Démythifions le Digital !
Ce qui me frappe le plus lors des formations que j’anime, et je forme plusieurs centaines de professionnels par an plus ou moins experts dans le numérique, c’est la persistance de mythes et d’incompréhensions sur le sujet dont je vous propose de faire le tour.
Le digital n’est pas du court terme
Le digital représente un changement majeur qui ne se réduit pas à un ensemble de nouvelles technologies. Il impacte et transforme notre société, notre économie, notre culture, nos métiers, le modèle économique, le management, la création, la production, nos loisirs, etc.
Le digital demande donc du temps pour être abordé, défini, intégré et déployé. Cela ne se fait pas d’un coup de baguette magique parce qu’on le décide, tel Mandrake surgissant des limbes. Le digital demande une approche à long terme, une stratégie. Pas de digitalisation sans transformation si vous ne voulez pas jeter l’argent par la fenêtre.
Il est bien entendu souhaitable de mettre en place des tactiques à court terme pour accélérer la notoriété de votre produit ou attirer des clients en point de vente grâce à une campagne de bannières en retargeting, un envoi d’e-mail, ou un jeu en ligne par exemple. Mais leur efficacité en sera d’autant plus grande que vous aurez optimisé le référencement naturel des pages importantes de votre site, bien construit votre écosystème de communication en ligne avec un site Web, peut-être un blog, une présence sur un ou plusieurs réseaux sociaux. Sans céder à leur notoriété mais parce que vos cibles s’y trouvent belle et bien.
Le digital coûte cher…souvent
Attention !!! L’accès gratuit à la majorité des contenus sur Internet ne signifie pas que leur mise en œuvre demande peu d’investissements. Soyons logique, qu’il s’agisse de développer un site Web, produire et diffuser une vidéo, concevoir une application, tout cela requiert de multiples expertises, souvent pointues, donc chères.
Le rapport au coût est bien souvent schizophrène et relève plus d’un mauvais arbitrage que de la volonté de réduire les coûts. Il n’en demeure pas moins vrai que de nombreuses entreprises veulent faire du buzz et pensent qu’une bonne vidéo peut faire des miracles à moindre coût pour émerger. Les internautes se chargeront du reste en la partageant auprès de leurs amis. Succès assuré ! Sauf que la réalité est toute autre, ne vous laissez pas impressionner par ce que disent certains titres de presse. Buzz de marque = investissement média. Autrement dit, pour une vidéo de marque qui fait le buzz sur YouTube et atteint 2 millions de vues en quelques jours comptez en fait un investissement variant entre 200 000 et 350 000 € en fonction du dispositif. Sans compter bien entendu sa production.
Je ne dis pas que sans budget rien n’est possible, loin s’en faut. Mais la gratuité n’existe pas sur Internet, pas sans contrepartie. Vous pouvez avoir un très bon site Web en responsive design facilement accessible depuis un mobile pour quelques centaines ou milliers d’euros. Mais ne vous attendez pas à avoir un site semblable à Fnac.com. Une application mobile pour iOS ou Androïd peut représenter un budget de quelques milliers d’euros et aller jusqu’à quelques centaines de milliers en fonction de la complexité, comme l’application mobile que la Ville de Nantes mettra bientôt à disposition de ses habitants. Soyez donc réaliste dans vos besoins afin de gérer un projet évolutif technologiquement et qui ne sera pas sous-dimensionné ou sur-dimensionné, ce qui entraîne nécessairement des surcoûts.
Le digital demande du temps
Toute personne amenée à gérer un projet digital sait combien le facteur temps est trop souvent négligé par le client. Il est de coutume de prévoir un dépassement de l’ordre de 20 à 30% du temps nécessaire à l’aboutissement d’un projet si l’on veut tenir les délais. L’erreur principale est de confondre la vitesse d’accès à un site Web avec celle de son développement. Ou de penser qu’une fois l’application mobile développée, il ne reste plus qu’à l’uploader dans l’App Store. Et hop, magie, l’appli est visible et téléchargeable. N’auriez-vous pas entendu parler des 3 semaines nécessaires à la validation ou le rejet par Apple sans qu’on ne puisse rien y faire sauf revoir sa copie ? Je vous conseille d’y penser avant d’avoir bouclé votre campagne de communication pour son lancement.