Construction - Point de situation et tendances 2020 & 2021
La méthodologie utilisée vise à convertir les M² en nombre de portes puis définit les tendances à 18 mois sur la base des volumes de permis délivrés. Les projections prennent en compte également le taux de déperdition (historique des différences entre les autorisations passées et les mises en chantiers réelles).
Ces résultats sont les premières données « exploitables » après 3 mois pleins d’activités post-confinement. Ces données sont par définition une indication du fait des fortes incertitudes liées :
1) A la pérennité de l’effet mécanique de reprise liée au déconfinement
2) A l’évolution de la crise sanitaire
3) A l’inertie de l’administration pour accélérer la délivrance de permis de construire
4) Aux prévisions d’investissement des principaux acteurs économiques
Evolution et tendance du marché de la construction (RESIDENTIEL & NON RESIDENTIEL)
Si l’on suit les tendances actuelles, le marché de la construction (Résidentiel et Non résidentiel) devrait fortement baisser en 2020 pour atteindre une décroissance de -12,5%. Cette hypothèse est relativement solide puisqu’on observe les mêmes ordres de grandeur entre les tendances lourdes (12 mois glissants) et les tendances courts termes (3 Mois glissants)
La chute devrait se poursuivre mais à un rythme beaucoup plus lent en 2021 avec une baisse comprise entre -2,3% et -2,6%.
Focus Marché RESIDENTIEL
Sur la base des données actuellement disponibles, la décroissance du marché résidentiel devrait atteindre environ -12% à la fin de l’année 2020. La tendance baissière devrait se poursuivre en 2021 et être comprise entre -3,3% et -2%.
Nous avons observé une forte reprise des mises en chantier dès la publication du guide OPPBTP début Avril et cette reprise s’est encore accélérée suite au déconfinement le 11 Mai. Sur la même période et jusqu’à présent l’inquiétude provient du très fort ralentissement des remises de permis de construire, en grande partie en raison du report des élections municipales à la fin Juin et au retard accumulé pendant le confinement.
La fédération des promoteurs immobiliers (FPI) est « pessimiste » et évoque des « perspectives sombres » notamment en ce qui concerne le blocage des permis de construire et la frilosité des édiles en matière de construction de logements. Ceci d’autant plus que plusieurs grandes agglomérations ont été gagnées par des listes écologistes très rétives à la mise en place de grands programmes de construction (ex : Grenoble, Lyon, Bordeaux etc.). Certaines autorisations sont mêmes remises en question par les municipalités.
Par ailleurs, le plan de relance du gouvernement oriente l’effort essentiellement vers la rénovation énergétique et n’alloue que 10% des 5 Milliards d’Euros dédiés à la construction neuve sous forme d’aides aux « maires bâtisseurs ». Outre la relative faiblesse des montants, les modalités ne seront précisées que d’ici 7 mois.
La FPI prévoit des perspectives négatives sur plusieurs années. Il faut néanmoins nuancer les propos de la FPI qui est dans son rôle en faisant pression sur le gouvernement pour notamment prolonger certains dispositifs (ex: Pinel et PTZ)
Le graphique ci-dessous met en évidence la très forte baisse des réservations des particuliers sur le T2 2020 (-51%). Cette chute a été amortie par les commandes d’investisseurs institutionnels (+39% sur les logements en Bloc) avec en particulier l’engagement pris par CDC Habitat dès la fin mars d’acheter 40 000 logements aux promoteurs. Quant aux ventes aux bailleurs sociaux, elles s’effondrent !
Sources:
http://lesechos.fr/0603902623918.htm
Focus Marché NON RESIDENTIEL
Le marché Non Résidentiel a été plus impacté par la crise du COVID que le marché Résidentiel. En effet, l’atterrissage 2020 devrait situer la baisse entre -14% et -15%. Les perspectives pour 2021 semblent plus floues car si la tendance court terme tend à montrer que le marché Non résidentiel devrait enregistrer une baisse supérieure à 3%, la tendance lourde (12 mois glissants) laisse à penser que ce marché devrait rester stable entre 2020 et 2021.
