Dans le monde arabe, quelle langue pour la diplomatie française ?

Dans le monde arabe, quelle langue pour la diplomatie française ?

Ceci est le texte d'une intervention prononcée lors d'une conférence organisée par la Fondation de l'Institut des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) et l'Association syndicale des agents d'Orient (ASAO) du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et qui a eu lieu le 9 octobre dernier et à laquelle j'ai participé aux côtés de Nada Yafi et d'Inès Ben Kraiem. Il s'agissait de répondre à la question ci-dessus.

Bonsoir à tous,

Je suis heureux de me trouver ici aux côtés de Nada Yafi et d’Inès Ben Kraiem, dans l’enceinte de l’INALCO, qui fut mon école (mais à mon époque on apprenait l’arabe à Asnières), celle où j’ai poursuivi des études d’arabe et de persan. Celle où mon père entreprit en 1945 les études de langues qui le conduisirent au Quai d’Orsay. Je remercie la Fondation INALCO et l’INALCO de nous accueillir et l’ASAO (Association syndicale des agents d'Orient du ministère des Affaires étrangères) d’avoir pris l’initiative de cette conférence. Merci à Philippe Advani, Président de la Fondation, à Delphine Allès, Vice-Présidente de l’INALCO et à Mathias Hoorelbeke, Directeur du département des études arabes à l’INALCO ! Merci à l’ASAO et en particulier à Karam Shahrour !

Nada Yafi a déjà bien débroussaillé le sujet et je souscris à sa présentation et à ses analyses. Je vais tâcher d’éviter les redites, mais il est évident que je devrai reprendre certains des thèmes abordés par Nada, dans le même esprit qu’elle.

 Dans le monde arabe, quelle langue pour la diplomatie française ?

 1.                  Mon rapport aux langues dites étrangères, mais je n’aime pas ce mot, ne procède pas d’une décision de ma part, d’une quelconque volonté ni d’un calcul. Il est d’abord le fruit d’une nécessité. J’ai été confronté dès ma plus jeune enfance à l’apprentissage de nouvelles langues.

 a.                  Arrivant aux Etats-Unis à l’âge de quatre ans, j’ai été inscrit par mes parents en classe de maternelle à l’école publique du quartier où nous habitions à Washington où mon père venait d’être nommé. Plongé dans un univers exclusivement anglophone, l’apprentissage de l’anglais s’est avéré une nécessité. A cet âge-là, on ne se pose pas trop de questions et on absorbe tout. Après un temps d’adaptation, je suis donc devenu un petit Américain et, à la maison, je parlais anglais avec mon frère.

 J’ai tiré quelques enseignements de cette première expérience scolaire et linguistique :

1. La différence m'est apparue dès ce jeune âge comme normale, c’était moi qui étais différent, si j’ose dire, et j'ai dû m'adapter.

2. L’autre a une raison de dire ce qu’il dit et il me faut le comprendre.

3. La langue n’est donc pas un obstacle mais un moyen de communiquer, de connaître et comprendre l'autre et aussi d’être admis et reconnu par les autres.

 Bien sûr, cela, je ne l’ai pas conceptualisé lorsque j’avais quatre ou cinq ans ! C’est en écrivant sur le sujet, pour répondre à la question « Pourquoi et comment avez-vous appris l’arabe ? », pour une conférence à l’Université Saint Joseph, alors que j’étais ambassadeur de France au Liban, que j’ai rassemblé mes souvenirs et mes idées et que je me suis rendu compte combien cette première expérience américaine avait forgé ma personnalité et mon rapport aux autres. L’écriture a cela de précieux et d’irremplaçable que l’on doit toujours terminer sa phrase et aller jusqu’au bout de l’idée. C’est presque une psychanalyse !

 b.                  Mon apprentissage de l’arabe m’a conforté dans cette vision.

 Je ne l’ai pas non plus appris par choix mais parce que son enseignement était obligatoire à la Petite école française de la mission laïque à Tripoli d’Afrique où je suis arrivé en classe de sixième en 1967. Et j’avais un répétiteur vigilant à la maison, mon père. Comme l’anglais, l’arabe m’est apparu comme un nouveau moyen de comprendre et de me faire comprendre : une corde de plus à mon arc, alors que mes parents avaient choisi de me faire apprendre par ailleurs l’allemand et le russe comme LV1 et LV2.

