Demandez le programme !

Un peu de patience. Le premier ministre sait ce qu’il doit faire. Il va nous le dire avec sa clarté habituelle. C’est très simple. Composer un gouvernement resserré avec un grand nombre de personnalités diverses. Établir un budget qui satisfasse toutes les revendications sans aggraver le déficit. Relancer le Plan dans la foulée de ce qu’il a déjà réussi à faire. Renforcer le contrôle de l’immigration sans s’attirer les foudres de la gauche. Améliorer les rentrées fiscales sans que les contribuables ne réagissent. Lancer une grande conférence sociale sans que les patrons aient à payer l’addition. Lancer la proportionnelle sans aggraver la fragmentation du Parlement. Annuler la réforme des retraites sans alerter les agences de notation. Remettre de l’ordre dans la fonction publique sans toucher aux fonctionnaires. Protéger l’industrie française sans tomber dans le protectionnisme. Lancer un grand programme de transition énergétique à Pau. Poursuivre la construction européenne sans se coucher devant Bruxelles. Avaler l’accord du Mercosur sans mettre les tracteurs dans les rues de Paris. Faire oublier la loi sur la fin de vie pour éviter de faire de la peine au Pape. Réformer l’éducation nationale comme il a su le faire avec courage il y a quelques années. Sans oublier d’interdire les cyclones à Mayotte. 

Soyons sérieux. François Bayrou sera de loin le meilleur au poste de premier ministre. Réfléchissez.

Le projet de budget de l’an prochain ayant été censuré on s’achemine vers la reconduction pure et simple du budget de l’année en cours. Contrairement à ce que j’entends ici et là c’est une excellente chose pour nos finances publiques. Pas une dépense nouvelle et des recettes fiscales qui augmenteront naturellement du fait de l’inflation. Il suffirait de procéder ainsi pendant, disons, deux ou trois années, pour que notre problème de dette publique soit réglé. Génial non ? Ajoutez à cela que la promesse de ne plus utiliser l’article 49,3 et de pas dissoudre avant 2027 interdira toute réforme un peu coûteuse, voire absolument toute réforme. Bien sûr cela suppose un gouvernement qui ne fasse rien, absolument rien, pendant un bon moment. Compte tenu du succès éclatant des réformes engagées récemment en France un gouvernement complètement immobile ne pourrait que rassurer les marchés et les agences de notation… et donc éviter une hausse des taux d’intérêt.

Dans un tel contexte François Bayrou à Matignon sera parfait, non ? Qui mieux que lui pour ne rien faire ?

B. ATTALI