Démographie et environnement : l'enseignement des abeilles
Face aux enjeux environnementaux (Climat, ressources, pollutions), la question de la démographie mondiale apparait enfin sans tabou. Alors que s'ouvre aujourd'hui la COP 23 à Bonn (Allemagne), les scientifiques désignent ce paramètre comme un enjeu essentiel pour maintenir la température de la planète à un niveau acceptable.
Malgré tous les efforts engagés, la puissante explosion démographique risque d'agir comme un raz-de-marée dans les prochaines décennies. Le cap de 9 ou 10 milliards d'humains sera probablement atteint d'ici le milieu du siècle. Les questions posées par Malthus sont-elles plus que jamais d'actualité ? Ou au contraire est-ce une imposture comme le commente le philosophe Pierre Rabhi dans une tribune parue ce matin. Au delà des polémiques, opinions divergentes, essayons d'observer les réponses de la nature.
Oublions quelques instants, notre jugement humain pour observer un monde miniature où cette problématique apparait depuis la nuit des temps. Nous avons sans doute des inspirations à trouver dans cette société animale douée d'intelligence et de sagesse.
Bienvenue dans le monde des abeilles.
Qu'elle soit sauvage ou entretenue par la main d'un apiculteur, la ruche prospère ou décline selon la juste régulation de sa démographie. Cette responsabilité relève de la "reine", génétiquement la mère de toute la colonie. Si elle ne pond pas suffisamment au bon moment, les ressources seront insuffisantes pour partir à la collecte des pollens tout en maintenant la sécurité de la colonie. Avant l'été, la reine veille donc à augmenter sensiblement sa population tout en veillant à ne pas dépasser un seuil critique. Une surpopulation pourrait générer du stress au sein de sa ruche. Ces tensions auraient rapidement tendance à créer un déséquilibre la menaçant d'effondrement. En plein été, et lorsque l'apiculteur crée suffisamment d'espace libre dans la ruche, la reine peut pondre jusqu'à deux mille fois par jour. La population d'une ruche standard peut alors atteindre 70 ou 80 mille abeilles. Jamais une reine ne continuera à pondre aveuglément si elle dépasse cette limite acceptable pour les ressources et le bon fonctionnement de sa ruche. Les abeilles savent déceler un danger environnemental. Quand de mauvaises conditions météo limitent la floraison et la quantité de pollens, la reine ajuste son rythme de ponte. Elle préserve sa ruche par un abaissement conscient de sa population pour affronter une contrainte présente ou future.
Avant l'entrée dans l'hiver, la reine cesse alors la ponte. La population régresse également à un juste niveau de plusieurs dizaines milliers d'abeille. Blotties les unes contre les autres, l'essaim passera l'hiver dans un rythme lent en attendant le printemps. En cas de grands froids, les individus situés à l'extérieur de l'essaim seront sans doute décimés, c'est la raison pour laquelle, même restreinte, la population hivernale d'une ruche doit rester suffisante pour que l'activité reprenne correctement à l'arrivée des beaux jours.
La reine de chaque ruche effectue donc une gestion prévisionnelle de ses ressources et veille à un équilibre permanent. A l'échelle de notre planète, l'Homme du XXIe siècle informé d'une situation environnementale précaire peut-il disposer d'une telle lucidité et créer des conditions favorables à son organisation pour vivre parmi 8 ou 10 milliards de sembables ?
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