Le marché Non résidentiel est très fortement atomisé et, par conséquent les situations et les perspectives sont assez disparates selon les segments de marché :
- Bureaux : Ce segment de marché représente 19% du marché Non résidentiel et bien que très fortement impacté par la crise de la COVID en 2020 (on estime la chute des volumes entre -14% et -16%), l’activité devrait significativement augmenter en 2021 avec une croissance potentielle pouvant excéder +5%.
On observe sur les derniers mois une forte baisse de la demande locative notamment en Ile-de-France, qui concentre la majeure partie de l’activité. La chute serait encore plus forte sans l’apport du projet « Total » qui améliore les chiffres sur la zone de la Défense et qui masque en grande partie l’état réel du segment de marché.
Toutefois, les perspectives ne sont pas aussi désastreuses que ce que pourrait laisser présager les derniers chiffres. En effet, plusieurs indicateurs portent à croire que le segment des Bureaux va repartir à la hausse en 2021 :
o Les SCPI et OPCI ont continué à fortement investir pendant la période de confinement à un niveau situé dans la bonne moyenne des 5 dernières années (plus de 5 milliards d'euros). Durant cette période, le taux de collecte a été bien supérieur à ce qui était attendu (78%) - Pierre Garin, directeur du pôle immobilier de Linxea.
o Sur les nouveaux projets le taux de vacance reste relativement bas (5,5%) pour un niveau global de vacance atteignant (2,9%). De fait, si l’offre est supérieure à la demande, le marché locatif des bureaux reste très tendu
⇨ Ces deux indicateurs peuvent donner confiance aux investisseurs. Néanmoins, il faudra évaluer dans les prochains mois si la distorsion entre l’offre et la demande est frictionnelle ou structurelle.
- Commerce : Ce segment a été très fortement touché lors des deux dernières années successivement par le mouvement des gilets jaunes ; les diverses grèves (ex : réforme des retraites etc.) et par la crise de la COVID qui a diminué l’affluence dans les boutiques et contribué à faire évoluer les comportements de consommation vers les achats en ligne. Le segment « commerce » a significativement baissé en 2018 et 2019 (-4,1% et -3,3%) et devrait accuser la plus forte chute du marché Non résidentiel en 2020 (entre -20% et -21%). Si les chiffres actuellement disponibles tendent à montrer que ce segment de marché devrait (enfin) se stabiliser, il est probable que le marché devrait encore baisser en 2021 du fait de la « vague de faillites » à prévoir sur le Q4 2020 et des risques liés à une éventuelle seconde vague de la pandémie.
- Entrepôt : il semble qu’après une année 2019 exceptionnelle (+49%), le segment Entrepôt commence un cycle de baisse. Nous avions identifié un essoufflement sur les derniers mois précédant le confinement. La Baisse devrait être comprise entre -9% et -11% en 2020. 2021 devrait voir le segment de marché Entrepôt continuer à décroître. Toutefois l’ampleur de la baisse reste difficile à estimer selon que l’on regarde la tendance courte ( -10,6%) ou la tendance long terme (-4,1%).
- Santé : en 2020 la baisse du marché de la santé devrait s’établir entre -9,4% et – 13,5%. Les perspectives pour 2021 sont opposées selon que l’on observe la tendance long terme (-6%) ou la tendance court terme (+5,3%). Ce segment de marché devrait bénéficier des retombées du Ségur de la santé qui a prévu d’allouer 2,5 milliards d’euros aux développements d’infrastructures de santé. Il probable que l’année 2021 voit ce segment de marché repartir à la hausse.
Sources :
Associé chez Satisfactive
4 ansBonjour Paul! j' ai quelques amis dans le secteur de la construction qui me parlent d'une pénurie de main d'œuvre, qui serait selon eux responsable de la baisse d'activité. En revanche, leurs carnets de commandes sont aussi, ou plus, consistants que l'an passé.