Confinement : Qu'avons-nous à apprendre des abeilles ?
Le 17 Mars, à midi, la France, 6è puissance mondiale, entrait en confinement, comme au temps de la peste noire 700 ans en arrière. Tout s’est brutalement arrêté. Il a fallu, dans un réflexe d’auto protection, réinventer le travail quand c’était possible, en attendant des jours meilleurs et la fin d’une pandémie, qui, 2 mois plus tard est toujours d’actualité. Et pour combien de temps ? Nul n’est capable de l’indiquer avec certitude, et tout le système économique, sponsorisé par une finance fragile, est sur le point de vaciller.
Le 25 Mars, je suis sorti de ce confinement, durant un après-midi, sous dérogation spécifique aux apiculteurs, pour aller à la rencontre de mes abeilles. Avec la boule au ventre, car c’est souvent à ce moment là que l’on déplore les pertes liées à l’hiver ; la visite m’indiquait alors qu’elles étaient en bonne santé, et au travail. Pas de confinement pour ces êtres naturelles que l’on dit très souvent menacées. Elles doivent lutter contre bien des maux comme les ondes hertziennes (indispensables à nos chers téléphones portables), les néonicotinoïdes et pesticides en tous genres (pour améliorer les rendements des cultures alors que 25 % des récoltes ne sont pas consommées au final par l’homme et les animaux domestiques), le varroa, le frelon asiatique, la loque américaine, la teigne... Que de noms barbares et effrayants, et pourtant, elles sont toujours là, au travail, obéissant à un instinct de survie immuable depuis plusieurs millions d’années. Il m’est alors venu une question : "Qui, des deux, entre l’abeille et l’homme, est l’être le plus fragile ?". Avant de les quitter, j’ai posé les hausses sur les ruches (grenier à miel), comme il se doit en début de printemps, et ne suis allé leur rendre visite qu’une fois mi Avril.
Durant ces deux mois, ce confinement a offert bien involontairement un joli cadeau à la nature. Le niveau de pollution lié aux déplacements routiers et aériens a fortement baissé. Les animaux en tous genres, se sont rapproché des villes et villages, et, le soir, le silence régnait un peu partout. Il ne restait plus que la pollution lumineuse activée la nuit par des lampadaires devenus pourtant inutiles, faute d’activité humaine. Les conditions météorologiques ont été aussi très favorables et le printemps est arrivé avec un bon mois d’avance (le muguet était en fleur le 05 Avril). Les abeilles de leur côté ont continué leur train-train, sans se préoccuper de nos inquiétudes.
Aujourd’hui, 07 Mai 2020, nous ne sommes toujours pas sortis de ce confinement, même si son issue approche. Comme à l’habitude à cette date, demain 08 Mai, je procéderai à la récolte de miel de printemps. Récolte qui s’annonce prometteuse, mais y a-t-il un lien avec le ralentissement de l’activité humaine ? Cela restera à démontrer.
Chaque année, je tire de nouvelles leçons des abeilles qui vivent en société, (tout comme les fourmis, les termites et l'homme). Malgré les embûches, elles luttent chaque jour dans l’objectif de perpétuer leur espèce. Il n’est pas question d’ambitions chez elles, ni de confort, ni de compétition et très rarement de guerres entre elles. Juste vivre selon des règles identiques depuis toujours, autour d’une reine, chacune connaissant parfaitement son rôle dès sa naissance. Quand on les observe bien, elles nous offrent au quotidien des leçons de résilience et je crains, au final, malgré les pronostics de certains scientifiques quant à leur disparition à court terme, qu’elles ne soient encore sur cette planète quand l’homme se sera auto-détruit s’il ne tient pas plus compte de l’éco système dont il fait partie. Et le temps presse !
Voilà, je voulais profiter des derniers jours de ce cadeau offert par accident à la nature, pour vous faire part en toute humilité, de mon observation à son contact. Lundi 11 Mai 2020 sera sans doute une date historique qui marquera plusieurs générations. Mais cette date marquera t’elle l’entrée dans une ère plus éco-responsable ?