Conclusion : Peut-on se passer de stratégie ? [10/10]
10/10 Y a-t-il un stratège derrière une stratégie promotionnelle ?
Mais en dernière instance, a quoi bon se torturer l’esprit ? La stratégie n’est pas une science exacte. Il faut connaitre une multitude d’exemples passés, tout en sachant qu’on ne pourra pas les reproduire à l’identique. Il faut accepter une part importante de hasard et d’inconnu, et pour couronner le tout, il faut subir les réactions et les contre-attaques d’un adversaire irrationnel et victime de ses dissonance cognitives.!! Essayer de trouver un chemin dans ce chaos n’est-il pas une perte de temps ?
Se poser la question, c’est déjà apporter des éléments de réponses. Sur un théâtre d’opération, militaire ou commerciale le statut de vainqueur n’est pas une qualité intra sec et absolue, mais au contraire une qualité relative. Le vainqueur est celui qui joue la dernière carte le dernier. Ne pas entrer en stratégie, c’est donc par défaut donner l’avantage à n’importe quel acteur qui aura lui une stratégie, la plus primaire soit elle.
De 2014 à 2018 la coalition occidentale a déployé une force brute colossale en Syrie, mais sans aucune stratégie, a cause d’agenda électoraux. Quand la Russie est entrée sur le théâtre des opérations en automne 2015, avec une stratégie claire et des moyens 10 fois inferieurs, elle a pris la main.
Une autre attitude consiste à renoncer à la volonté de transformer son présent en un avenir meilleur et laisser faire le destin. Militairement cela se traduit par un constat rarement pris en défaut : Dans tous les pays et de tout temps ; il y a eu une armée, si ce n’est pas celle du pays en question, c’est celle du voisin. C’est peut-être philosophiquement déplorable, mais, 5000 ans de civilisations n’ont pas effacé le patrimoine génétique du prédateur. La Suisse pays neutre par excellence, a son armée, et pas la moindre. Culturellement, ce biais de confirmation qui cherche à toujours renforcer les dogmes en place ; conduit à abandonner son future a la providence, ou bien à une autorité supérieure, transcendantale ou merveilleuse. Une fois déchargé de toute responsabilités, la stratégie devient inutile.
Dans le monde de l’entreprise cet abandon n’est jamais déclaré ou assumé, au contraire, les postures martiales, les coups de mentons ou de gueule, et les références à Sun Tzu pourraient donner l’illusion que les dirigeants sont tous des Alexandre de Macédoine en devenir. Malheureusement l’hyper activité n’est pas synonyme de stratégie. Une grande majorité de responsables sont en perpétuelle réaction aux contraintes du théâtre des opérations. Aveugles aux signaux faibles, sans grande convictions, peureux face aux prises de positions tranchées, le prépose a la stratégie, s’abandonne à l’illusion d’être efficace par des petits coups tactiques. Il se perd dans le quotidien. Une opération promotionnelle réussie sur 10 jours, une remise très agressive qui a assommé le concurrent pour une semaine, et on s’autoproclame génie du marketing. Ces actions ont du sens uniquement si elles s’inscrivent dans une vision globale. Chaque coup tactique doit être au service d’une stratégie à long terme. Qui, faut-il le rappeler, ne peux pas être un résultat financier. Ne pas confondre stratégie et objectifs. Tous les navires d’une course transatlantique arriveront au même port. Mais chaque navigateur a sa stratégie et il n’existe pas deux trajectoires identiques.
Sans vision, ces petites victoires sont inutiles, elles épuisent les ressources et servent d’arbres pour camoufler la forêt. Les outils de communication rapides, les tableaux de bords remis a jours instantanément, la pluie d’emails, la recherche de la petite victoire personnelle, sont des drogues qui empêchent de raisonner sur le long terme et evitent de construire une stratégie.
Quelle est l’information la plus importante ? Les bananes sont 15% moins cher chez mon concurrent pendant 10 jours, ou bien depuis 6 mois la part de voix des fruit frais de notre concurrent a progressé de 15 pts ? Voilà une illustration simple de la différence de pensée entre le stratège et le tacticien. Car le tacticien croit exécuter un « plan stratégique. » Ce qui est un oxymore. Le plan est fixe, la stratégie est dynamique.
On peut donc choisir de se passer de stratégies est céder aux sirènes de l’agitation quotidienne et du plan mécanique. C’est aussi une stratégie avec une probabilité de réussite non nulle….