 Je voudrais revenir, au-delà de la dimension purement linguistique, sur un aspect, à mes yeux essentiel, de nos vies d’enfants : l’exposition à la différence, l’acceptation de la différence comme quelque chose de normal, la rencontre avec d’autres cultures : l’apprentissage de la tolérance. Au cours des trois années à Rabat, puis trois autres en Libye, l’islam était entré dans ma vie comme un élément de ma vie quotidienne, à travers mes amis de classe, le ramadan ou encore l’appel à la prière du muezzin.

 c.                  Vers le métier de diplomate

 Dès la classe de de CM1, répondant à la question « Quel métier aimeriez-vous exercer plus tard ? », j’avais répondu que je voulais devenir diplomate.  Et pour accomplir ce projet, je me suis dirigé naturellement, après le baccalauréat, vers l’INALCO et l’IEP, objectif le concours d’Orient, avec l’arabe littéral et le persan, comme mon père.

 2.                  Langues et diplomatie

 La diplomatie est l’antithèse de la recherche de solutions par la force. Le métier de diplomate est avant tout, dans mon esprit, la recherche de la communication avec l’autre, afin de mieux le connaître et le comprendre, afin de diminuer, voire éliminer les raisons d’affrontement. N’est-ce pas dans l’ignorance ou la méconnaissance de l’autre voire, plus grave encore, dans sa négation ou celle de ses droits ou de sa façon, souvent différente de la nôtre, de voir le monde que naissent bien des conflits ? Et il est important de parler aux gens avec qui nous ne sommes pas d’accord, principe négligé ou oublié de certains diplomates et politiques.

 C’est pour être, à mon modeste niveau, un bâtisseur de ponts entre individus différents par la langue, l’histoire et la culture, que j’ai choisi la voie de la diplomatie. La connaissance de la langue et de la culture de l’autre est un élément essentiel à cette fin. On négocie mieux en connaissant la façon de raisonner et de penser de son interlocuteur et en sachant accepter ses arguments sans y souscrire ou céder.  Je l’ai expérimenté de différentes manières dans ma vie personnelle et professionnelle :

 Le dialogue sans médiateur est un plus indéniable. Le fait de parler la langue de l’autre, marque de respect et de reconnaissance de son interlocuteur, permet un échange direct et abaisse une barrière. Il crée une connivence. Lorsque j’ai pris mes fonctions d’ambassadeur au Koweït, 25 ans après mon père, je fis la tournée des responsables et l’un d’entre eux me raconta son ébahissement lorsqu’il apprit que le mot manuscrit qu’il venait de recevoir alors qu’il présidait une réunion était de la main de l’ambassadeur de France, mon père. Il s’en souvenait encore 25 ans plus tard…

 Bien entendu, on peut utiliser une langue tierce ou recourir à un interprète – et Dieu sait le respect que j’ai pour les interprètes. A cet égard, je voudrais signaler que mon père fut, à sa manière, l’un des prédécesseurs de Nada Yafi et de Yolla Abou Haidar au Quai d’Orsay, à une époque où il n’y avait pas d’interprète du ministère et où l’on avait donc recours aux professeurs de l’INALCO ou à des diplomates du ministère des Affaires étrangères pour les entretiens du Président de la République. Mon père fut notamment interprète lors d’un entretien entre Georges Pompidou et le Colonel Kadhafi.

 Mais rien ne remplace la relation directe, même si mon exemple montre l’utilité d’avoir des linguistes au Quai d’Orsay. J’ai du reste, comme d’autres collègues, été appelé à assurer au pied levé l’interprétation dans diverses circonstances, notamment pour des parlementaires français reçus par leurs homologues qui ne parlaient que l’arabe, et alors qu’aucune interprétation n’avait été prévue. Cela m’a permis de nouer des relations de confiance avec ces parlementaires que j’ai pu développer par la suite.

 Autre exemple, l’arabe était ma langue de travail avec mon collègue chinois lorsque j’étais en poste à Amman, car Pékin envoyait au Proche Orient des arabisants sans se préoccuper de savoir s’ils parlaient aussi l’anglais ou le français.

 Je pourrais citer d’innombrables exemples, notamment celui des débats impromptus dans les diwaniyas au Koweït, où tout se faisait en arabe (exemple de l’après-11 septembre).

