Conjuguer Business et Bonheur - La dame de Chiang Mai

Conjuguer Business et Bonheur - La dame de Chiang Mai

Aujourd'hui j'ai décidé de vous partager une expérience vécue en 2018, qui a marqué ma vie.

Je sais que c'est le bon moment pour moi d'en parler car je viens de terminer le livre de Romain Cristofini - “l’intelligence spirituelle au coeur du leadership” (lecture que je conseille à tous, que vous soyez entrepreneurs ou salariés, à un poste à responsabilités ou non (mais tout le monde a des responsabilités peu importe le poste non? :) )

Cette lecture a fait ré-apparaître ce souvenir.

Mai 2018, je pars avec une amie voyager en Thaïlande en sac à dos. Notre itinéraire nous amène à Chiang Mai pour quelques jours. Située au Nord du pays, c’est une ville qui a gardé son authenticité et qui reflète bien la culture locale (en tout cas comparé à Bangkok).

Nous sommes hébergées dans une maison d'hôtes qui contient 4 ou 5 chambres et une jolie piscine, une déco en bois, des fruits frais à disposition, et cette dame souriante pour nous accueillir et répondre à nos questions. C'est la propriétaire de cette maison.

Dès le lendemain de notre arrivée, je prends conscience que cette ville est riche en spiritualité et j'ai envie d'explorer ça. Je vois même une affiche dans la maison qui indique que des moines bouddhistes passent chaque matin et qu'on peut leur faire des dons de nourriture.

Moi, je ressens l’envie de leur parler, d'échanger avec eux, de comprendre leur façon de penser, leur lien avec le monde qui nous entoure.

Je vais donc demander à la propriétaire s'il est possible d'aller passer un moment dans un temple pour échanger avec des moines. Elle me dit que la seule manière de le faire c'est de faire une retraite de méditation de plusieurs jours, ce qui était impossible car nous restions seulement 3 jours à Chiang Mai et avions déjà un beau programme.

Elle me questionne alors sur mon intérêt pour la méditation et mes raisons d'aller dans un temple.

À l'époque (Mai 2018 donc), j'avais perdu ma flamme intérieure dans mon boulot. Je me prenais des cartons (des murs!) en entreprise, soit sur ma façon de penser autrement ou de vouloir “révolutionner” les choses (“mais on a toujours fait comme ça!”), sur ma manière de fonctionner collectif en rappelant qu’avant de prendre des décisions stratégiques il fallait peut-être aller comprendre l’opérationnel et les inclure dans la décision ("tu complexifies les choses"). Je me frottais à des process fastidieux, une hiérarchie verticale où le “N+2” transmet une info au “N+1” qui te retransmet l’info alors que vous êtes tous dans le même open space... Une vision court-termiste de la boite, qui réfléchit “profit” à l’instant T au lieu d’investir sur l’humain et le long terme.

Bref, j'étais en perte de sens, en boucle sur cette expérience et cette dissonance en moi, comme si toutes les croyances, les fondations, que j’avais établies étaient remises en cause. J’ai appris à l’école que l’entreprise était faite pour générer de l’argent, et qu’en tant que salariée je contribuais à sa réussite en servant ses intérêts. C’est bien ce que j’ai mis en pratique ensuite. Mais alors, pourquoi me sentir aussi mal?

C'est ça en fait, le monde de l'entreprise? Mais moi je ne veux pas ça, enfin si je veux en faire partie, mais je ne m'y sens pas bien...Est ce que je vais devoir attendre les vacances toute ma vie?

Je résume cette étape de ma vie à cette dame en lui disant que j'ai l'impression qu’il est impossible d’allier business et humanité, business et bonheur, et que je me sens comme bloquée face à ce constat. Dépitée même. 

Elle se pose un instant et me dit:

"Tout est question de connaissance de ses besoins, et de ses limites. 

La plupart des personnes font de l’argent une priorité dans leur vie, avant le bonheur. Le but c'est l'argent, qui devrait apporter le bonheur, et donc tu en veux toujours plus, tu ne sais pas t'arrêter, c'est là un défaut majeur de l'Homme: la croissance, viser toujours plus loin, plus haut, plus fort…

Mais, si tu mets le bonheur en premier dans ta vie, alors l'argent découle et tu changes de paradigme."

