DEVENIR PLUS FORT DANS LES MOMENTS DE DOUTE
La semaine passée a été une semaine difficile. Nous connaissons tous des semaines plus difficiles, parfois car nous manquons de travail, parfois car nous manquons de temps pour accomplir tout notre travail. Étrangement, parfois c’est à cause du doute, de l’insécurité, de notre humeur, de l’angoisse ou du stress ou encore de nos émotions du moment.
La semaine passée a été un amalgame d’un peu de tout. Je ne pourrais pas me plaindre de dire que c’était par manque de travail, bien au contraire. Le tout a justement débuté du fait que tout entrait simultanément par tous les modes de communication qui peuvent exister : Skype, appels téléphoniques, messagerie texte, messagerie Facebook, courriels… le résultat a été un instant de panique et d’angoisse.
J’aurais dû faire la danse de la joie devant tout ce travail qui se confirmait. Devant cette affluence pour mes services qui venait concrétiser mes efforts et confirmer que ma persévérance avait eu raison. Mais non, bien au contraire ! Au lieu de voir de la belle lumière, des paillettes et avoir une fanfare qui se faisait un festival dans ma tête, j’ai senti ce froid m’envahir, et le syndrome de l’imposteur qui venait s’inviter bien tranquillement et jeter de l’ombre sur le tableau.
Pour ne pas aider, le tout a été suivi de plusieurs petits accrochages de part et d’autre de ma vie tant personnelle que professionnelle. Petit incident avec mon nouveau camion tout neuf résultant dans une facture bien salée, blessure au dos dans un mouvement bien banal qui m’a laissée alitée près de deux jours, orage résultant à des pannes de courant du quartier — difficile de travailler sans électricité ou internet de nos jours, un nouvel appareil orthodontique pour mon ti-homme… et des petits trucs de part et d’autre, pourtant en fait bien banal, mais qui dans une telle semaine semblaient devenir une réelle montagne.
En bonne disciple de la pensée il y a deux côtés à une médaille, et de nature positive, j’essayais de me raisonner en me disant (avec raison en plus), que tout ceci n’était en fait rien de grave, de la tôle, un peu de retard, et qu’il y avait vraiment pire dans le monde. Et je ne suis pas sotte, je le sais très bien.
Mais quand un acteur non invité à la représentation se glisse dans le scénario, tel que le syndrome de l’imposteur, la belle aura de la raison est vite assombrie par ce dernier et, parfois, elle perd tout simplement le match.
Oui, je le veux…
Je me suis tourné vers la personne qui me rend souvent plus confiante, plus forte… mon mari. Oui, je sais ! Faites jouer les violons, c’est hyper stéréotype. Mais mon mari est un pilier important pour moi dans ma vie. Très indépendante de nature, je sais par contre qu’il est là, qu’il croit en moi et qu’il m’a toujours soutenu dans mes décisions et mes choix. Il m’a donné le meilleur conseil du moment… pourtant à cet instant je l’ai plutôt envoyé paître.
Mais, j’étais en mode panique et je ne pouvais pas me le permettre. J’ai appliqué son conseil. J’ai tout fermé. Cellulaire. Ordinateur. Tablette. Portable… nommez-le je l’ai fermé. J’ai pris mes verres fumés, ma lecture du moment, « Excessif » de Maxim Martin et je suis sortie sur notre terrasse pour lire environ une heure de temps.
Au début rien à faire, je n’arrêtais pas de me dire que ce n’était pas en me faisant dorer le bout du nez dehors que j’allais réussir à répondre à ce flot de demandes. Et bien entendu mes pensées ont tourné vers le doute, le questionnement… J’étais qui moi pour arriver dans le monde des entrepreneurs à l’âge de 40 ans (bon aujourd’hui 41, mais au moment de me lancer je venais de souffler mes 40 bougies) ? Qu’est-ce que je faisais ici ? J’étais qui pour croire que j’y avais ma place ? Que j’avais quelque chose à donner ? À offrir de plus que celles et ceux qui se trouvaient déjà dans ce monde bien avant que j’y pense ? Moi, qui avais toujours fait mon petit 8 à 5 dans un bureau avec tous les beaux bénéfices habituels.
À ceci venaient toutes les autres peurs et angoisses, que le syndrome de l’imposteur tenait par la main pour les guider et leur donner encore plus de force et de pouvoir sur moi. Est-ce que j’ai les capacités vraiment pour survivre ici ? Je ne devrais pas plutôt retourner aux petites annonces classées pour me trouver un emploi stable ? Combien de sacrifices encore je vais devoir imposer à ma famille parce que j’ai décidé que je voulais vivre de ma passion ? Combien encore de fois j’allais dire non à un de mes enfants pour acheter un nouveau jeu, car je ne savais pas quand le paiement du projet se ferait ?
« Je suis qui moi ? »
Tout revenait aussi simplement que ça à la question : Je suis qui moi ? Je suis qui pour penser que je mérite d’être ici ? Je suis qui moi pour venir essayer de prendre ma place alors que d’autres y sont déjà depuis plus longtemps que moi ? Je suis qui moi pour espérer réussir quand j’ai déjà passé les 40 printemps ? Je suis qui moi pour dire que je suis la meilleure personne avec qui travailler ?
J’ai pris un grand respire, car je sentais l’angoisse m’envahir, je savais bien que je devais prendre ce recul que mon mari m’avait bien dit de prendre. Mais en même temps je me disais que c’était du temps que je ne passais pas sur le travail et sur les projets à les faire avancer et progresser… j’avais déjà perdu tellement de temps alité en douleur, à courir pour les rendez-vous d’orthodontie, de mécanicien et ainsi de suite.
J’ai pourtant écouté le conseil. J’ai ouvert le livre et commencé finalement à lire. J’ai vite embarqué dans cette écriture simple, mais au combien intelligente et émotive. Je ne veux pas en faire un éloge, mais c’est un livre magnifique, sans compter qu’en page 65… quel drôle d’hasard. Maxime Martin nous écrit au sujet de son syndrome de l’imposteur ! J’ai un coup de cœur pour ce paragraphe. J’aurais envie de le surligner en jaune pour le retrouver facilement une prochaine fois… mais je déteste barbouiller dans un livre (mon opinion personnelle, c’est sacrilège de faire des gribouillis dans une œuvre littéraire, quelle qu’elle soit).
Puis, le lendemain… j’ai ma session de coaching. Deuxième drôle d’hasard, nous en sommes au chapitre du syndrome de l’imposteur. Nous en discutons, on met des outils en place et des exercices pour m’aider à affronter ces moments, qui en plus j’apprends seront de retour. Souvent. Régulièrement. Le syndrome de l’imposteur est tenace et aussi persévérant que nous-mêmes nous devons l’être.
J’ai donc droit à mes doutes, à mes angoisses, à mes moments de panique et de stress. Mais, je ne peux pas me permettre de laisser le syndrome de l’imposteur s’installer de façon permanente. Je dois me rappeler alors de prendre ce moment de recul, de prendre un grand respire et de regarder d’un autre œil la situation, me rappeler mes sources, ma passion, mes valeurs et ma raison.
À chaque nouvel acte auquel le syndrome de l’imposteur s’invitera je devrai faire preuve de plus de persévérance, de m’assurer de reculer pour mieux y voir. Et je n’en serai que plus forte et plus déterminée à réussir et lui prouver que j’ai ma place. Qui je suis moi ? Je suis moi !