 Deuxième domaine : la presse et les moyens d’information. Le fait de pouvoir lire la presse, suivre un programme de télévision, etc. est un plus indéniable. J’enfonce des portes ouvertes. Mais surtout, la capacité à prendre la parole dans la langue du pays à la radio ou à la télévision, maintenant dans les réseaux sociaux, est un atout majeur : on peut ainsi toucher directement l’auditeur, le téléspectateur ou l’internaute. J’en parle en connaissance de cause, non seulement en raison de mon expérience dans ce domaine en poste, mais aussi pour avoir assuré les fonctions de porte-parole en arabe, d’abord de façon officieuse, lorsque j’étais directeur d’Afrique du Nord et du Moyen Orient, puis officielle, en tant que chargé de la communication en langue arabe du Quai d’Orsay pendant l’année 2023. Le besoin d’intervenants en arabe sur les médias arabophones étrangers mais aussi français (F24, Monte Carlo Doualiya) est établi. Malheureusement, malgré ce constat, je n’ai toujours pas de successeur depuis mon départ à la retraite. C’est un peu désespérant. Et ce qui vaut pour l’arabe vaut pour d’autres langues, bien entendu.

 Oui, mais quel arabe ? Arabe classique ou dialectal ? Il faut savoir utiliser les deux, mais en prenant en compte le fait que l’arabe écrit connaît un essor sans précédent grâce aux réseaux sociaux.

 Eviter les angles morts

On ne doit surtout pas vivre dans l’illusion que le français et l’anglais suffisent. Je prendrai l’exemple de l’Algérie où notre ambassade, à certaines époques, ne disposait pas d’arabisants et vivait dans l’idée que le français suffisait pour lire El Moudjahid et pour les entretiens. Mais c’était oublier la régression de la connaissance du français dans la société algérienne et méconnaître la réalité de la société algérienne, en n’entendant pas les débats et en ignorant les publications en arabe, notamment dans les universités où s’exprimaient les aspirations de la jeunesse. Il est essentiel de pouvoir prendre le pouls d’une société, mais aussi de pouvoir réagir le cas échéant à la désinformation. La connaissance de la langue est donc indispensable. On voit dans le contexte actuel et, de façon plus large, depuis l’agression russe contre l’Ukraine, s’élargir le fossé entre nous, l’Occident et l’Orient arabe.

Même au Liban, où on peut faire beaucoup en français et en anglais, l’arabe est aussi important pour ne pas être prisonnier, si j’ose dire, des mêmes interlocuteurs et méconnaître toute une réalité de la société libanaise (exemple du Hezbollah, relation de respect, ne pas confondre le message et le messager).

 Il y a donc pour moi une relation intime entre langue et diplomatie.

 Langue et civilisation

Mais la seule connaissance de la langue ne suffit pas et je vous renvoie à l’intitulé de cette conférence, qui évoque, au-delà des langues, l’expertise et la longue tradition française de l’orientalisme. C’est bien cela qui est important : la connaissance de l’autre dépasse la dimension linguistique. Connaissance d’une culture, d’une civilisation, d’une histoire, ce qui fait de ce diplomate polyglotte un expert, titre pas toujours bien porté.

 Mes années à la tête de la direction d’Afrique du Nord et du Moyen Orient ont été marquées par le printemps arabe. La révolution en Tunisie, puis en Egypte, ouvrait des espoirs et des perspectives nouveaux et nous devions nous adapter à un monde en bouleversement. Ce fut un moment d’effervescence et un retour en grâce de l’expertise, l’un des cœurs de notre métier. Les diplomates et les experts n’étaient pas en cour à cette époque et on leur reprochait maintenant de n’avoir pas vu venir ce que personne ne pouvait voir venir, les conséquences de l’immolation d’un marchand ambulant dans le sud de la Tunisie. Dès sa prise de fonctions, Alain Juppé a réhabilité les diplomates, reconnu leur savoir-faire, fait confiance à ses équipes, dont la direction dont j’avais la charge, pour décrypter les bouleversements en cours et proposer des réponses. Je ne suis pas sûr que l’expertise soit mieux portée de nos jours alors que notre ministère est un réservoir remarquable de talents et de fins connaisseurs des réalités du monde.  Aux politiques de savoir les utiliser de façon intelligente et judicieuse.

 3.                  Mais pour quelle politique ?

 Car les experts ne valent ou leur connaissance ne vaut que par l’usage qui est fait de leur expertise par les politiques et la langue n’est pas une fin en soi : pour quel message ? Pour quelle politique ?

