Congé maternité : on arrête quand d'escroquer les femmes ?

Congé maternité : on arrête quand d'escroquer les femmes ?

Dans quelques jours, je serai en congé maternité. Et comme le savent bien celles qui ont connu cette période, cette période n'a de congé que le nom. Je devrais être contente, me réjouir des quelques mois "off" à passer avec ce deuxième bébé. Et je le suis, contente. Mais je suis aussi très en colère, je n'ai cessé de l'être depuis ma première grossesse et j'avais envie de poser des mots sur un constat atrocement banal, mais qui n'avance pas d'un pouce.

9 mois de break pour mon premier bébé

Lorsque j'attendais mon premier bébé, il y a trois ans, je venais de quitter un job qui ne me plaisait plus. J'ai vécu une grossesse sereine à la maison, sans le stress de devoir gérer une absence professionnelle. J'avais le projet de me lancer en freelance après la naissance de mon fils, j'étais très sereine sur le timing. Lorsque mon fils a eu trois mois, je me suis sentie très chanceuse de pouvoir le garder avec moi : il était si petit, comment aurais-je fait si j'avais dû retourner travailler ? La question ne s'est pas posée, j'ai pu prendre quelques mois de plus car je n'avais pas l'échéance d'une reprise de job. Seulement voilà : lorsqu'il a eu six mois, nous étions bloqués car on ne trouvait pas de mode de garde. Pas la bonne période pour les assistantes maternelles, et évidemment pas de place en crèche. J'ai donc tiré sur la (ma) corde en le gardant encore avec moi et en repoussant ce projet de lancement en freelance. J'ai tout de même mené quelques projets professionnels, je l'emmenais avec moi partout dans Paris à des rendez-vous, dans des coffee shops où j'essayais d'écrire d'une main sur l'ordi tout en le berçant de l'autre. J'ai plus d'une fois craqué nerveusement, je savais bien que cette situation était temporaire mais c'était très difficile. Enfin, lorsqu'il a eu 9 mois, nous avons eu une place en crèche parentale et par un heureux hasard, mon projet de lancement en freelance s'est transformé en prise de poste en CDI qui se passe très bien depuis.

L'impossible partage

Nous voici donc à ma deuxième grossesse. Cette fois-ci, les choses sont différentes : je vais connaître LE vrai congé maternité de 16 semaines. Il me faut préparer mon absence, et gérer ce break de mon côté (un sujet dont je reparlerai dans un prochain article). Cela n'a rien de naturel pour moi : je sais que je ne suis pas faite pour être mère au foyer, et que rester seule avec un bébé à la maison n'a rien de palpitant en tout cas pour moi. Evidemment, le congé maternité lié à la grossesse et à l'accouchement est une évidence : puisque ce sont nous les femmes qui portons les enfants, un temps de repos est indispensable (et quand je dis repos, c'est ironique, hein). Mais après ? Oui, après ? Après avoir déjà porté mon bébé pendant 9 mois, pourquoi est-ce encore à moi de porter seule ces premiers mois tandis que mon mari ira travailler après quelques 11 maigres jours de repos, même pas obligatoires ? Ce n'est satisfaisant ni pour lui, ni pour moi. Ce constat a beau être banal, je ne comprends pas comment on peut en être encore là aujourd'hui. Il serait tellement plus juste de nous laisser le choix ! Nous partagerions alors équitablement le temps du congé post-natal pour nous en occuper à tour de rôle. On partagerait toutes les galères et bonheurs, côté nouveau né et côté absence du bureau. Ce serait tellement plus juste et plus humain.

L'après congé mat' : et ça continue, encore et encore

Surtout, l'injustice ne s'arrête pas là. Comme de nombreux futurs parents (et surtout futures mères), une chose me stresse plus que tout le reste : trouver à temps un mode de garde pour mon bébé. Et si on ne trouve pas, concrètement, on fera quoi ? Oui, théoriquement les père peuvent aussi prendre un congé parental. Mais vous savez comme moi qu'ils ne le font pas : en moyenne, plus de salaire à perdre, et plus vicieux que ça, ce n'est pas du tout admis en entreprise. La preuve : mon mari est l'homme le plus paternel que je connaisse, fusionnel et aux petits soins avec son fils, il prend bien plus que sa propre part de charge mentale. Et pourtant, lorsque j'ai évoqué la possibilité qu'il prenne un congé parental, sa première réaction a été catégorique : impossible. Inconciliable avec les pratiques en cours dans son entreprise. J'étais scotchée. Cela veut donc dire implicitement que s'il y a un souci de garde, ce sera encore pour ma pomme. Et ça ne je ne peux pas l'accepter. Entre temps, mon mari a signé un nouveau boulot donc la question ne se pose plus (il prendra ses fonctions peu après la naissance), mais sinon je peux vous assurer que sinon je me serai battue bec et ongles pour qu'il prenne un congé parental.

Cet article est plus un coup de gueule qu'autre chose, il ne propose pas de solution car la solution est tellement évidente qu'il ne sert à rien d'en débattre, et il y a déjà des centaines d'articles sur le sujet. Partageons le congé maternité pour ceux et celles qui le souhaitent ! Arrêtons de faire peser cette pression aux femmes ! Et revalorisons le congé parental pour que les hommes soient plus tentés de le prendre ! Mais bon sang, on attend quoi ?



Bénédicte KNUSMANN

Comptable chez Maison Pour Tous - Centre Social

5 ans

Comme tu le dis ... ... une question non résolue de manière satisfaisante depuis bien longtemps ... Mais le sujet du « congé parental d’éducation » n’est pas en reste, crois-moi ! J’en ai enchaîné 2 pour plusieurs raisons entremêlées mais je ne regrette pas d’avoir été présente pour mes enfants. Je regrette juste le statut de mon CPE de l’époque : a priori « inactivité » notamment au regard de mes droits à retraite ...

Laure Marchal

Freelance qui fait rayonner les personnes et les entreprises

5 ans

Et c'est pas fini ! Quand tes enfants sont malades, qui appelle t on ? qui peut s'arrêter de bosser pour garder les petits souffrants ? qui l'école appelle t elle TOUJOURS en premier même si t'as mis le tel du père sur la toute première ligne. "Qu'attend-on bon sang ?" mais on attend une révolution TOTALE du mode de pensée. Ca va prendre encore des décennies ! C'est toute une façon de penser qu'il faut changer, revoir, reconstruire... et il y a une partie non négligeable de la société qui n'est pas pour. Il faut bien l'avoir en tête. Si les hommes portaient les enfants  ça ferait bien longtemps qu'on aurait une égalité sur les congés parentaux... et sur tout le reste d'ailleurs. Regarde ton mari, aussi paternel soit-il, ne se voit pas prendre un congé parental. Alors imagine les autres ????? 

Aline Claustre

Communication corporate chez COLAS

5 ans

Bravo Fanny pour ce témoignage. Je le relaie car 1/je comprends ta révolte, 2/ton histoire est celle de tellement d'autres couples dans mon entourage et 3/se faire entendre est malheureusement la seule chose qu'on puisse vraiment faire... En outre, je suis convaincue qu'il FAUT expérimenter le quotidien avec un bébé pour comprendre la difficulté et les sentiments très ambivalents des premiers mois. On en prive un parent sur deux et on l'impose à l'autre, c'est dommage pour tout le monde. Mais Emma en parle bien mieux que moi dans ses BD ;)

Marine Benady

Fondatrice Agence Benady RP • Relations Presse & influence Gastronomie

5 ans

Merci Fanny de mettre des mots sur cette inégalité qui pèse encore sur les femmes et leurs carrières.

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