Covid-19, un mal pour un bien ? De l'urgence d'une réforme de la sécurité sociale au Sénégal
Le COVID-19 aura révélé l’engagement du personnel médical sénégalais et une bonne capacité de résilience de notre système médical malgré ses moyens limités. Mais il pousse également à réfléchir sur notre capacité à faire tourner la machine sociale en temps de crise. De ce point de vue, cette pandémie met surtout à nu les limites de notre système de sécurité sociale !
Nous connaissons tous la fonction sociétale du salaire dans les pays africains en général et au Sénégal en particulier. Le salarié supporte en effet tout un écosystème communautaire, en ville, au village, voire à l’étranger. Nos taux de chômage affichés sont ainsi édulcorés par une redistribution quasi systématique des salaires au sein des communautés. La perte d’un salaire aura donc des conséquences collectives au-delà de la seule économie personnelle du salarié concerné.
Paradoxalement, nos institutions de sécurité sociales sont stables mais leur périmètre ne couvre pas le chômage. La pandémie actuelle nous donne une illustration parfaite de l’urgence d’une mise à jour de ces régimes. Une ordonnance de la Présidence de la République Sénégalaise datée 08 Avril 2020 déclare, pendant toute la période de la loi d'habilitation, nul et de nul effet "(...) tout licenciement autre que celui motivé par la faute du travailleur (…)" . Cette décision de la plus haute autorité, salutaire dans le contexte actuel, met néanmoins à la charge des entreprises une fonction normalement dévolue aux institutions de sécurité sociale : le maintien des salaires sans garantie d’occupation des employés, donc sans travail. En gros, l’équivalent d’une allocation de chômage !
« A quelque chose malheur est bon », comme on dit ! Cette pandémie et son corollaire inévitable de baisse d’activités et, à terme, de pertes d’emplois doivent servir de catalyseurs pour une réflexion urgente sur le système de sécurité sociale au Sénégal. Les expertises sont disponibles et des expériences, réussies ou pas vraiment, existent ailleurs pour servir d'exemples.
Le financement ne devrait pas être un obstacle étant donné que la population concernée- les salariés du secteur formel- paie déjà les impôts et autres cotisations assises sur les salaires. Il s’agit simplement d’être créatif et volontaire pour relever ce défi de couverture du chômage des employés.
Quelques suggestions pour alimenter la réflexion :
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- Réallocation d’une quotepart des impôts sur les salaires à un fond dédié au chômage des salariés (la diversification des sources de revenus induite par le développement du secteur pétrolier pourrait compenser le manque à gagner fiscal pour l’Etat)
- Révision significative des plafonds de cotisations sociales (retraite et prestations sociales)
- Elargissement de la base de contribution par la mise en place d’une politique incitative pour le secteur informel
- Implication de la Caisse de Dépôt et de Consignation pour la réinjection des cotisations de retraite des étrangers impatriés au Sénégal dans le financement du chômage
- …
Cette pandémie, à n’en pas douter, aura des conséquences d’une sévérité sans précédent mais pourrait aussi déclencher des transformations sociétales et normatives positives. Faisons que la détresse actuelle ne soit pas vaine : « Qui trébuche sans tomber gagne du terrain » !
Badara NIANG
Expert Fiscal, membre de l’ONES
Chief Accountant and Management Finance
4 ansBravo Badara Il faur qu on essaie de trouver des solutions sur les problémes futures qui seront posés suite au Covid 19. Pour moi il est nécessaire de fusionner l Ipres et la Css pour trouver des synergies et dégager des économies pour créer un fonds de garanti de l emploi. Aussi pourquoi pas allouer la CFCE à ce fonds. Et enfin, chose pertinente que tu as soulevé; c'est d utiliser la CDC dans cette vaste entreprise. Nous ne pouvons plus rester à ne rien faire pour les gens qui perdent ou qui perderont leur emploi.
manager chez SONATEL
4 ansExcellente réflexion Badara , explorer en outre la piste du CFCE qui pourrait éventuellement être revu et en partie fléché pour le financement de ce nouveau Système
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4 ansBravo BN
ISO/IEC 27001 Certification Lead Auditor
4 ansBelle analyse Badara. J’espère que ça recevra une oreille attentive de la part de nos autorités.
General Manager- Business Development- Downstream Oil and Gas - Consultant - Trainer
4 ansExcellente analyse qui, je l'espère, sera considérée par les autorités. Well done Badara