 On en peut pas tout résoudre par la seule faculté de communiquer avec nos interlocuteurs dans leur langue et si la connaissance des langues et des civilisations suffisait à régler les problèmes du monde, cela se saurait. Il faut donc savoir où placer le curseur.

 A partir d’une même analyse de la situation et une même connaissance du terrain, des conclusions politiques diamétralement opposées peuvent être tirées. Il y a donc un choix politique au départ.

Et pouvoir dire les choses ne signifie pas que l’on sait les dire. Il faut aussi savoir comment dire les choses. On peut être un mauvais communicant en parlant très bien l’arabe.

 Enfin, on ne peut pas avoir que des spécialistes et des linguistes. La richesse de notre ministère et de notre diplomatie est précisément la diversité des profils et des compétences, des généralistes aux spécialistes de civilisations et de langues et aux spécialistes de questions transversales, économiques, environnementales, militaires, etc. Il faut donc trouver un bon équilibre dans l’utilisation des compétences et des domaines d’expertise. La préservation de la filière Orient au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères est une nécessité et le maintien du recrutement par le concours d’Orient pour les administrateurs de l’Etat est une sage décision.

 4.                  Francophonie et diversité linguistique

 Et le français dans tout ça ? Être exigeant mais pas intransigeant.

Je suis un défenseur infatigable de notre langue mais je crois que la meilleure faire façon de la faire est de défendre toutes les langues, de défendre de façon résolue le pluralisme linguistique.  Lorsque j'étais en poste à New York, à notre mission permanente auprès des Nations Unies, la France présentait chaque année à l'Assemblée générale une résolution sur la diversité linguistique. Cette résolution était présentée de façon ironique par nos collègues anglo-saxons comme la "résolution française", qu'ils réduisaient à un combat d'arrière-garde pour défendre notre langue et elle seule. Pourtant notre combat était bien plus vaste. Il s’agissait de défendre le pluralisme linguistique, le droit pour chacun à son identité culturelle, à l’expression dans sa langue maternelle. La francophonie est une terre ouverte, pas un château fort. Les langues sont une école de tolérance. C'est cela qui doit être au cœur de notre défense de la francophonie. Malheureusement, nos collègues, hispanophones ou arabophones notamment, étaient souvent peu combatifs pour défendre cette diversité linguistique en défendant leur propre langue.

A contrario, dans les réunions européennes, nous étions instruits de ne parler qu'en français, ce qui réduisait parfois considérablement la portée de nos messages car, avec les élargissements successifs de l’Union européenne,  un nombre croissant de nos collègues ne comprenait pas le français. Parler seulement français conduisait à laisser le dernier mot à nos autres collègues. Il faut faire preuve de discernement. Lorsque j’ai assuré la présidence des réunion européennes, lorsque j’étais ambassadeur au Koweït ou à Abou Dabi, j’ai été conduit à opter parfois pour l’anglais afin d’assurer que mon message était bien compris de tous.

 Je reviens sur mon expérience libanaise. Le Liban est un des hauts lieux de la francophonie, avec plusieurs dizaines de milliers d’élèves dans les écoles suivant les programmes d’enseignement français. Les Libanais ont un énorme atout, le plurilinguisme, avec l’arabe, certes, mais aussi le français et l’anglais. Nous devons prendre pleinement en compte cette réalité. Pourquoi priver les jeunes Libanais d’atouts en les obligeant à un choix qui n’est pas nécessaire ? Bien sûr, je fais tout pour promouvoir le français et faire en sorte qu’il soit enseigné le mieux possible, de la façon la plus utile pour tous les Libanais qui se tournent vers nous et notre langue. Et il est vrai aussi que le français est la langue de bien des Libanais, et ce n’est pas seulement une langue, c’est aussi une autre façon de penser. Mais je pratiquais régulièrement, comme je l’ai dit, l’arabe, notamment dans les médias, mais aussi l’anglais, lui aussi nécessaire (exemple des interviews en anglais, au Daily Star).

 Nos interlocuteurs sont, je crois, heureux de constater que nous nous intéressons à leur culture, à ce qu’ils sont. C’est la meilleure façon de partager, un acte de foi et de reconnaissance de l’autre. A cet égard, je voudrais dire un mot des autres langues de la zone ANMO : l’hébreu et le persan. Nous devons certes mettre l’accent sur l’arabe, mais ne pas oublier la nécessité de pouvoir disposer aussi de bon hébraïsants et persanophones et, de bons connaisseurs des sociétés israélienne et iranienne.

