Découvrez la réalité des Ateliers du Bocage: Ré-insertion et Recyclage
Et si l'espace d'un article, vous pouviez rencontrer une personne aussi dédiée que son organisation à la ré-insertion professionnelle et au recyclage ?
C'est bien de cela qu'il s'agit, ne pas vous parler d'Orange ( partenaire des Ateliers du Bocage depuis plus de 10 ans ), ne pas vous parler du recyclage , ne pas vous parler des process....juste des hommes et des femmes au centre de ce sujet et de leurs combats de part et d'autre.
Je tiens à vivement remercier Sarah avec qui je travaille depuis plusieurs années qui a cette qualité rare en son alignement total entre ces pensées, ses paroles et surtout ses actions.
J'espère que vous apprécierez ses mots tout comme ses non-dits et si tel est le cas, n'hésitez pas à mettre un commentaire et partager cet article à votre réseau tant les Ateliers et celles et ceux qui y travaillent méritent toujours plus d'être mis en visibilité.
Qui es-tu ?
Je suis Sarah MAISONNEUVE, Directrice adjointe depuis 4 ans et demi aux Ateliers du Bocage. Nous sommes une coopérative d’utilité sociale et environnementale, membres du Mouvement Emmaüs.
Notre raison d’être est de créer des emplois pour des personnes en situation de précarité, en chômage de longue durée ou handicapées, et de les accompagner sur des périodes allant de 3 mois à 2 ans, à retrouver le chemin d’un emploi durable.
Nous nous appuyons pour cela sur une diversité d’activités basées sur le réemploi et le recyclage.
Acteurs des transitions sociales, écologiques et numériques, nous prouvons chaque jour qu’un modèle économique responsable est possible.
Comment décrirais tu les défis les plus importants auxquels tu es confrontée dans ton travail ?
Je dirais que notre challenge au quotidien est d’assurer notre mission sociale dans un contexte de marchés de plus en plus concurrentiels.
Notre vocation est de remettre sur le chemin de l’emploi des personnes qui n’y avaient pas accès, c’est notre motivation première.
Mais nous devons assumer cette mission sociale avec les mêmes contraintes et objectifs qu’une entreprise classique.
Nous nous devons d’être économiquement viables : les aides que nous percevons ne représentent que moins de 5% nos revenus, notre stabilité financière est majoritairement liée au résultat économique de nos activités.
Nous devons pour cela nous battre sur les marchés avec les mêmes armes que nos concurrents en termes d’action commerciale et de marketing. Il nous faut également être performants et productifs dans nos ateliers de production, et ce avec le turn-over inhérent à notre action d’insertion.
Comment vois-tu l'impact de votre travail sur la vie des personnes que vous aidez ?
Notre action consiste principalement à redonner confiance à des personnes que la vie n’a pas épargnée, et à lever les freins qui les empêchent d’accéder à un emploi durable.
Les profils accompagnés sont divers : personnes « cassées » physiquement suite à une première carrière dans un métier dit pénible, femmes revenant à l’emploi après une longue période d’arrêt pour élever leurs enfants, jeunes dont les difficultés familiales ne les ont pas préparés au marché de l’emploi, personnes souffrant d’addictions diverses, migrants ayant le droit de travail sur notre territoire mais ne maîtrisant pas la langue française.
D’abord, nous leur offrons un emploi au sein de nos activités, et au-delà ils y gagnent un salaire, et une utilité sociale dont ils ont grandement besoin. Puis nous accompagnons toutes ces personnes individuellement et leur proposons des actions adaptées à leurs besoins : aide pour trouver un logement, passage du permis de conduite, cours de langue française, stages en entreprise, formation, refonte de leur cv….
Comment gérez-vous les échecs dans ce travail, et comment restez-vous motivée malgré eux?
Déjà, nous sommes heureux de constater que ¾ des personnes accompagnées partent de chez nous pour ce que nous qualifions de « sortie positive » : ils ont trouvé un emploi ou s’engagent dans une formation.
Et puis, nous ne parlons jamais d’échec à proprement parler. Quel qu’en soit l’issue, le parcours en insertion aura permis à la personne d’avancer dans son cheminement personnel ou professionnel.
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On constate toujours un impact positif pour les salariés accompagnés en termes de confiance en soi, ou de stabilité de leur situation sociale. Nous avons pour coutume de dire que 100% des salariés voient leur situation évoluer grâce au parcours d’insertion.
Comment décrirais-tu votre approche pour aider les personnes à trouver un emploi ?
Nous n’aidons pas la personne à trouver un emploi, nous l’aidons à retrouver la confiance en elle et les outils pour qu’elle-même trouve un emploi.
Notre accompagnement se veut tourné vers une recherche d’autonomie, grâce à un accompagnement personnalisé et global : nous accompagnons chaque personne individuellement, avec des actions mises en place adaptées à ses besoins, mais œuvrons dans toutes les dimensions de sa vie (bien au-delà du professionnel, nous agissons sur le logement, la santé, la mobilité ou l’accès au numérique.
Comment mesures-tu le succès de votre travail ?
Le succès se mesure avant tout individuellement, à la transformation de la personne.
Dans sa posture professionnelle déjà : après de longues périodes de chômage, il arrive que la personne n’ait plus les « codes » de l’entreprise.
On va lui réapprendre ce qui pourrait paraître évident à tout un chacun : arriver à l’heure, prévenir en cas d’absence, parfois juste dire bonjour, ou parler de manière audible.
On voit son évolution à sa posture physique et à l’ouverture aux autres. Et de la confiance qu’elle retrouve en elle et en ses compétences, découle une motivation accrue pour se construire un avenir professionnel.
Les beaux parcours sont tellement nombreux qu’il est difficile de n’en citer que quelques-uns. Je pourrais évoquer cette mère de plusieurs enfants ayant passé le permis de conduire chez nous et mené à son terme une formation d’assistante commerciale, ou un jeune soudanais, ayant fui son pays car sa vie y était menacée, et qui a pu chez nous se reconstruire et reprendre en France une formation en informatique qu’il avait déjà entamée au Soudan.
Quel est le moment le plus émouvant que tu as vécu dans ce travail ?
Ils sont nombreux les parcours cabossés qui vous bouleversent au quotidien.
Je crois qu’on mesure difficilement la force et l’énergie qu’il faut pour se relever et avancer quand on a fui son pays en guerre, une situation familiale toxique, ou qu’un accident de la route vous a privé d’une partie de vos facultés mentales ou motrices.
Mais parmi les plus beaux moments que j’ai vécus aux Ateliers du Bocage, je préfère évoquer nos remises de diplôme Cléa. Nous organisons en effet des formations dites Cléa, qui permettent de valider des compétences de base pour des personnes qui n’avaient auparavant connu que les difficultés scolaires, et jamais décroché aucun diplôme. Il faut beaucoup de détermination à nos salariés pour « reprendre l’école », travailler les bases des mathématiques ou du français, ou préparer un petit exposé.
Mais quand ils arrivent au bout du parcours, et qu’ils reçoivent, devant leurs familles et leurs collègues réunis, le premier diplôme de leur vie, c’est un moment d’intense fierté et de joie pour eux comme pour nous.
Comment aidez-vous les personnes à développer leur confiance en eux ?
Nous croyons au potentiel de chacun avant même que la personne ne commence à croire en elle. Chaque personne accompagnée arrive avec des compétences dont elle n’a pas conscience. Notre rôle consiste à les lui révéler
Merci d'avoir pris le temps de lire cet article, j'espère sincèrement qu'il vous "parlera"- Jean Elie