Décompresser la mondialisation ... en renouant avec l'esprit libérateur de la révolution numérique

Comme le soulignent les professeurs Eric Brynjolfsson et Andrew McAfee « au lieu de nous demander quel sera sur nous l’impact de la technologie, il faudrait plutôt se demander ce que nous entendons en faire … » … C’est pourquoi, dans l’essai que j’ai publié récemment, « La mondialisation décompressée », j’ai cherché à analyser et à décoder les dynamiques contemporaines de la révolution numérique.

Lorsque nous évoquons les nouvelles technologies ainsi que la quatrième révolution industrielle, nous sommes d’emblée confrontés à un paradoxe criant : alors que la digitalisation est un formidable vecteur de connexion qui permettrait l’émergence de structures décentralisées, la manière dont elle se déploie actuellement a tendance à accroitre l’hyper-concentration et à exacerber les tensions dans de nombreux domaines …

En ce sens, plusieurs exemples témoignent d’un réel accroissement de la pression sur les équilibres collectifs et individuels. L’ascension fulgurante des GAFA ou des BATX a ainsi consacré le règne de plateformes gigantesques. Lancés dans la course au monopole, ces acteurs ont tendance à capter l’essentiel de la valeur tout en affaiblissant la souveraineté des États qui parviennent de moins en moins à remplir leurs fonctions de régulateurs et de garants des équilibres. Les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle suivent la même dynamique en alimentant la polarisation sur le marché du travail entre salariés hautement qualifiés et main d’œuvre bon marché.

Afin de renouer avec l’esprit libérateur de la révolution numérique, dont l’ADN consiste à privilégier les fonctionnements en réseau sur les approches trop centralisées, nous devons nous engager pour faire du numérique une source de progrès et un vecteur au service des nouveaux équilibres de la mondialisation, du dynamisme de nos territoires et de la cohésion sociale.

Ainsi, les outils digitaux de terrain (comme à la maison) sont de potentiels accélérateurs de compétences à tous les niveaux et de cohésion sociale si l'on met leur puissance et leur intelligence au service de la simplicité et de la résilience.

Le développement du télétravail en offre une autre illustration. Avec la crise du Covid-19, la généralisation de ce mode de fonctionnement a permis à de nombreuses entreprises de maintenir souvent en les réinventant leurs activités. Quant aux salariés, ils ont découvert une forme d’organisation qui pourrait ouvrir la voie à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. À condition d’être accompagné de manière volontariste, le déploiement du télétravail peut se révéler profitable à l’entreprise et à l’individu.

En permettant une meilleure occupation de l’espace, le digital nous offre l’opportunité de déconcentrer les lieux commerciaux, les plateformes logistiques ou encore les chaînes décisionnelles. À l’ère de l’usine 4.0, la décentralisation et l’éclatement des lieux de conception et d’exécution sont par exemple une voie à saisir. Mais plus généralement c'est en projetant nos modes de fonctionnement dans une société "Digital Inside" que nous prendrons toute la mesure de la révolution possible. Cette déconcentration des flux permise par le digital pourra alors aboutir à une réelle revitalisation de nos territoires. Dans cette nouvelle donne, les entreprises de taille intermédiaire – comme @Teréga dont je suis fier d’être depuis près de 5 ans le Président et directeur général – et les PME qui mobilisent les forces vives locales ont les moyens de se mettre au service d’une économie durable et territoriale mais aussi globale et responsable.

Ensemble, saisissons les opportunités liées au digital afin que cette révolution se fasse au service de l’individu, de la société et de l’entreprise. Renouons ainsi avec l’esprit libérateur de la révolution numérique en faisant du digital une source de progrès au service d’une mondialisation apaisée et respectueuse de l’articulation des différentes échelles territoriales !