Courir nu dans un champ avec des Calinours
Plus jeune, et je suis convaincu que certains d’entre vous l’ont entendu, on m’a souvent dit : si tu peux l’imaginer, c’est que ça peut exister ». En vieillissant, on désenchante et réalise brusquement que cela peut être vrai dans certains cas pour certaines personnes dans certains contextes particuliers avec des moyens financiers bien évidemment.
Considérant que peu de prophéties imaginées se sont réalisées, l’âge et l’expérience nous ont plutôt menés vers l’adage : « si tu veux, tu peux ». Encore une fois, la paresse, le manque de motivation, le manque de ressources et le rationnel nous font rapidement réaliser les limites de nos moyens et de nos ambitions.
Malgré tout, comme beaucoup d’entre vous, je veux croire et je veux un monde meilleur. Je suis encore un peu naïf, heureusement, sinon je serais totalement cynique. Je veux croire, je veux laisser des chances, je veux adhérer à l’adage : « s’il le dit, c’est que c’est vrai ».
Mais, connaissant le monde, et sachant qu’au moins 10 à 15% des gens sont malintentionnés, foncièrement mauvais, opportunistes, défaitistes et menteurs, je sais pertinemment que certains abuseront de ma confiance.
Évoluant dans le merveilleux monde du travail, je le dis et le redis, l’humain me fascine. Les comportements, les réactions, les paroles, les intentions, et les justifications de certains employés et dirigeants finissent toujours par me sidérer.
À la fois par leur arrogance et leur manque de jugement, mais aussi parce que certains d’entre eux croient qu’ils ont la science infuse alors que vous et moi errons dans l’ignorance. Je ne vous cacherai pas néanmoins qu’étant professionnel RH, nous devons régulièrement côtoyer ce genre de caractère.
Nous devons aussi évoluer avec les 85 à 90% des gens qui n’ont aucune malice. Et puisque je fais confiance aux gens, revenons donc à « s’il le dit, c’est que c’est vrai ».
Si mon docteur me l’a dit, c’est que ça doit être vrai. Si tous mes employés me le disent, c’est qu’il doit y avoir un fond de vérité. Si mon conseiller financier me dit de faire ça, ça doit être vrai puisqu’il sait de quoi il parle. Si mon plombier me dit qu’il doit changer la pièce et qu’avec la main-d’œuvre, ça va me coûter 800$, je n’ai pas vraiment le choix de le croire.
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Parce que je veux le croire? Parce que je fais confiance aveuglément? Parce que je connais mes limites sur certains sujets et certaines tâches, donc je fais confiance aux gens que je pais pour faire le travail? Mon champ d’expertise, c’est les RH. Pas la plomberie, pas la politique, pas l’électricité, mais bien l’homme et les relations de travail en entreprise. Chacun son expertise. Je ne suis pas un professionnel RH malintentionné, je m’attends donc au même de chacun des professionnels qu’importe leur expertise.
C’est pourquoi l’annonce des jeunes libéraux du Québec ce matin me laisse perplexe. Faire passer la semaine de travail de 40 à 32 heures sur 4 jours plutôt que 5 au même salaire. Cette loi serait à la fois supportée à 50% par l’employeur et 50% par l’État (donc vous et moi, donc l’employé). Ici, ce n’est pas parce qu’ils le disent et le proposent que c’est vrai. Surtout, que ces jeunes rêveurs n’ont mêmes pas tenté de chiffrer cette nouvelle mesure sachant que la conjoncture économique, le contexte pandémique et les employeurs en manque de ressources rendent l’exercice comptable impossible. Ils avaient peut-être besoin d’attention et de couverture médiatique, c’est réussi, mais pour les explications, la mise en œuvre et pour sa réalisation, c’est un échec.
Néanmoins, le « débat » est temporairement et timidement reparti, à moins que cette idée datant de plus deux décennies soit nouvelle pour vous.
Je veux et je me ferai défenseur d’une semaine de travail de 32 heures pour tous. Politiciens, arrivez avec quelque chose de concret plutôt que de proposer de construire une autoroute qui finira dans un cul-de-sac et obligeant un demi-tour faute de budget.
Je suis en faveur du bien-être au travail et de la conciliation travail et vie personnelle. Politiciens, proposez un vrai projet de société plutôt que de n’émettre que du vent et des sons.
Ce n’est pas parce que tu y rêves que ça va se réaliser. Ce n’est pas parce que tu le souhaites et le dis que ça va arriver. Et ce n’est pas parce que tu tentes de me convaincre que tu vas réussir.
Mais, comme je l’ai précédemment dit, je suis naïf, fais confiance aux hommes et travaille parmi des pommes pourries qui m’aident à rester sceptique, critique et à me garder les yeux ouverts malgré tout… je vais donc croire que les choses changeront et que nous aurons tous la semaine de travail de 32 heures sans heures supplémentaires.
Oups, déjà une nuance…