 Conclusion

 Il faut maintenir et défendre le concours d’Orient. Mais je ne suis pas sectaire : il faut de tout pour faire une bonne équipe et une bonne diplomatie. Il faut maintenir la diversité des profils et des recrutements en gardant une filière orientaliste, car le corps d’Orient est un atout et une ressource précieuse pour notre diplomatie.

 Il faut donc faire connaître la carrière, sa richesse et l’utilité des langues, ce qui nous amène à la question de l’enseignement de la langue arabe en France, dont Nada Yafi a si bien parlé. La langue arabe souffre d’un déficit d’image, elle est dévalorisée parce que « politisée » à l’extrême (cf. Nada Yafi et son livre « Plaidoyer pour la langue arabe ») : il convient de lui rendre sa dignité.

 Ne pas oublier l’hébreu et le persan, ni les dialectes.

 La connaissance des civilisations et de l’histoire et l’apprentissage des langues vivantes sont aujourd’hui plus que jamais une nécessité, dans un contexte où le débat est contraint et très polarisé : alors que les incompréhensions, voire les haines, nourries par l’ignorance de l’autre, montent de toutes parts, autour de la Méditerranée, dans tout cet Orient si simple et si compliqué, il nous faut ouvrir grands nos esprits et nos oreilles et dépasser la peur de l’autre, essayer de se comprendre et se parler.

Je vous remercie.

 

Rita Haddad

Traductrice professionnelle {ang > ar | fr < > ar}

1 j.

Un grand merci pour cette analyse qui soulève des aspects aussi bien différents que complémentaires. Dans le contexte que vous évoquez, le rôle d'un interprète professionnel paraît toujours aussi crucial qu'indispensable. Apprendre la langue du pays ne suffit pas pour permettre une vraie rencontre notamment au niveau diplomatique. L'interprète assume bien plus qu'un rôle strictement linguistique. Ses capacités communicatives, sociolinguistiques et de médiation lui permettent d'aller au-delà des mots pour lever toute éventuelle ambiguïté, maintenir chacune des parties dans une zone de confort communicationnelle et leur permettre de se comporter le plus naturellement possible ; et donc de se focaliser sur leur message. La maîtrise des langues n'assume pas cette part de médiation, mais constitue simplement un écho linguistique qui pourrait contribuer à rendre encore plus évident ce qui sépare les différents interlocuteurs en présence, plutôt que de permettre la rencontre. Je serais ravie de savoir si vous aviez évoqué ce point par ailleurs lors de la conférence. Merci encore d'avoir pensé à soulever cette thématique.

Un grand merci pour votre intervention éclairante lors de cette conférence, et pour ces réflexions partagées ici. La Fondation Inalco est honorée d'avoir organisé cet événement en collaboration avec l'ASAO, mettant en lumière un sujet aussi crucial que celui de la diplomatie linguistique dans le monde arabe. Nous espérons continuer à promouvoir ces échanges !

ahmed slimani

retraité cadre supérieur chez FPH

2 sem.

D'autre part, exposer la culture des deux bords c'est accepter de part la mise en évidence  de la richesse de l'autre la frustration justement de l'autre par une  forme de frustration , d'un monde perdu, ... d'ailleurs les biens culturels font l'objet d'enjeux justifiés . S'il s'agit d'exposer la culture contemporaine, c'est accepter de s'engager dans une démarche de valorisation de la richesse de l'autre, ce qui est assez rare de notre part car nous trouvons une certaine jouissance à exposer nos artistes meilleurs parmi tous.... Là où les religions sont aussi une langue pivot pour les communautés, nous sommes pris en otage par les tensions violentes intra communautaire.  Il reste me semble t'il la langue de l'apaisement et de la réparation qui nécessite du temps, le temps du deuil, mais là nos  politiques font durer le plaisir du marchandage.  

Bravo Patrice ! Sans être arabisant mais sur la base d‘une longue expérience diplomatique (qui nous a permis de nous rencontrer et de nous apprécier), je souscris sans réserve à ton analyse.

Sophie Makariou

Femme de Culture. Directrice scientifique Culture et Patrimoine chez Agence française pour le développement d'AlUla - AFALULA. Femme de Culture

2 sem.

Quelle langue pour la diplomatie français ? Le français, non ?

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