Désynchronisez-vous

Nous apprenons, grâce à Hélène Michel , Dominique Kreziak et Marielle Salvador qu'il existe une pratique appelée "désynchronisation du quotidien", qui consiste à agrémenter l'ordinaire en le désorganisant. Par exemple, le samedi levez-vous plutôt à 5h du matin pour rigoler ou au lieu de faire les courses le samedi matin, faîtes-les le vendredi soir et le samedi matin habillez vous comme pour un enterrement pour prendre un petit-déjeuner de fête, ou optez pour la chambre d'un de vos enfants pour l'apéro ou votre salle de bain pour appeler un proche en faisant résonner votre voix, faites faire les devoirs à vos enfants en écoutant Giant Steps à plein volume, faites du télétravail mais au travail...

Ce que j'aime dans cette pratique :

• le geste accessible qui ouvre petit un champ d'exploration.
• le quotidien qui reprend du relief.
• le changement de regard que cela provoque : "et si le frigo devenait mon étagère" .."et si .."
• le fait de le faire de manière collective : "que pourrions nous tester de nouveau dans le cadre familier de notre organisation".
• ré-interroger ainsi ce cadre, à l'image des élèves de l'école de Ricardo Semler, qui pendant un temps, enlevaient une ligne du règlement intérieur par semaine et discutaient à la fin de celle-ci pour savoir ce que ça avait changé et ce qu'il fallait faire de cette règle (la réinstaurer tout de suite, l'enlever, la changer).
• le fait de créer du désordre.
• cela me fait penser aux blagues de bureau qui consistent à déplacer un objet discrètement sur le bureau de votre collègue pour créer chez lui ou elle un léger tremblement lorsqu'il ou elle arrive le matin.

Ce que nous pourrions imaginer :

• dessiner le flux de nos journées de travail et y mettre un ingrédient mystère, ne serait-ce qu'un créneau vide pour décider au dernier moment de ce que vous voulez en faire
• lorsque nous concevons un atelier collaboratif, modifier les horaires, déjeuner en deux fois, léger, plutôt qu'en une fois. Donner une consigne pour une activité sans horaire de fin
• dans un lab d'innovation, créer des espaces dotés d'une certaine altération du réel, ou du moins du temps. Par exemple, vous pouvez décider que dans telle salle, le temps s'écoule plus vite, que dans telle autre il s'écoule plus lentement. Les usagers ou agents pourraient devoir laisser leurs moyens de connaître l'heure à l'entrée de la salle et s'en remettre à l'un ou l'une d'entre eux (ou à l'équipe du lab). J'avais essayé ça avec Augustin Luneau une fois et ça avait bien marché.
• vous pourriez diffuser une alarme stridente qui se transforme en une musique méditative pour créer des ruptures et amener les usagers reconsidérer leur problématique sous un jour nouveau.
• vous pourriez prendre la parole et leur parler de la température actuelle à Recife ou à Yokohama, ou en diffusant un entretien d'un agent d'accueil de l'URSSAF.

Quelles idées avez-vous pour désynchroniser votre quotidien professionnel et remonter votre niveau d'attention ?