Comment renforcer la résilience des territoires face aux événements climatiques extrêmes ? L’exemple du risque inondation

Les crues récentes dans le Pays Basque l’ont tristement rappelé : les phénomènes d’inondation sont en constante augmentation ces dernières années, tant en termes de fréquence que d’intensité. En France, 12 % de la population est officiellement située en zone inondable, mais on estime que seulement 50 % des zones inondables sont connues. A l’échelle mondiale, les projections du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) prévoient que jusqu’à 2,5 milliards de personnes sur Terre seront vulnérables aux inondations à horizon 2050.

Les nombreux événements extrêmes qui sont survenus en France au cours de la dernière décennie, et qui ont parfois eu des conséquences dramatiques – à La Faute-sur-Mer (Vendée) en 2010, dans le département de l’Aude en 2018, ou encore le long de la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes) en 2020 – ont engendré une réelle prise de conscience au sein des pouvoirs publics, et notamment des collectivités.

De même, le spectre d’une éventuelle nouvelle crue centennale de la Seine fait craindre d’énormes impacts sur la population et sur l’économie française : on estime que 800 000 personnes devraient être évacuées à Paris, et de très nombreuses entreprises seraient contraintes d’interrompre leur activité. Une telle inondation pourrait aussi frapper les services publics, comme cela avait par exemple été le cas à New York en 2012, où l’ouragan Sandy avait obligé un hôpital de Manhattan à évacuer des centaines de patients.

Identifier et connaître le risque inondation

Les conséquences d’inondations plus fréquentes et plus intenses sont désormais bien identifiées. Leurs causes le sont aussi : changement climatique, artificialisation des sols, concentration urbaine… Si ces événements sont inévitables, il est tout à fait possible d’agir sur un grand nombre de ces facteurs, tant pour anticiper au mieux ces événements avant qu’ils ne se produisent que pour réagir le plus efficacement possible lors de leur survenance.

Il est tout d’abord nécessaire de bien connaître le risque et de déterminer l’ensemble des phénomènes qui peuvent se produire sur un territoire donné : débordements de cours d’eau ou du réseau pluvial, ruissellement urbain, submersion marine… Un système de modélisation permet ensuite de déterminer et de cartographier avec précision les zones inondables. En combinant ces données avec différents niveaux dans le réseau pluvial, les cours d’eau ou la mer (en fonction de l’intensité de l’événement), il est alors possible de définir plusieurs scénarios de risque.

Agir en amont pour diminuer sa vulnérabilité

Une fois ces scénarios identifiés, il revient aux collectivités de se protéger contre ceux-ci, afin de diminuer leur vulnérabilité. Il existe bien sûr des mesures classiques, telles que la construction de digues, par exemple. Mais d’autres solutions peuvent également être envisagées. Ainsi, Egis a participé au projet de réaménagement de l’Isère, régulièrement sujette aux crues et qui avait entrepris une politique d’endiguement progressif depuis la crue bicentennale de 1859, qui avait ravagé 80 km de berges. Les analyses ont montré que ces digues couraient un fort risque de rupture ; nous avons donc radicalement changé d’approche en organisant l’inondation de zones naturelles en cas de nouvelles inondations majeures, et ce afin de mieux protéger les zones urbaines.

La prévention peut également s’effectuer par la réhabilitation des structures existantes. A Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, les canaux à ciel ouvert où s’écoulent les eaux de pluie débordent régulièrement lors d’intempéries sévères, en raison notamment de de son relief particulièrement plat et d’un niveau d’eau de mer proche de celui des terres. Egis, en lien avec l’AFD et l’Etat gabonais, ont donc mis en œuvre un projet visant à réhabiliter le réseau de collecte et drainer les eaux pluviales de la ville. Au-delà de la réduction significative des risques d’inondation, ce projet a également pour conséquence de réduire les maladies d’origine hydrique et les coûts de santé, de générer une amélioration globale du cadre de vie ainsi qu’un désenclavement des quartiers les plus pauvres.

Agir efficacement en cas de crise

Enfin, les collectivités doivent être prêtes pour agir rapidement et efficacement lorsque de tels événements se produisent. Cela nécessite de disposer de données fiables et en temps réel, pour pouvoir ajuster le dispositif de réponse en fonction de la gravité de la crise : barriérage, évacuation, ouverture de centres d’accueil…

Egis a récemment développé le dispositif « Ville en alerte » pour le territoire de la Métropole de Montpellier. Il s’agit d’un système de surveillance et de gestion en temps réel du risque hydrologique destiné à réduire les conséquences des inondations sur les biens et les personnes. Ce dispositif permet d’acquérir des données issues de différentes sources : caméras de surveillance des points les plus exposés (radiers, déversoirs de crue, par exemple…), capteurs pluviométriques et de niveau d’eau, lames d’eau radar…

La plateforme propose ensuite des actions adaptées, selon les scénarios de crise préalablement définis. Véritable outil collaboratif de gestion de crise, « Ville en alerte » permet une vision commune de la situation à l’instant T et propose un système de messagerie instantanée entre tous les acteurs sur la base, pour une meilleure coordination. Toutes les actions entreprises pendant la crise sont également recensées dans l’outil, pour garantir leur traçabilité.

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Inondations, mais aussi incendies, tempêtes… Les territoires et les infrastructures sont en première ligne face aux conséquences du changement climatique et à la multiplication des événements extrêmes. Les inondations catastrophiques qui se sont déroulées en Allemagne cet été prouvent à quel point ces événements peuvent toucher durablement un territoire, et combien il est primordial de renforcer la résilience des collectivités sur ce sujet. Des solutions existent, et les femmes et les hommes d’Egis prendront toute leur part pour développer des projets adaptés à chaque territoire et réduire leur vulnérabilité. Il s’agit d’un des cinq engagements que nous avons pris au mois d’octobre pour répondre au défi climatique.