Elle explique son cas: 

“je suis propriétaire de cette maison dans laquelle je loue les chambres du 1er étage . Ma fille et moi habitons l'étage du dessus, qui fait toute la surface de la maison. Mes frères me répètent sans cesse de créer d'autres chambres car je n’ai pas besoin de tout cet espace pour vivre, et cela permettrait de générer plus de revenus.

Mais moi, ce qui me rend heureuse, c'est de décorer cette maison, d'accueillir des personnes et qu'elles s'y sentent bien. D’échanger avec mes invités comme nous sommes en train de le faire. D’avoir du temps pour aller donner des cours d'anglais dans des écoles qui n'ont pas les moyens de se payer un prof, de terminer ma formation de méditation pour ensuite transmettre cela autour de moi. 

Vivre de cette manière m’apporte le bonheur, et l’argent en découle car je fais les choses avec joie. Aujourd’hui, j’ai assez d’argent pour vivre comme j’en ai envie, payer les études de ma fille, faire ce que j'aime, c’est suffisant. Ouvrir plus de chambres à louer, c’est plus d’argent, mais c’est aussi plus de gestion et donc moins de temps pour l’important: transmettre.

Car une fois qu’on a le bonheur, il faut prendre le temps de le partager.”

Quelle leçon de vie. 

Cette dame ne le sait pas, mais elle fait partie des rencontres qui ont marqué ma vie. Je pense beaucoup à elle, dans chaque chose que j’entreprends. Elle a fait évoluer mon état d’esprit, elle a créé un nouvel espace en moi. Elle m’a permis de voir une autre vérité. Et d’en faire mon propre projet de vie.

Alors, quelle vie voulons-nous ? Quelle entreprise voulons-nous? Le but ultime de la vie et de celle des collaborateurs est-il de créer de la richesse? D’aller chercher toujours plus, plus vite, plus fort? 

Ou bien, placer le bonheur en entreprise est-il la priorité que l'on se donne, permettant la performance financière ET humaine à long terme, sous forme de réussite collective contribuant au monde et aux individus via les produits ou services proposés? 

L’entreprise ne devrait-elle pas créer les conditions propices pour que chaque collaborateur puisse s’épanouir et grandir en tant que personne, mieux se connaître pour transmettre ses talents?

En tout cas, j’ai choisi, j'ai transformé ma vérité et la partage avec vous en toute humilité. Je crois que si je n’avais pas mis mon bonheur en priorité, je ne serais pas là aujourd’hui à vous raconter cette histoire. Et je ne serais certainement pas éducatrice sportive, ni en train de porter un projet sport santé - transformation des entreprises. Et je ne serai tout simplement pas moi.

Je terminerai avec ces mots, prononcés par cette dame, qui résonnent encore:

“Tu arrives au monde seul(e) et tu repars seul(e)… fais les choses pour toi, et sois conscient(e) de ce qui nourrit ton bonheur. C'est comme ça que tu pourras transmettre quelque chose au monde.”

Merci, la dame de Chiang Mai.

Melanie Vermeersch

En recherche : Accompagnatrice de projets à impacts / Chargée de projet d'entreprise à missions

3 ans

Chouette retour Julie Jendrzezak! Ravie de savoir que nous contribuons à ton évolution et au développement de tes projets :)

William Ludger

Professionnel des Paiements - Expert monétique et Retail

3 ans

Sur le chemin de notre existence, la première personne que l'on devrait rencontrer en priorité, et surtout dont on se doit de prendre le temps pour faire connaissance, c'est soi-même. La difficulté de l'existence réside dans la capacité à avoir le recul nécessaire, un peu comme on regarde d'une belle hauteur un labyrinthe et que l'on peut déjà y apercevoir l'entrée et la sortie pour ainsi commencer à tracer du bout du doigt les différents chemins, en identifiant les impasses. Cette hauteur peut apparaitre comme une révélation au détour d'une rencontre comme la dame Chiang Mai. La clairvoyance ouvre la voie vers l'exploration et comme dans tout voyage, le contraire peut également y contribuer : voyager pour s'éclairer 😎. Assurément il s'agit là d'une belle anecdote, d'une belle invitation à découvrir cet ouvrage et un formidable exemple de prise de conscience pour un nouveau départ. Bon courage 👍

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