensable de changer les structures sociales. Les structures sociales peuvent modifier les valeurs et les comportements de la population.

Mais même les personnes et les structures à l’avant-garde du changement social s’avèrent hantées par le conflit, intérieur ou extérieur. Ces conflits surviennent parce que ces gens vont à l’encontre de leur propre milieu social. La participation à la vie de la société devient un réel défi. Ces personnes tentent de vivre, assez littéralement, à l’opposé des structures et des valeurs qui dominent la société.

Deux types de changements doivent être au cœur de toute stratégie s’attaquant à la logique sociale du consumérisme, premièrement défaire ou corriger les incitants pervers à la concurrence non durable (et improductive) en matière de statut social et deuxièmement établir de nouvelles structures qui offrent aux personnes les capabilités de s’épanouir, et notamment la pleine participation à la vie de la société, de manière moins matérialiste. Ses structures et ces valeurs forment et contraignent le comportement. Elles influencent profondément le degré de facilité ou de difficulté d’un comportement durable.




Bénédicte Deleplanque

Coach, en cours de certification JOURNAL CREATIF©, Photographe Accompagnement créatif libre et joyeux

4 ans

très éclairant Marion ! merci

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